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mardi 26 décembre 2017

NE DIS RIEN A PAPA - François-Xavier DILLARD

Ne dis rien à Papa de François-Xavier Dillard est un polar bien noir, où le lecteur est d’emblée plongé dans une scène d’ouverture pour le moins terrifiante, celle où un adolescent reprend conscience alors qu’il a été enterré vivant dans le jardin, après avoir reçu une balle dans la tête.

Au centre de l’histoire se trouve Fanny Hutchinson, la cinquantaine, fleuriste parisienne renommée, vivant paisiblement avec un mari artiste peintre. Elle est mère de famille de jumeaux d’une dizaine d’années, l’un est cruel et dépourvu d’empathie, ne cessant d’humilier son frère beaucoup plus sensible et renfermé. Fanny aussi est très sensible à toute forme de violence . Son comportement envers ses fils et son refus d’évoquer son passé à son mari nous laissent deviner qu’elle a dû vivre quelque chose de traumatisant .

En France, des médecins sont torturés et assassinés les uns après les autres . La police va alors mener l’enquête et tenter de trouver le lien entre eux. Cela les conduira à relier ces meurtres à un massacre, plus ancien, perpétré par une mère de famille.

L’auteur ne tergiverse pas avec des descriptions et des états d’âme qui n’ en finissent pas, mais va directement à l’essentiel . Des chapitres courts – 62 chapitres sur un peu plus de 300 pages – confèrent à l’histoire un rythme effréné, sans temps mort, et accaparent le lecteur qui ne prend pas le temps de souffler entre deux chapitres tant l’addiction est bien présente.
Les chapitres sont comme des pièces de puzzle . Seules elles ne dévoilent rien, mais regroupées par couleur elles dévoilent petit à petit l’énigme dont la solution n’apparaîtra que lors de l’assemblage final .

Quelques scènes violentes peuvent néanmoins heurter des personnes sensibles : mutilations, cruauté sur des animaux, enfants abattus ou pas franchement équilibré.


François-Xavier Dillard manie le suspense avec brio et dresse des portraits psychologiques marquants au sein d’un récit aux rebondissements extrêmes. Entre empathie et horreur, il nous mène à travers une tragédie implacable, dont on ne ressort pas indemne.


Né à Paris en 1971, François-Xavier Dillard a fait des études de droit et de gestion avant d'intégrer un grand groupe énergétique français au service des ressources humaines puis à la communication. Il est l'auteur de Un vrai jeu d'enfant et Fais-le pour maman, parus chez Fleuve noir. Après Austerlitz 10.5, co-écrit avec Anne-Laure Beatrix, Ne dis rien à papa est son deuxième roman à paraître chez Belfond.
(Source : http://www.belfond.fr/auteur/francois-xavier-dillard)


NE DIS RIEN A PAPA  -  François-Xavier DILLARD
BELFOND  -  15/06/2017

samedi 23 décembre 2017

LES NOUVEAUX VOISINS - Catherine McKENZIE

Les Nouveaux Voisins, le nouveau thriller psychologique de Catherine McKenzie a un concept plutôt original : il est basé sur une fiction autour d’une fiction. Non seulement, dans une sorte de métacognition littéraire, l’intrigue du roman actuel tourne autour de l’intrigue d’un roman que l’un des personnages a écrit, mais en plus, le roman fictif existe aussi dans la vie réelle.

Vous me suivez ? Je vais être plus clair . C’est l’histoire de Julie Prentice, avocate devenue auteur, qui s’enfuit dans la belle banlieue de Cincinnati après le succès phénoménal de son premier roman, The Murder Game, un thriller qui parle d’un groupe d’étudiants en droit qui planifient le crime parfait. En quittant Tacoma, Washington, Julie espère échapper aux retombées inattendues de son livre, et en particulier au harcèlement de Heather Stanhope qui voit dans ce thriller les aveux cachés de l’auteur sur son implication dans la mort tragique de son amie.
Catherine McKenzie est aussi en réalité l’auteur de The Murder Game, non traduit en français à ce jour, écrit sous le pseudonyme de Julie Apple, qui est aussi celui de Julie Prentice dans Les Nouveaux Voisins.

