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mercredi 28 juin 2017

SOIGNER, NICE 14 JUILLET 2016 - Marc MAGRO

Marc Magro est urgentiste au trauma center du CHU de Nice. Le soir du 14 juillet 2016, il travaillait à Menton, mais c’est en écoutant ses collègues que lui vient l’idée du livre.

Soigner est un livre-mémoire, une compilation des témoignages des soignants qui se sont mobilisés pour venir en aide aux victimes de l’attentat de Nice, des témoignages qui s’érigent comme des stèles. Leur donner la parole est une manière d’entendre autre chose que les infos diffusées en boucle au moment des faits, quelque chose de plus intime, d’intérieur, une parole et un ressenti que beaucoup de soignants attendaient de pouvoir exprimer.
C’est aussi une façon de leur rendre hommage.

Goran, jeune pompier volontaire de 16 ans, est passé de touriste à secouriste avec ce qu’il avait sous la main. Benoît, urgentiste, s’est retrouvé par hasard à Lenval et a laissé ses enfants et sa femme pour courir sauver des victimes. Sam, pompier professionnel, a compté le nombre de morts sur 1,7 km sur son scooter. Chloé, infirmière en réanimation pédiatrique, mais aussi infirmière pompier volontaire depuis près de quinze ans, est montée dans une ambulance pour former un équipage avec un médecin et trois pompiers.
Quatre témoignages parmi la cinquantaine que l’on peut lire dans ce livre. Quelques témoins parmi la multitude de personnes qui se sont engagés pour en secourir d’autres.

L’auteur classe et entrecoupe les témoignages de telle manière que les événements soient relatés de façon chronologique. Les faits sont décrits sans vouloir exagérément verser dans l’horreur, mais en nous transmettant ce ressenti qui à lui seul nous bouleverse et nous plonge dans une situation effroyable. Il nous décrit aussi les différentes structures qui se sont mises en place pour l’organisation des secours et les procédures que doivent suivre les intervenants, qui au risque de paraître inhumaines ont pour but de sauver un maximum de gens.

Même formé à soigner, habitué à faire face parfois à des situations difficiles, personne ne peut imaginer quel sera son comportement dans une situation d’une telle ampleur, ainsi que la façon de surmonter le choc émotionnel qui va en découler.
Les témoins parlent également de cette expérience personnelle et de tout ce qui a changé dans leur vie après les attentats.

Une situation effroyable. Des comportements exemplaires. Un livre bouleversant.


« Au lieu d’évaluer la gravité des patients dans un rapide survol, je me suis arrêté à la première victime. C’était plus fort que moi : l’élan humain a pris le pas sur la raison. J’ai réalisé que ce n’était pas ce qu’il fallait faire. Elle était malheureusement morte et je ne pouvais rien. Personne n’aurait pu la sauver. J’ai dû dire deux trois mots à la famille, quelque chose comme : « C’est terminé, on est obligés de partir. » On ne dit jamais ça en temps normal. On explique, on accompagne. Là, c’était inhumain pour tous. »


« Elle découvre un homme d’une quarantaine d’années en choc hémorragique, inconscient, gémissant, les deux jambes écrasées. Deux garrots ont été posés au-dessus des genoux avant qu’elle n’arrive. Vanessa cherche une veine pour perfuser le patient. Il est urgent de lui remonter la tension. Ce sera fatal, autrement. Malheureusement rien n’est simple. Les veines sont plates, le patient a perdu énormément de sang.Au-dessus d’elle, Vanessa entend cette litanie incessante : « Comment il va ? … Est-ce qu’il va s’en sortir ? Hein ? ...Dites-moi, madame… Est-ce qu’il va s’en sortir, comment il va ? Dites-moi ... »Elle n’ose relever la tête. Elle a besoin de se concentrer. Tout en elle bouillonne. Aucune veine n’est accessible. Elle doit rester calme.« Comment il va ? ... » La litanie recommence. Elle exploserait peut-être, mais se retient.Lorsqu’elle lève la tête, elle découvre avec stupéfaction que la voix est celle d’un jeune ado de 11 ou 12 ans.« C’est mon papa », dit-il. »



