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dimanche 27 novembre 2016

CHANSON DOUCE - Leila Slimani


Vous êtes un jeune couple avec enfant(s). Vous souhaitez prendre une nounou. Ne lisez pas ce livre !
Vous êtes un jeune couple avec enfant(s) et vous avez déjà une nounou. Engagez une seconde nounou pour surveiller la première !
Vous êtes une nounou et souhaitez vous faire engager chez un jeune couple chez qui vous voyez ce livre. Faites gaffe !

Extraits de la chronique littéraire de Gérard Collard sur Griffenoiretv.


« Le bébé est mort. » Chanson douce commence d’emblée avec une claque, dès la première page.
Le début est infernal : un bain de sang dans lequel on retrouve le corps de deux enfants et d’une femme qui semble s’être suicidée après avoir commis l’impensable, et le cri, celui de la mère, telle une bête à l’agonie, un cri qui n’en finit pas.
Après l’annonce dramatique, Leila Slimani va développer la genèse de cette atrocité. Un jeune couple de trentenaires parisiens. Ils viennent d’avoir leur deuxième enfant. Lui est ingénieur du son dans un studio d’enregistrement et ses talents commencent à être reconnus dans le milieu. Elle est avocate et commence à en avoir marre des siestes et des sorties au parc. Elle rencontre un vieil ami d’université qui lui offre un poste dans son cabinet d’avocat. Ils se mettent donc à la recherche d’une nounou.
Louise est parfaite. Elle devient d’emblée la chouchou des enfants. Elle range l’appartement, prépare le souper, …  La nounou idéale en quelque sorte !
Mais nous, lecteurs, connaissons le fin mot de l’histoire. Petit à petit nous voyons se profiler  des tensions malsaines.
Le brio et la finesse de la construction narrative sont les réelles surprises de ce roman, bourré de suspense et d’émotions.
L’analyse psychologique des personnages est annonciatrice du drame qui se prépare.

Un roman habile, inquiétant. 


Si vous saviez ! C’est le mal du siècle. Tous ces pauvres enfants sont livrés à eux-mêmes, pendant que les deux parents sont dévorés par la même ambition. C’est simple, ils courent tout le temps. Vous savez quelle est la phrase que les parents disent le plus souvent à leurs enfants ? « Dépêche-toi ! » Et bien sûr, c’est nous qui subissons tout. Les petits nous font payer leurs angoisses et leur sentiment d’abandon.

Dans son petit carnet à la couverture fleurie, elle a noté le terme qu’avait utilisé un médecin de l’hôpital Henri-Mondor. « Mélancolie délirante ». Louise avait trouvé ça beau et dans sa tristesse s’était subitement introduite une touche de poésie, une évasion.

Une haine monte en elle. Une haine qui vient contrarier ses élans serviles et son optimisme enfantin. Une haine qui brouille tout. Elle est absorbée dans un rêve triste et confus. Hantée par l’impression d’avoir trop vu, trop entendu de l’intimité des autres, de l’intimité à laquelle elle n’a jamais eu droit. Elle n’a jamais eu de chambre à elle.

Chanson douce - Leila Slimani
Gallimard 2016
Prix Goncourt 2016 


mardi 22 novembre 2016

MEURTRE AU PONT DU DIABLE - Jean-Baptiste Bester

Quand le corps désarticulé d’Agnès Ladoucette est retrouvé au pied du pont d’Asfeld dans le lit de la Durance, cinquante-cinq mètres plus bas, la population briançonnaise est consternée. Médecin installée en ville depuis vingt ans, la victime était connue pour sa gentillesse et son dévouement. Accident ? Suicide ? La stupeur est à son comble quand le commissaire Pierre Chancel annonce que les premiers éléments de l’enquête évoquent la piste d’un crime.
Agnès était une amie intime de Chancel, qui désespère d’arrêter un jour le coupable : rien, dans la vie de cette femme exemplaire, ne donne prise à l’enquête. Jusqu’au jour où le commissaire, fouillant dans les tréfonds de sa mémoire, découvre un élément crucial qui lui permet de reprendre espoir…


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La collection France de toujours et d'aujourd'hui aux Editions Calmann-Levy réunit des auteurs qui partagent le goût des romans enracinés dans nos terroirs.
Il s'agit cette fois d'une intrigue policière dont l'action se situe à Briançon, dans le Dauphiné.
Le commissaire Pierre Chancel, un homme plutôt méfiant et tatillon, a bien du mal à faire progresser son enquête.Est-ce dû au lien qui unissait celui-ci à la victime, affectant ce dernier et faussant ainsi ses facultés de déduction ? Et la collaboration avec une journaliste du Dauphiné, imposée par le Préfet, ne semble pas non plus apporter une avancée déterminante. 