Au début, Julie adore Mount Adams, son nouveau quartier, avec ses hautes maisons étroites et colorées accrochées aux flancs escarpés des collines, ses terrasses offrant une vue splendide sur l’immense étendue de la rivière Ohio, et ses parcs sinueux qui permettent à Julie d’assouvir sa passion pour le jogging.
Après sa pénible expérience à Tacoma, Julie reste prudente et espère y trouver la quiétude nécessaire à l’inspiration pour écrire son deuxième roman. Mais c’est sans compter sur Cindy Sutton, la présidente et fondatrice de l’AQPS, l’Association de Quartier de Pine Street, le genre de femme au foyer qui a besoin d’agrémenter la monotonie de sa vie quotidienne en se valorisant et en voulant réglementer la vie des autres, dirigeant les opinions, les événements et la propreté avec toute la subtilité et la flexibilité d’une barre de fer.
Alors quand son voisin d’en face, John, un homme séduisant qui passe ses journées chez lui car actuellement sans emploi, propose de courir avec elle, Julie, au départ réticente, finit par accepter, et peu à peu, ils deviennent amis.
C’est le point de départ d’une série d’événements qui vont faire monter la tension dans le voisinage jusqu’à ce qu’une catastrophe fasse bouger les choses.

Bien que brillamment structuré, alternant les récits de Julie et de John sur une période de un an, depuis l’arrivée des Prentice dans le quartier jusqu’à la séance actuelle en chambre d’accusation,
j’ai fini par trouver ce livre ennuyeux. Rapidement on sait que quelque chose de dévastateur va se produire, sans nécessairement savoir qui est concerné, ni comment cela s’est passé, avant la fin du roman. Par contre, aucun twist marquant ne vient pimenter la lecture, qui doit donc se contenter d’un suspense à la Desperate Housewives.


Un conte captivant et bien raconté, mais avec une fin plutôt décevante paraissant inachevée et précipitée.


Catherine McKenzie est née et a grandi à Montréal. Diplômée de l’université et de l’école de droit de McGill, elle exerce le droit à Montréal où elle vit avec son mari, et écrit pour le Huffington Post. Ses précédents romans, SpinArrangedForgottenHidden et Smoke, sont tous des best-sellers internationaux. 

LES NOUVEAUX VOISINS  -  Catherine McKENZIE
Editions Michel LAFON  -  11 janvier 2018

dimanche 10 décembre 2017

RIEN NE SE PERD - Cloé MEHDI

 A onze ans, Mattia a déjà connu bien des désagréments dans la vie. Après la mort de son père, un schizophrène qui s’est finalement suicidé au sein de l’hôpital psychiatrique où il était hospitalisé, et l’abandon par sa mère qui baisse les bras et se reconnaît incapable de l’élever, il est placé sous la tutelle de Zé, un jeune homme plutôt marginal, qui vit avec sa compagne, Gabrielle, elle-même marquée par la vie au point de vouloir se suicider. Comme scénario il y a mieux pour avoir une jeunesse dorée.

Et de jeunesse dorée, on en est loin dans ce roman de Cloé Mehdi qui se passe dans un quartier déshérité d’une banlieue pourrie. L’auteur peint une fresque sociale qui colle très bien à une réalité facile à imaginer, tant elle nous fait penser à des événements qui se sont déjà produits dans le passé, voire des faits de violence quotidienne. Dans cette cité, un tag réapparaît, en mémoire de Saïd, tué par la police quinze ans plus tôt. Aujourd’hui encore, ses amis réclament justice.

"Je connais son visage pour l’avoir si souvent vu tagué sur les murs de ma ville, des Verrières aux belles rues de La Solaire, accompagné de mots qui ne suffisaient pas – ne suffisent jamais – à dire toute la colère, la haine et l’injustice de sa mort, des mots qui appelaient à la vengeance et à ne pas oublier ni pardonner."

Les personnages sont criant de vérité, à commencer par Mattia, ce gosse malmené par la vie, qui en connaît les vicissitudes depuis son plus jeune âge, un enfant avec un énorme manque d’amour, retranché derrière sa muraille protectrice et préférant le mutisme à l’échange social.

"Un jour ma mère m’a dit qu’il fallait s’attacher à personne parce que tout le monde finit par t’abandonner. C’est à ça que ça devrait servir, les parents, te préparer à la dégueulasserie du monde."

Zéphyr Palaisot, alias Zé, est son tuteur. Durant son adolescence, il fut le témoin d’un accident lourd de conséquences et s’enferma dans un carcan. La seule fois où il a voulu s’en extraire lui a valu plusieurs mois d’hôpital psychiatrique. Zé, c’est la révolte par les pages, par l’encre et par les mots, Ses héros sont écrivains : Lamartine, Baudelaire, Camus, … Zé, c’est le gars qui essaie juste de faire au mieux, pour lui, pour ceux qu’il aime, pour survivre.
Gabrielle est la compagne de Zé qu’il a rencontrée lors d’une tentative de suicide ratée. Gabrielle, psychologiquement instable, sujette aux idées suicidaires, semble vivre dans un désespoir effroyablement calme.
Gina, la sœur de Mattia, est comme lui une enfant du mutisme, rompue à l’art d’analyser les différents silences. Ses disparitions éperdues, permanentes sont une manière de fuir les difficultés. Elle reste le seul lien familial qui compte encore pour Mattia, lui apportant durant leurs trop courtes retrouvailles un peu de rêve et d’innocence, un peu de ce lien familial dont il a toujours manqué.