« Lorsqu’une mère vous demande où est son enfant et qu’on ne sait même pas s’il est vivant, on aimerait se cacher dans un trou de souris. On aurait pu lui amputer une jambe à cette pauvre femme, je crois que c’était secondaire. Elle n’avait qu’une idée en tête : Où est mon fils ? »




SOIGNER , NICE 14 JUILLET 2016
Editions FIRST  -  01/06/2017

jeudi 22 juin 2017

DEDANS CE SONT DES LOUPS - Stéphane JOLIBERT

Pour son premier bouquin, Stéphane Jolibert n’a pas fait dans la dentelle. Du noir de chez noir, non dilué s’il vous plaît ! Et d’une telle qualité qu’on n’hésite pas à en redemander !

L’action se passe dans un bled isolé du grand nord, un endroit volontairement non localisé que chacun peut imaginer à sa façon, une bourgade recouverte de neige les trois-quarts du temps, un ancien territoire d’où les loups ont été chassés, et qui maintenant est occupé par une poignée d’hommes, persona non grata de l’autre côté de la frontière. Il fut appelé Terminus car il l’avait été en un temps plus éloigné où hommes et machines avaient trouvé dans ces contrées reculées plus obstinée qu’eux, plus implacable : la météo. Le Terminus est un trois-en-un : hôtel, bistrot, bordel, où les clients de passage s’enivrent de luxure, d’alcool, et d’un peu de sommeil. Tous ces mâles gonflés à la testostérone s’y comportent comme des loups, des loups qui apprennent vite à respecter des principes simples, limpides : à l’extérieur des murs du terminus, chacun est libre d’aller et de venir comme il l’entend, de trucider son prochain, de dérouiller sa femme et ses gosses, de torturer ses bêtes, ses proches, ou de commettre tout autre exploit dénué de morale ou de logique. Dehors, chacun fait ce qu’il veut. Mais dedans on se plie aux règles, et l’une d’elles édicte qu’au Terminus, aux putes on n’y touche pas, pas autrement qu’avec respect, à défaut de tendresse.

Les ordres émanent du propriétaire – que personne ne connaît – via un téléphone mural. Sur place le contremaître veille à leur application, tandis que le garde-putes intervient si besoin pour rappeler les règles.

Avec un style alerte et inventif, Stéphane Jolibert nous immerge dans une atmosphère obsédante. La description des paysages enneigés, la singularité des lieux comme ce bordel du bout du monde ou la distillerie clandestine du vieux Tom, sans oublier les particularités des différents personnages, tout confère à créer un climat envoûtant, que l’on peine à quitter.

Chaque personnage a sa raison de se trouver là : pour fuir ou pour rechercher . Les informations communiquées habilement nous tiennent en haleine et nous réservent bien des surprises.
Dans cette sombre histoire de vengeance, l’auteur veille toutefois à alléger cette oppressante tension montante par quelques scènes plus tendres ou plus intimes, ou d’autres parfois burlesques à l’image de certains personnages.
On a même droit à un peu de psychologie canine, si tant est qu’un chien peut en avoir, chez Mademoiselle, un bouledogue mâle qui n’a aucune raison de se trouver dans ces contrées car on sait bien qu’un bouledogue et la neige font deux, et aucune raison de s’appeler ainsi sauf qu’il a été baptisé avant de s’apercevoir qu’il s’agissait d’un mâle et qu’il s’en accommode fort bien.
La psychologie des personnages est suffisamment développée pour les rendre charismatiques malgré la violence dont certains font preuve. Le vieux Tom, sa nièce Sarah, Natsume, Leïla la pute au grand coeur, Twigs la levrette, … sont autant de personnages attachants qui nous font aimer ce livre.

Un page turner très noir avec un style imagé et une intrigue bien construite.

L'équilibre de la meute est fragile, et si l'un des individus qui la composent enfreint les règles, il met en péril la survie de tous. Si un chien venait à s'y introduire, un seul, se faisant passer pour un loup, et qu'il fasse ce que sait faire un chien, dormir sans chasser, manger sans partager, vivre pour lui seul et prendre la part des autres,la meute serait à ce point affaiblie qu'elle serait dans l'incapacité de se reproduire et l'espèce disparaîtrait.