Jean-Baptiste Bester nous livre une intrigue digne des meilleurs auteurs d'enquêtes policières. 
La description de l'environnement (Briançon, le pont d'Asfeld, la cité Vauban, ...) nous plonge d'autant plus facilement dans l'histoire et suscite même l'envie d'y passer un séjour.
On a droit aussi à une initiation théorique au zazen, la posture de méditation assise de la pratique du bouddhisme zen, dont la commissaire Chancel est un adepte. Pratiqué quotidiennement, il est très efficace pour l'élargissement de la conscience et le développement de l'intuition.
Je regrette juste un manque de profondeur dans l'aspect psychologique des personnages principaux, diminuant ainsi l'empathie à leur égard.
C'en est pas moins un polar agréable, avec des chapitres courts, une écriture fluide, une lecture facile et captivante.


Meurtre au pont du diable - Jean-Baptiste Bester
Editions Calmann-Lévy - octobre 2016
Collection France de toujours et d'aujourd'hui.

vendredi 18 novembre 2016

SURTENSIONS - Olivier Norek

Cette sœur acceptera-t-elle le marché risqué qu'on lui propose pour faire évader son frère de la prison la plus dangereuse de France ? De quoi ce père sera-t-il capable pour sauver sa famille des quatre prédateurs qui ont fait irruption dans sa maison et qui comptent y rester ? Comment cinq criminels  un pédophile, un assassin, un ancien légionnaire serbe, un kidnappeur et un braqueur  se retrouvent-ils dans une même histoire et pourquoi Coste fonce-t-il dans ce nid de vipères, mettant en danger ceux qui comptent le plus pour lui ? 
Des âmes perdues, des meurtres par amour, des flics en anges déchus : la rédemption passe parfois par la vengeance... 
Olivier Norek pousse ses personnages jusqu'à leur point de rupture. Et lorsqu'on menace un membre de son équipe, Coste embrasse ses démons.


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Pour la troisième fois, je me plonge avec plaisir dans l’univers d’Olivier Norek, de ses personnages tellement attachants qu’ils en deviennent empathiques, Victor Coste, un commissaire du SDPJ93, flic à taille humaine, bien dans sa peau, et ses collaborateurs, Sam, Ronan, Johanna.
Ce troisième opus est le plus abouti en matière d’intrigue, un roman noir avec une touche moins sociale que les précédents, mais toujours empreint de réalisme.  
Il y a d’abord une famille corse qui trempe dans des affaires pas claires. Une sœur surtout, spécialiste des braquages. Son petit frère veut y aller aussi. Elle hésite, puis dit oui. Et bien sûr, il se fait prendre. Direction la case prison. Elle va vouloir le faire évader. Mais pour y parvenir, elle va devoir accepter un marché plus que risqué. Il y a aussi une famille de banlieusards tout ce qu’il y a de plus classique. Le père travaille au tribunal. Et il va devoir, lui aussi, se laisser embarquer dans un deal pas net pour sauver les siens. Il y a cinq criminels, un pédophile, un braqueur, un kidnappeur, un assassin et un ex-légionnaire serbe. Cinq destins qui vont se trouver liés malgré eux.
Braquages. Meurtres. Enlèvements. On passe d’une histoire à l’autre au risque d’être déstabilisé, mais on comprend que chaque histoire est à tiroir et s’imbrique l’une avec l’autre.
Le style de Norek fait mouche : une écriture fluide et rapide, des chapitres qui s’enchaînent comme le tic-tac d’une horloge bien huilée. Pas de fioritures ni de remplissage. L’essentiel, juste l’essentiel.
Avec une fin bien noire, Olivier Norek confirme sa volonté de clore cette trilogie, à mon grand regret !

Il me reste la certitude de savoir que l’auteur a mûri, a gagné en assurance, s’est amélioré, et que son prochain ouvrage sera probablement tout aussi passionnant.