Et puis, il y a ces deux types, plutôt sales gueules, qui observent les allées et venues du gamin dès qu’il met le nez dehors. Alors puisque personne ne dit à Mattia ce qui se passe vraiment, eh bien il le découvrira tout seul. Car il a beau n’avoir que onze ans, sa psy est formelle : côté maturité, il vaut largement un adulte !

A 24 ans, Cloé Mehdi publie un sublime roman noir où il est question de luttes et d’inégalités sociales. Son style direct et son écriture parfaitement maîtrisée au service de personnages magnifiques justifient aussi les nombreux prix qui lui ont été attribués.

"C’est ainsi que les choses fonctionnent, Mattia. La justice aux juges. La violence aux flics. La santé aux médecins. Les fous aux asiles, et ne t’avise pas de t’attribuer une place qui n’est pas la tienne."

"L’erreur est humaine n’est-ce pas, elle l’est si tu es un flic, elle ne l’est pas si tu es un délinquant."

Un sublime roman noir qui ne laisse pas indifférent !


TROPHÉE 813 DU MEILLEUR ROMAN FRANCOPHONE 2017
PRIX MILLE ET UNE FEUILLES NOIRES 2017
PRIX BLUES & POLAR 2017
PRIX MYSTÈRE DE LA CRITIQUE 2017
PRIX ÉTUDIANT DU POLAR 2016
PRIX DORA SUAREZ 2017 

RIEN NE SE PERD  -  Cloé MEHDI
JIGAL POLAR  -  05/2016
POCHE  -  02/2017

jeudi 7 décembre 2017

NE FAIS CONFIANCE A PERSONNE - Paul CLEAVE

Son nom est Jerry Grey, il est auteur de romans policiers, et rien de tout ça n’est réel, rien de tout ça n’est réel. Sang sur les mains de Jerry.
Son nom est Henry Cutter, il est auteur de romans policiers, et rien de tout ça n’est réel, même lui n’est pas réel, il est le produit de l’imagination de Jerry Grey, qui se sert de lui pour gagner de l’argent, pour raconter des histoires. Du sang sur la chemise de Jerry.
Son nom est Jerry Henry, il souffre de démence et ceci est un rêve de démence, une crise de démence, et rien de tout ça n’est réel, il est dans une maison de santé et tout va bien. Mais ce n’est pas la maison de santé. Ce n’est pas sa maison. Rien ne va bien.
Son nom est Jerry Grey. Il est perdu. Il est confus. Tout ça semble peut-être réel, mais ça ne l’est pas. C’est le livre qu’il a écrit. Il est à l’intérieur des pages, et bientôt quelqu’un le sauvera.


Ne fais confiance à personne est l’histoire du romancier Jerry Gray qui a été diagnostiqué à l’âge de 49 ans avec la maladie d’Alzheimer. Sous le pseudonyme de Henry Cutter, Jerry a déjà écrit 12 livres, des thrillers mettant en scène des tueurs psychopathes et des actes sadiques de cruauté et de torture, et est apprécié par un grand nombre de lecteurs.

Le début du livre correspond à l’apparition des premiers symptômes de la maladie. Comme on pouvait s’y attendre, cela commence par des aberrations dans le comportement et le psychisme de Jerry. Il se met à confondre la réalité avec ses histoires et ses personnages, et est tantôt Jerry, le mari et le père, tantôt Henry Cutter, le romancier.

Placé dans une maison de santé, Jerry se met aussi à avouer certains meurtres, que le personnel soignant attribue à sa démence. Toutefois, la police s’interpose, suite à l’apparition de certaines similitudes entre les meurtres des livres de Jerry et les événements réels qui défrayent la chronique.

Hans, le meilleur ami de Jerry, est un personnage diabolique qui joue un rôle central dans l’histoire. Il semble à la fois encourager et aider Jerry à tenter de prouver son innocence, mais ses actes vont parfois à l’encontre de ses intentions.

La narration du livre est assez unique en ce sens que l’auteur le raconte du point de vue de Jerry et de son alter ego, Henry Cutter. Il se réfère à "futur Jerry" et "passé Jerry" selon qu’il écrit ou lit le journal de la maladie, un journal où sont notés les événements d’une journée, sensés les lui rappeler quand la mémoire lui fera défaut.

Au fur et à mesure de la progression de la maladie, Jerry est de plus en plus assailli par le doute. Est-il réellement l’auteur de ces crimes ou est-ce son imagination qui lui joue des tours ? Plus la police devient soupçonneuse, plus Jerry se sent pressé de prouver son innocence, dans une course désespérée, aidé de son ami Hans.