 L'une des leçons qu'avait apprises Nats était que causer ne servait à rien si ce n'était à prendre des risques inutiles avant de cogner un type, voire deux. Laisser du temps à la parole consistait à laisser du temps à la réflexion, soit pour simplifier : consistait à ce que l'autre se souvienne que lui aussi savait tabasser son prochain.
 La seule façon d'aider son prochain était de lui permettre de subsister pour entreprendre, non de lui offrir sa pitance.


 Stéphane Jolibert a grandi au Sénégal et a étudié à l’École des Beaux-Arts de Saint-Étienne (1992-1997) avant de bourlinguer de longues années du côté du Pacifique Sud où il exerça le métier de directeur artistique. 

Il s’établit à Paris à la fin des années 2000. Après avoir été Directeur de Création de longues années en Agences de Communication, Stéphane Jolibert se consacre aujourd’hui à la formation et à l’enseignement de la Communication Visuelle. 

Parallèlement, il publie des romans et écrit des scénarios pour le cinéma. Son premier roman, "Dedans ce sont des loups" (2016), coup de cœur de nombreux libraires, a reçu le Prix des lecteurs des bibliothèques et des médiathèques de Grand Cognac. 

Il vit, écrit et travaille aujourd’hui quelque part près de la Belgique. 


Source : http://www.editions-jclattes.fr/stephane-jolibert


DEDANS CE SONT DES LOUPS  -  Stéphane JOLIBERT
EDITION LE MASQUE  -  06 janvier 2016
LIVRE DE POCHE  -  22 février 2017

mardi 20 juin 2017

JUSTICE SOIT-ELLE - Marie VINDY

Marie Vindy est auteur de polars et de romans noirs mais aussi chroniqueuse judiciaire.
Sa vocation d’auteur est de révéler la violence de notre société dans tout ce qu’elle a de plus dramatiquement banale, de forcer le lecteur à poser son regard là où il l’aurait détourné par dégoût, ou oser intervenir quand on est confronté à la douleur d’un proche, d’un voisin, d’un membre de la famille, victime d’agression, en particulier la violence conjugale ou la maltraitance d’enfant.
Marie Vindy est aussi administratrice de l’association Solidarité femmes 21, un engagement qui n’est pas sans lien avec les thèmes abordés dans ses romans.

Dans son dernier roman, Justice soit-elle, elle rend hommage au travail acharné de Corinne Hermann, incarnée dans le livre par Déborah, une avocate qui travaille sur des affaires classées, des dossiers oubliés et non résolus de jeunes filles assassinées.

La Bourgogne. Le parc naturel du Morvan. Laurine, 11 ans, n’a pas connu sa mère, assassinée quand elle avait un an. Et voilà en plus qu’elle découvre un cadavre lors d’une sortie de nuit avec son cousin, le corps de Perrine, disparue trois jours plus tôt. C’est beaucoup pour une enfant de cet âge. Deux meurtres parmi les dix-huit perpétrés en vingt-six ans. Dix-huit meurtres de jeunes femmes, d’adolescentes pour la grande majorité, dont seulement quatre avaient été élucidés.
Pendant que la gendarmerie enquête sur le meurtre de Perrine, Maître Déborah Lange va à la rencontre des gens, de la population locale, des familles des victimes. Ses directives : écouter, laisser parler, créer une association pour faire pression sur la justice, trouver des points communs pour regrouper des dossiers et faire lever la prescription pour l’ensemble.

La principale difficulté du roman est de pouvoir s’y retrouver entre les différentes enquêtes et les protagonistes concernés. L’enquête de la gendarmerie, étant plus développée, accroche plus facilement. De même que les tribulations de la petite Laurine, à la recherche de la vérité sur la disparition de sa mère, constituant un fil rouge que l’on retrouve tout au long du roman, se suivent aisément. Les choses se compliquent pour le cheminement des recherches de l’avocate, qui traite différents dossiers et consulte les familles respectives des jeunes filles disparues.
Toutes ces pistes et enquêtes finissent par embrouiller l’esprit.
Dommage aussi que la psychologie des personnages ne soit pas plus développée

Marie Vindy réussit par contre très bien à nous faire comprendre ses luttes et prendre conscience de la violence de notre société. Elle dénonce également l’aspect bureaucratique et le manque d’humanité de la justice face aux proches des victimes, anéantis de chagrin, démunis, dans un moment où ils ont particulièrement besoin d’aide et de compréhension.