 Un centre pénitentiaire n’est efficace que s’il reconstitue une société carcérale juste, avait-il dit. Sans prédateurs, sans proies, dans une parfaite équité, sans privilèges ni passe-droits, sans nécessité de violence, sans jalousie de ce que l’autre pourrait avoir de plus ou de mieux. La force devenant inutile, il ne reste plus qu’à vivre ensemble, en bonne société. Malheureusement, il n’existe pas d’endroit plus dangereux, inégal et injuste que la prison. Et au lieu de ressortir équilibré ou cadré, les détenus en sortent plus violents, désabusés, perdus et agressifs, sans aucun projet de réinsertion. Plus venimeux en sorte. La prison comme une école du crime.

PRIX Le Point DU POLAR EUROPEEN 2016.
PRIX des lecteurs de L'Express.

Surtensions - Olivier Norek
Editions Michel Lafon - 11/03/2016

mercredi 16 novembre 2016

SI LA LUNE ÉCLAIRE NOS PAS - Nadia Hashimi

Kaboul est entre les mains des talibans. Depuis que son mari, considéré comme un ennemi du régime, a été assassiné, Fereiba est livrée à elle-même. Si elle ne veut pas connaître le même sort que son mari, elle doit fuir. Après avoir vendu le peu qu’elle possède, elle entreprend un voyage périlleux avec ses trois enfants, dans l’espoir de trouver refuge chez sa sœur, à Londres. Comme des milliers d’autres, elle traverse l’Iran, la Turquie, la Grèce, l’Italie et la France. Hélas, les routes de l’exil sont semées d’embûches : que devra-t-elle sacrifier pour de meilleurs lendemains ?

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Après son touchant et poignant livre La Perle et la Coquille, sorti en 2015, Nadia Hashimi revient au-devant de l’actualité littéraire et générale avec cet autre ouvrage Si la Lune éclaire nos Pas, récit tout aussi passionnant d’une mère qui fuit l’Afghanistan des Talibans, avec ses trois jeunes enfants, se mêlant au flot des migrants qui tentent de rejoindre une terre d’asile.
Avec une écriture méticuleuse, et sans ton larmoyant, l’auteure dresse une peinture psychologique fine et puissante des personnages, dont Fereiba, la mère qui va jouer le rôle de berger pour ses enfants, une héroïne au caractère fort et dure, inéluctablement soumise, mais évitant toute forme de passivité, et Salim, l’aîné, qui devra faire preuve de courage et de détermination pour rejoindre sa famille dont il a perdu la trace durant l’exode.

Nadia Hashimi nous plonge ainsi dans cette crise migratoire, celle de millions de gens persécutés par la guerre et la famine, dont les problèmes sont aggravés par l'attitude méfiante, voire hostile des Européens à leur égard.
Heureusement qu’au fil du chemin parcouru et des rencontres se développent de réelles expériences humaines qui rendent espoir et courage aux réfugiés pour atteindre leur but, et rendent un peu de fraîcheur et de lumière dans ce roman qui sans cela resterait bien sombre !

C'était un véritable réfugié désormais, mais un réfugié qui avait vu l'océan. Il avait entendu le bruit des vagues et humé l'air salé de la mer. Chaque étape de son voyage l'avait changé, avait modifié sa propre vision du monde de façon irréversible. Il avait traversé les eaux une fois et les traverserait encore - sans sa famille, mais riche de minuscules mutations de son être qui lui donnaient la force d'accomplir tout seul cette épreuve.

 Il n'y a pas de véritable asile. Il faut trouver du travail pour obtenir ce droit. Et comment font les gens pour trouver du travail ? dit-elle en faisant un signe en direction du parc. D'abord, il faut un permis de travail. Et pour obtenir un permis de travail, il faut faire une demande d'asile. Tu vois le problème ?