Na fais confiance à personne est non seulement un thriller, mais aussi un livre qui parle d’une maladie effrayante. La maladie d’Alzheimer ronge ce que vous êtes, vous tue lentement tout en vous laissant en vie. Ce livre parvient à nous faire ressentir ce qu’éprouvent mentalement les gens qui en sont atteint. Cela permet aussi au lecteur de se poser des questions, autant que le personnage principal, mais avec l’avantage que les événements passés restent mieux marqués dans notre esprit que dans le sien.

Le personnage de Jerry est complexe et intéressant, tantôt sujet à l’empathie quand il apparaît comme victime irresponsable de la maladie, tantôt méprisé.


Ne fais confiance à personne est un concept génial avec une écriture convaincante, une lecture passionnante avec de nombreux rebondissements et une fin sensée.


 

NE FAIS CONFIANCE A PERSONNE  -  Paul CLEAVE
SONATINE  -  31/08/2017

vendredi 1 décembre 2017

LA DISPARUE DE NOEL - Rachel ABBOTT

La Disparue de Noël est le quatrième livre de la série Tom Douglas, l’inspecteur de police et personnage récurrent. En reprenant l’ambiance et l’atmosphère des livres précédents, Rachel Abbott parvient à conserver l’originalité de son œuvre, tout en offrant aux lecteurs quelque chose de nouveau. Il n’est toutefois pas nécessaire d’avoir lu les tomes précédents de la série pour apprécier pleinement cette aventure pleine de rebondissements.

Lors de sa rencontre avec Emma, David était un homme détruit par le chagrin consécutif au décès de sa femme dans un accident de voiture, et à la disparition de sa fille de 6 ans , Natacha, sur les lieux mêmes de l’accident, comme si elle s’était volatilisée dans les airs. En l’aidant à surmonter cette situation, Emma lui a permis de tourner le dos au passé et d’envisager l’avenir, après six ans, d’autant qu’ils ont maintenant leur propre fils appelé Ollie.
Imaginez maintenant que vous êtes chez vous, préparant le repas tout en regardant par la fenêtre de la cuisine. Soudain vous avez une paire d’yeux derrière vous qui vous observent. C’est alors que tout change pour David et Emma.
La réapparition de Natacha bouleverse la quiétude du couple, gardant les stigmates de tout ce qu’elle a subi durant ces six dernières années, et accusant son père d’en être responsable.
Malgré les menaces proférées par Natacha, l’implication de la police va en plus aggraver les événements.

La Disparue de Noël est indéniablement à classer dans la liste des bons thrillers psychologiques dotés d’un rythme rapide, trépidant. Je prends plaisir à tourner les pages pour découvrir quel twist délicieux se présente sur la page suivante, et observer la réaction des personnages face aux nouvelles informations recueillies. Si la tension est maintenue à un niveau élevé, ce n’est pas au détriment de la construction des personnages, ni du rythme. Même les conversations tranquilles et remplies d’émotions vous laissent sentir que quelque chose ne va pas .
Les personnages de Rachel Abbott sont réalistes parce qu’ils réagissent comme des personnes réelles face à des situations extraordinaires. Le personnage de Natasha est pour moi le plus complexe car il suscite à la fois compassion et répugnance. Elle a dû faire face à des événements terribles dans sa vie et a été si malmenée. Pourtant elle débarque avec un objectif très clair, mais du fait qu’elle voit comment la vie pourrait être – ou aurait pu être – elle entre dans une situation conflictuelle, à tel point qu’on a du mal à imaginer son choix de vie en fin de roman.
Le livre soulève aussi la question de la confiance et des liens familiaux. Dans quelle mesure connaissons-nous vraiment ceux que nous aimons, et que ferions-nous réellement si ces personnes s’avéraient dangereuses ou se trouvaient face à des situations à risque ? Rachel Abbott aborde ces questions avec beaucoup d’érudition, laissant au lecteur un roman bien ficelé qui le pousse à réfléchir et à remettre sans cesse en question son jugement.

Absorbant, complexe, j’ai adoré ce livre !


Un suspense familial et hautement addictif.


Née près de Manchester, Rachel Abbott a longtemps occupé un poste d'infographiste, avant de se lancer à la poursuite d'un vieux rêve, rénover de vieilles demeures en Italie, où elle vit désormais une partie de l'année. La parution d'Illusions fatales (2014), son premier roman autopublié, classé numéro un des ventes Amazon en Angleterre, a marqué le début d'une formidable success story. Ont paru depuis Le Piège du silence (2015) et Une famille trop parfaite (2016). La Disparue de Noël est son quatrième roman à paraître chez Belfond.
Source : http://www.belfond.fr/auteur/rachel-abbott

LA DISPARUE DE NOEL  -  Rachel ABBOTT
Editions BELFOND  -  Collection LE CERCLE  -  02/11/2017