« Comme chaque semaine, ou presque, son ex-mari s’était débrouillé pour être là, à l’attendre au bas de son immeuble lorsqu’elle avait déposé les garçons. Déborah avait dû essuyer ses menaces habituelles et ses sempiternelles injures. Quand il ne projetait pas ouvertement d’empêcher les enfants de repartir, arguant qu’ils seraient bien mieux à plein temps chez lui plutôt qu’avec leur folle de mère dont la seule préoccupation était de pourchasser des tueurs en série qui n’existaient que dans son esprit dérangé, il tentait de la persuader de les récupérer plus tôt. …

Les paroles de sa meilleure amie lui revenaient alors : « Te laisse pas faire, il veut juste ta peau et il fera tout pour te pourrir la vie ! Ne lui dis rien, la moindre info qui t’échappera, il la retournera contre toi .» 


« L’enquête était immatérielle. Elle ne savait rien, on ne lui disait rien. Sa fille avait été tuée, c’est tout. Elle avait été auditionnée par les gendarmes, ils avaient fouillé la chambre d’Angélique, elle en avait pleuré. Puis plus rien pendant des mois. Jusqu’au jour où elle avait reçu une convocation du tribunal. Elle avait parlé au juge d’instruction, dans son bureau . Le juge avait l’air compréhensif, mais elle n’aurait su dire s’il était compétent. Elle avait répété ce qu’elle avait dit aux gendarmes. Elle avait insisté sur les amis d’Angélique, sur les copains qu’elle fréquentait. Le juge l’avait écoutée. Et puis, plus rien. Des mois, des années. Elle avait demandé, une fois, un rendez-vous. Une greffière lui avait répondu que le juge qui s’occupait de son dossier avait changé et qu’il n’y avait rien de nouveau. »



Source : http://www.parolesdauteurs.com/interview-marie-vindy/



JUSTICE SOIT-ELLE  -  Marie VINDY
Editions PLON  -  Collection SANG NEUF  -  Parution 08/06/2017

vendredi 16 juin 2017

LA VEUVE NOIRE - Daniel SILVA

Le roman d’espionnage est un genre littéraire que j’ai délaissé depuis bien longtemps, certainement pas par lassitude, mais plutôt guidé par des choix différents.
Sur le site Netgalley, j’ai pourtant sélectionné ce livre dans mes choix de lectures, car le résumé, en rapport avec la violence terroriste actuelle, m’a vraiment interpellé.

L’auteur, Daniel Silva, était pour moi un inconnu , bien qu’il n’en soit pas à son premier roman. Sa bibliographie compte une vingtaine de romans d’espionnage, dont quelques-uns ont été publiés en français.
La veuve noire, dernier tome de la série Gabriel Allon, m’a profondément impressionné. C’est une excellente représentation de ce qui semble être l’incroyable habileté de l’auteur dans l’élaboration d’un best-seller. La veuve noire contient une intrigue complexe et palpitante sur un espion légendaire, une organisation terroriste redoutable, et une jeune femme qui accepte d’utiliser ses compétences pour infiltrer l’ennemi.

Le début du roman nous plonge d’emblée dans l’action et le climat terroriste actuel. Un attentat de grande ampleur est perpétré à Paris, rue des rosiers. Un groupe anti-terroriste français inconnu fait appel au "Bureau", l’espionnage israélien, et à Gabriel Allon en particulier, pour en rechercher les auteurs et éliminer les menaces de nouvelles attaques. Un plan est alors mis en œuvre pour infiltrer l’État Islamique et découvrir l’organisateur de l’attentat. Nathalie Mizrahi , médecin juive exerçant à Paris, semble être la candidate parfaite pour cette mission sensible et dangereuse.