Si la lune éclaire nos pas - Nadia Hashimi
Editeur : Milady - 21/10/2016 

samedi 12 novembre 2016

IL RESTE LA POUSSIERE - Sandrine Collette

Patagonie. Dans la steppe balayée de vents glacés, un tout petit garçon est poursuivi par trois cavaliers. Rattrapé, lancé de l’un à l’autre dans une course folle, il est jeté dans un buisson d’épineux. 
Cet enfant, c’est Rafael, et les bourreaux sont ses frères aînés. Leur mère ne dit rien, murée dans un silence hostile depuis cette terrible nuit où leur ivrogne de père l'a frappée une fois de trop. Elle mène ses fils et son élevage d’une main inflexible, écrasant ses garçons de son indifférence. Alors, incroyablement seul, Rafael se réfugie auprès de son cheval et de son chien. 
Dans ce monde qui meurt, où les petits élevages sont remplacés par d’immenses domaines, l’espoir semble hors de portée. Et pourtant, un jour, quelque chose va changer. Rafael parviendra-t-il à desserrer l’étau de terreur et de violence qui l’enchaîne à cette famille?



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La steppe en Argentine, en Patagonie. La mère, quatre fils: des jumeaux Mauro et Joaquin, Steban et Rafael le dernier. Le père n'est plus là. Elle gère son estancia, les boeufs, les moutons, les chevaux et les chiens. Des relations familiales inexistantes, l'environnement est difficile. 
Certes, il y a les grands espaces, les courses à cheval, des élevages de plus en plus grands, la nature, mais la vie est rude, le travail harassant, la mère, cruelle, qui ordonne, commande, dirige sans état d'âme. "Elle les déteste tous, tout le temps". Les sentiments sont inexistants hormis la haine qui enveloppe l'espace et ne demande qu'à s'extérioriser. La nature est aride, les relations familiales sont sans issue et remplies de violence. Chaque membre de la famille a droit à son chapitre pour exprimer ses émotions, son ressenti, ses jalousies, ses envies, ses déboires, ses vengeances... 
Sandrine Collette nous offre ici une nouvelle facette de son talent. Elle devient conteuse. Neutre. Ses personnages sont plus horribles les uns que les autres. Seuls Rafael et son aîné, Steban, qui subit lui aussi les foudres des jumeaux et les remarques de sa mère, échappent parfois aux descriptions vengeresses de l’auteur.
Les grands espaces d’un côté et l’intime de l’autre. L’intime dans l’absence des relations au sens où la fraternité n’existe pas ici.
Comme souvent chez Collette, il n’y a pas de rédemption. Pas d’aide ou si peu. Chacun doit s’en sortir seul et écraser l’autre.
Sa langue est âpre, sèche et tendue. Ses descriptions nous font ressentir la dureté de la vie de ces fermiers. Les sentiments, absents la plupart du temps, sont d’autant plus violents quand ils affleurent.
La mort, omniprésente, chez les hommes ou les animaux, devient presque banale. Mais l’auteur, habilement, à travers un autre personnage, nous la fait ressentir cruellement à travers, par exemple les pages extraordinaires consacrées à une agonie longue, difficile, repoussée le plus loin possible. Même les mauvais, les plus terribles, s’accrochent à la vie, n’ont de sentiments que pour eux, leur argent, un futur possible.
La fin du roman ne surprend pas. Elle était attendue presque depuis le début. Seuls quelques événements inattendus la retardent, la repoussent avec des alliances contre nature qui finissent par exploser.
Et le calme, enfin, qui revient. La nature, les animaux, la ferme qui reprend ses droits et offre, peut-être, une seconde chance…

Il reste la poussière - Sandrine Collette
Editions Denoël - Collection Sueurs Froides - 25/01/2016

mardi 8 novembre 2016

LE SANG DU MONSTRE - Ali Land

Ce premier roman de Ali Land est une véritable bombe à retardement, l'exemple typique du livre qui une fois ouvert vous hypnotise durant la lecture et vous obsède quand vous devez malheureusement le refermer avant la fin pour rejoindre le monde réel.

Ancienne infirmière en pédopsychiatrie, Ali Land s'est toujours intéressée aux déséquilibres mentaux des adolescents, cet âge ingrat où tout se bouscule et où les frontières entre le bien et le mal se font parfois plus ténues. C'est le thème qu'elle a retenu pour ce premier roman et on la comprend tant elle semble maîtriser le sujet et nous entraîne au plus profond de l'esprit de Milly qui tour à tour nous émeut, nous étonne et nous inquiète.


Prenant et fascinant, le lecteur sent que tout peut basculer d'un moment à l'autre à la faveur d'une expérience malheureuse, d'une incompréhension ou d'une brimade de trop.