Daniel Silva semble avoir une excellente connaissance des services de renseignements du monde entier et de leurs homologues, et des organisations criminelles et terroristes. Comme indiqué dans l’avant-propos et la note de l’auteur, les événements, les incidents, les personnages et les lieux sont évidemment fictifs, mais ils sont tout à fait crédibles dans le sens où Daniel Silva parvient à être réaliste et rationnel. Il y parle même d’un individu radicalisé de Molenbeek.

Bien que ce livre soit la seizième aventure de Gabriel Allon, un nouveau lecteur tel que moi-même n’a aucun problème pour entrer dans l’intrigue et s’habituer aux personnages. Les quelques références et détails en rapport avec des aventures précédentes, révélés avec parcimonie n’empêchent nullement la compréhension et l’immersion dans cette histoire. Je dirais même que ces quelques flash-back, associés au plaisir de lecture que j’ai ressenti, me donnent l’envie de plonger plus profondément dans l’histoire de Gabriel.

Gabriel Allon est décrit comme un individu ayant un ensemble de compétences qui n’a rien d’extraordinaire, contribuant à donner cette image d’un héros mal compris, mais au charisme fou.


Un roman d’espionnage particulièrement addictif, en phase avec l’actualité et le terrorisme de l’État Islamique.

Pourquoi plus de cinq cents jeunes femmes occidentales ont-elles rejoint les rangs de Daech ? Pourquoi ces barbus fanatiques sont-ils les nouvelles stars de l'islam ? C'est à la mode d'être un assassin ?

 C'est vrai que beaucoup d'entre elles sont éduquées, beaucoup plus que les garçons qui rejoignent Daech. Comme il leur est interdit de combattre sur le champ de bataille, elles assument des fonctions de soutien, et leur rôle est important. Ce sont surtout les femmes qui sont en train de bâtir le califat. La plupart vont se marier à un combattant - qui a toutes ses chances de devenir rapidement un martyr ... Une femme sur quatre devient une veuve noire. Endoctrinée, amère, vindicative. Il suffit alors d'un bon recruteur pour les transformer en bombes à retardement...


 Auteur de romans d'espionnage à succès. Daniel Silva a débuté comme journaliste en 1984 à United Press International. Il a travaillé à Washington puis au Caire comme correspondant pour le Moyen-Orient. Il a couvert la guerre Iran-Irak, et le problème du terrorisme. Il a ensuite été engagé à CNN comme producteur. Il a écrit son premier roman en 1994, The Unlikely Spy, devenu un best-seller. En 1997, il a décidé d'écrire à plein temps. Ses héros sont Michael Osbourne pour deux livres et Gabriel Allon pour dix livres. 

Classé n°1 sur les prestigieuses listes de best-sellers du New York Times, Daniel Silva a reçu de multiples récompenses internationales pour ses dix-sept romans publiés avec succès dans plus de trente pays. L’Espion anglais fait suite àL’Affaire Caravaggio, L’Espion qui n’existait pas, La Marque de l’assassin, L’Assassin anglais, Le Confesseur et Le Messager. Daniel Silva est membre du Conseil d’administration du Mémorial américain de l’Holocauste, et vit en Floride avec sa femme, Jamie Gangel, et leurs deux enfants, Lily et Nicholas. 


LA VEUVE NOIRE  -  Daniel SILVA
Editions HARPER COLLINS  -  Collection HARPER COLLINS NOIR  -  05/04/2017

vendredi 9 juin 2017

CARNETS NOIRS - Stephen KING


Carnets Noirs est le second livre de la trilogie Bill Hodges, du nom de ce policier à la retraite, personnage principal du premier tome, Mr Mercedes.

Le récit commence trente ans plus tôt. Morris Bellamy et deux complices s’introduisent chez l’écrivain John Rothstein, auteur de la trilogie Jimmy Gold, afin de le cambrioler. Morris en veut particulièrement à l’auteur d’avoir abandonné ce personnage qui est son héros. Mais l’effraction tourne mal. John Rothstein est tué et les voleurs repartent avec le contenu du coffre : des carnets en moleskine relatant la suite des aventures de Jimmy Gold, et quelques enveloppes remplies de billets de banque.
Bellamy liquide ses complices et enterre son butin. Peu de temps après, il se fait arrêter pour agression sexuelle sur une femme et écope d’une sentence de prison à vie.

Une trentaine d’années plus tard, le jeune Peter Saubers découvre un trésor dans un terrain en friche derrière chez lui. Cela tombe bien car son père est une des victimes du conducteur à la Mercedes (tome 1) dont il garde un handicap qui lui a fait perdre son travail. La crise économique aidant, la famille a bien du mal financièrement, et cette découverte vaut bien une mine d’or. Non seulement l’argent va aider sa famille, mais les carnets en moleskine valent aussi une fortune auprès des collectionneurs. Peter semble bien maîtriser la situation, sauf que survient la libération conditionnelle de Morris Bellamy qui rêve depuis trente ans à Jimmy Gold et à son butin.

Dans cette histoire deux intrigues se croisent et se rapprochent, celle de Peter Saubers, un jeune garçon déterminé à sauver sa famille et l’éducation de sa sœur, et celle de Morris Bellamy, un truand obsédé par son personnage de roman fétiche, prêt à faire n’importe quoi pour obtenir ce qu’il veut.
Stephen King prend le temps de mettre en place son intrigue et ses personnages, nous laissant le temps de nous familiariser avec eux, d’avoir de l’empathie pour certains et d’en détester d’autres, ou à défaut de sympathie avoir un peu de compassion. Il maîtrise le suspense qui va crescendo jusqu’à ce qu’il soit temps de jouer avec nos nerfs et augmenter la tension avec des chapitres plus rapides, plus courts. Peter, Morris, et Bill Hodges entrent alors dans la mêlée, nous faisant rebondir d’un personnage à l’autre et nous entraînant dans une course poursuite haletante.

On retrouve dans Carnets Noirs une construction d’intrigue fort semblable à celle de Mr Mercedes : on connaît d’emblée le gentil et le méchant, et le suspense évolue au fil de la relation entre les personnages. Quant à la griffe de l’auteur, elle est parfaitement reconnaissable et c’est ce qui fait probablement tout son charme : des aventures rocambolesques, des personnages hauts en couleur, et un humour particulier. Même Morris Bellamy, dans toute sa démence obsessionnelle, arrive encore à nous faire sourire, à chaque fois qu’il s’identifie à son personnage fétiche en disant « Cette connerie, c’est des conneries. »
Là où le bas blesse, c’est dans la psychologie des personnages, en particulier des personnages récurrents, Bill Hodges et ses partenaires, dont on ne sait pas grand-chose de plus que dans le tome précédent. Celles de Peter Saubers et Morris Bellamy sont plus approfondies, les rendant ainsi plus intéressants.

Ce livre permet aussi à Stephen King de rendre hommage à la littérature américaine, à la lecture et aux livres eux-mêmes, dont il est question d’un bout à l’autre du roman, pour notre plus grand plaisir, car en tant que lecteur, on ne peut que se sentir concerné par ce qu’éprouvent les personnages vis-à-vis des livres et des histoires. L’univers des collectionneurs et revendeurs d’éditions rares, qui s’intéressent parfois plus au livre en tant qu’objet très lucratif qu’à son contenu, est aussi évoqué, ce qui fait naître des idées ou des dialogues passionnés, d’où perlent l’hystérie du fan et le cynisme de l’acheteur-revendeur.


Une belle réussite, un roman bien fichu et digne d’intérêt !