Peu à peu, on se rend compte qu'une vérité va émerger, qu'elle n'a pas tout dit à la police et que lorsque la révélation va éclater, sa vie en sera à jamais changée, qu'elle basculera définitivement d'un côté ou de l'autre. Mais que d'atermoiements, de détours jusqu'à ce moment critique ! L'auteure se plaît tout au long des 348 pages à distiller des éléments de réponse par petites touches légères, à la limite du perceptible mais qui au final construisent un fascinant portrait d'une jeune fille esseulée et bien étrange.


Une histoire qui prend aux tripes et un rythme lancinant qui hypnotise littéralement le lecteur.

C'est le chapitre sur les enfants de psychopathes qui m'intéresse le plus. La confusion que ressent un enfant quand la violence se mélange à la tendresse. Tirer - pousser. Une vigilance accrue qui se développe à force de ne jamais savoir à quoi s'attendre, tout en sachant que quelque chose va arriver. Je connais ce sentiment, je l'ai ressenti tous les jours, avec toi.

Le cerveau des psychopathes est particulier - J'ai fais mes calculs : quatre-vingts pour cent la génétique, vingt pour cent l'environnement.Et donc moi.Cent pour cent foutue.

Le sang du monstre - Ali Land - Sonatine 2016

LA SIMPLICITE DES NUAGES - Julien Aranda

Julien Aranda aime raconter de belles histoires, nous parler d’hommes  qui ne sont ni des super-héros, ni des hommes à qui il arrive des choses extraordinaires. Il nous parle d’individus qui ont une vie relativement ordinaire et simple, mais jalonnée de beaux moments.
Tel a été le cas dans son premier roman, Le sourire du clair de lune, et tel est encore le cas dans son dernier, La simplicité des nuages.
Pourtant, l’auteur commence par nous dépeindre notre monde actuel , un constat navrant et peu encourageant, celui de notre vie basée sur le matérialisme et la surconsommation, le rythme infernal des journées, Métro-Boulot-Dodo, Time is money, l’individualisme à outrance et la facilité de l’égoïsme, le rejet de la faute sur les autres, le culte de la performance…
Heureusement, Bastien, le personnage principal, n’a pas oublié ses rêves d’enfant. Après avoir claqué la porte de son boulot, il s’ouvre à l’éventualité du bonheur tout simplement en s’employant à redonner goût à la vie à sa grand-mère, une quête qui va l’amener à de bien belles rencontres.
Julien Aranda décrit aussi admirablement les sentiments d’amour, d’amitié et de tendresse possibles entre êtres humains, d’une façon si simple et en même temps si intense.
Il nous livre une histoire simple, merveilleuse et touchante, avec des personnages attachants qui suscitent l’empathie.
Un auteur à découvrir !

Une belle histoire à lire !

Lorsque tout est sombre autour de vous, que la vie perd de son charme et qu'il n'y a plus d'espoir, il perdure toujours un coin de ciel dans lequel s'étale la simplicité des nuages.

 C'est en s'ouvrant aux autres que l'on trouve notre véritable place dans ce monde.

Julien Aranda - La simplicité des nuages - Amazon publishing 2016
http://www.julien-aranda.com/

jeudi 3 novembre 2016

L'OPOSSUM ROSE - Federico Axat

Désespéré, Ted McKay est sur le point de se tirer une balle dans le crâne lorsque, le destin s’en mêlant, un inconnu sonne à sa porte. Et insiste. Ted s’apprête à aller ouvrir quand il aperçoit sur son bureau, et écrit de sa propre main, un mot on ne peut plus explicite : Ouvre. C’est ta dernière chance. Sauf qu’il ne se rappelle absolument pas avoir écrit ce mot. Intrigué, il ouvre à l’inconnu, un certain Justin Lynch. Et se voit proposer un marché séduisant qui permettrait d’épargner un
peu sa femme et ses filles : on lui offre de maquiller son suicide en meurtre. Mais qui est vraiment ce Lynch ? Et quelles sont ses conditions ?