L’une des révélations les plus électrisantes dans une vie de lecteur, c’est de découvrir qu’on est un lecteur – pas seulement capable de lire (ce que Morris savait déjà), mais amoureux de la lecture. Éperdument. Raide dingue. Le premier livre qui donne cette impression ne s’oublie jamais et chacune de ses pages semble apporter une nouvelle révélation, une révélation qui brûle et qui enivre : Oui ! C’est ça ! Oui ! Je l’avais vu aussi ! Et, bien sûr : C’est exactement ce que je pense ! C’est ce que je RESSENS !
Ces larmes sont l'indicateur du pouvoir suprême de la fiction. Ce même pouvoir qui a tiré des larmes à des centaines de milliers de gens apprenant que Charles Dickens était mort d'une attaque. le même qui, durant des années, a poussé un inconnu à venir poser une rose sur la tombe d'Edgar Allan Poe tous les 19 janvier, jour de l'anniversaire de Poe.  
Ce n’est que mon opinion personnelle, vous voyez, et les opinions, c’est comme les trous du cul : tout le monde en a.

CARNETS NOIRS  -  Stephen KING
Editions ALBIN MICHEL  -  02/03/2016


samedi 3 juin 2017

LA FILLE IDÉALE - Gilly MACMILLAN

A 17 ans, Zoe est un prodige musical promise à une carrière exceptionnelle. Malheureusement, une erreur de jeunesse, une décision irréfléchie, va provoquer un acte irréparable : un accident de voiture entraînant la mort de trois autres jeunes. Elle est condamnée à une peine d’emprisonnement dans un centre pour mineurs, tandis que la cellule familiale ne peut résister à cette tragédie. Bien que se défendant d’être entièrement responsable de ses actes, Zoe va avoir bien du mal à se reconstruire, à affronter le regard des autres, et retrouver confiance en elle.

La rencontre de Maria, la mère de Zoe, avec un veuf et son fils est une solution inespérée pour redémarrer une vie familiale. Mais le passé refait surface, et ce qui a été maintenu sous silence éclate à nouveau au grand jour, fragilisant à nouveau les liens unissant les membres de cette famille de la deuxième chance, et laissant s’évaporer les chances de Zoe pour une vie normale et heureuse.
Mais la situation au sein de cette famille est beaucoup plus sombre qu’elle ne paraît…

L’histoire est racontée à la première personne, chaque protagoniste intervenant à tour de rôle pour donner son point de vue, ses ressentiments. A de maintes occasions, l’histoire fait resurgir l’aspect sinistre du drame et présente un certain nombre de dilemmes moraux.
Chaque personnage, à l’exception du bébé, a un côté malhonnête, manipulateur et secret. Certains se battent pour faire évoluer positivement les choses, alors que d’autres baissent les bras en devant faire face à des choix moralement ambigus.
Les actions et les raisons que les protagonistes fournissent pour excuser leur attitude, de même que les passages du passé au présent, pourraient refroidir certains lecteurs. Il ne faut pas perdre de vue que ce roman s’inscrit dans la lignée des thrillers psychologiques, comme Les apparences de Gillian Flynn, ou La fille du train de Paula Hawkins. Aussi ne faut-il pas s’étonner de l’attitude imparfaite et immorale de certains personnages qui sont dès lors difficiles à aimer et à encourager.
Il faut bien admettre que les adolescents sont tout aussi capables que les adultes de concevoir des plans astucieux, de dire des mensonges presque indétectables, cacher des secrets et dissimuler des crimes et délits.


Une histoire bien construite, avec un solide suspense, et quelques twists surprenants.

Quand vous n'avez pas d'enfant, les gens ont tendance à vous confier des choses dont vous devez vous occuper. Je pense qu'ils croient que vous manquez d'exutoires pour satisfaire votre supposé instinct maternel, de quelque nature qu'il soit.

Dans le coeur de chacun d'entre nous, la rationnel et l'irrationnel, le bien et le mal se livrent bataille... Chacun d'entre nous a un point de rupture.


 Gilly MacMillan a travaillé pour The Burlington Magazine, à la Hayward Gallery, et a été professeur
de photographie dans le secondaire avant de se consacrer à l’écriture. Ne pars pas sans moi (Les
Escales, 2016) est son premier roman, suivi de La Fille idéale (Les Escales, 2017). Gilly MacMillan vit à Bristol avec sa famille.
Source : https://www.pocket.fr/tous-nos-auteurs/gilly-macmillan/

LA FILLE IDEALE  -  Gilly MACMILLAN
LES ESCALES  -  04/05/2017