Préparez-vous à recevoir une énorme claque, avec L’Opossum Rose de Federico Axat, un thriller psychologique addictif et parfaitement maitrisé.
Moins vous en saurez avant d’en commencer la lecture et mieux ce sera. Laissez-vous entraîner dans cette histoire, dans un labyrinthe tortueux à souhait dont vous ne pourrez vous échapper avant la sortie.
                                                                         
L’Opossum Rose impose un rythme vertigineux auquel il est difficile de résister, au risque d’oublier certains détails qui peuvent paraître insignifiants, mais avoir une grande importance dans le déroulement de la trame. Une trame complexe et intelligente qui démarre dès la première page, et ne laisse au lecteur tourmenté aucun repos pour résoudre le puzzle, dont on ne sait s’il manque des pièces, ou si au contraire elles sont toutes là sans qu’on soit capable de les assembler correctement.
Une trame quelque peu confuse au départ, mais dont chaque pièce va finir par s’emboîter parfaitement, preuve que Federico Axat est un excellent narrateur.

Les surprises jalonnent le roman avec un rythme épouvantable dans le but de démonter des théories, de créer des confusions, de forcer le lecteur à se poser mille questions.
On se sent impliqué dans l’histoire au même titre que le personnage principal, particulièrement complexe,  doutant avec lui, ou doutant de lui. L’évolution de tous les personnages, du principal au secondaire, se fait de manière tout à fait naturelle, les rendant d’autant plus crédibles.

Avec un langage simple, direct et visuel, l’auteur construit un parfait thriller psychologique avec une atmosphère inquiétante, poussant le lecteur le plus exigeant vers un seul but : le dénouement.
Un dénouement brillant après mille virements inattendus et mille théories jetées à l’eau. Un dénouement qui laisse bouche bée et un épilogue qui laisse sans voix.


Tu sais quoi ? Ça ne change pas grand-chose, d'être fou. Je veux dire par là que ça n'excuse pas tes gestes. Au lieu d'aller en prison, tu te retrouves dans un endroit comme celui-ci, mais il y a toujours une part de toi qui se sent coupable de ne pas avoir su contenir l'autre. Et une part de toi le sait. Elle sait tout.

L'Opossum Rose - Fédérico Axat - Calman-Levy (octobre 2016)

mercredi 2 novembre 2016

TERRITOIRES, Olivier Norek

Deuxième tome d’une trilogie, Territoires nous permet de retrouver Victor Coste et son équipe pour une nouvelle enquête au sein du département 93.
Depuis Code 93, le premier opus, Olivier Norek a mûri, et Victor Coste aussi par la même occasion. C’est un flic à taille humaine, bien dans sa peau, avec la tête sur les épaules, qui nous change des nombreux autres flics, torturés, cabossés, que l’on retrouve assez souvent dans la littérature.
La psychologie des personnages est recherchée. Coste et ses équipiers en deviennent attachants.
L’enquête de police se déroule dans une ville fictive, mais que l’on peut aisément imaginer tant les événements qui s’y passent nous rappellent des faits de l’actualité. Une ville avec son côté visible et son côté caché (quartiers défavorisés, cités HLM, …), son côté pourri quand des politiciens protègent eux-mêmes des criminels.
Le casting est impeccable, criant de réalisme quels que soient les personnages.
Il est question de pains de cocaïne et de shit planqués chez des retraités, d’un chef de bande psychopathe âgé d’à peine treize ans, d’hommes de main recrutés dans un club de boxe, d’une maire aux méthodes franchement limite pour assurer son pouvoir, de valises bourrées de billets. D’un chat et d’un micro-ondes aussi (âmes sensibles s’abstenir)…
Dans ce chaos indescriptible, tout le monde manipule tout le monde. Et on se laisse prendre au piège avec délice.

Les chapitres s’enchaînent comme le tic-tac d’une horloge huilée. Un vrai page-turner. L’écriture de Norek est svelte, fine, dégraissée. Pas de fioritures ni de remplissage. L’essentiel, juste l’essentiel. Du coup ça glisse, c’est lisse, c’est fluide. Addictif.

Nous vendons de la drogue pour tenir les quartiers et nous tenons les quartiers pour vous être indispensables. C'est le seul moyen d'obtenir votre attention. Le seul moyen d'exister. En fait, tout ça est un peu votre faute. Si on ne vous fait pas peur, vous nous abandonnerez, tout simplement.


OLIVIER NOREK, lieutenant de police à la section enquêtes de recherches du SDPJ 93 depuis dix-sept ans, auteur de Code 93Territoires et Surtensions, trois polars largement salués par la critique et le public. Surtensions a remporté Le Prix Le Point du polar européen en 2016.


Territoires, Olivier Norek  -  Michel Lafon 2014  -  Pocket 2015