Avec
son look branché et anti-conformiste, Sara Lovestam est une nouvelle
auteure qui s’impose dans l’univers du polar nordique. Si
l’intrigue n’a rien d’original, les personnages le sont
beaucoup plus : des laissés pour compte et êtres tourmentés,
à l’image des immigrés que l’auteur côtoie en leur enseignant
le suédois.
Une
fois de plus, il est question d’une disparition d’enfant.
Pernilla, mère monoparentale suédoise, perd sa fille Julia, six
ans, lors d’une virée au centre commercial. Le hic, c’est que
Pernilla ne peut pas prévenir la police. Un privé fera donc
l’affaire : Kouplan, un jeune iranien qui s’est autoproclamé
détective. Le problème est que Kouplan vit en situation irrégulière
depuis que sa demande d’asile a été rejetée, et puisqu’il faut
bien trouver de quoi vivre, il passe une annonce proposant ses
services d’ancien journaliste d’investigation. L’enquête dans
laquelle il se lance va lui faire parcourir tout Stockholm,
spécialement le Stockholm underground, où il va côtoyer la folie
et les criminels, pour qui les clandestins sont des proies faciles.
Entre le jeune homme traqué et la mère fragilisée se noue une
relation de confiance, qui éclairera bien des zones obscures.
Sara
Lovestam décrit le monde de l’immigration et des réfugiés en
particulier d’une façon directe, réaliste et touchante. Kouplan,
le personnage principal, est extrêmement attachant dans toute sa
naïveté, sa sensibilité, son courage, sa gaucherie et son
intelligence. Paranoïaque sur les bords, il se sent constamment
surveillé. Au gré des chapitres, son histoire personnelle et
familiale se dévoile : une mère psychologue, un père
professeur, un frère disparu… On sent bien la peur, la faim,
l’inconnu , et les déchirements entre la nostalgie et l’envie
de repartir à zéro.
Pernilla,
la mère, 40 ans, est bouleversée par la disparition de sa fille.
Fuyante, elle porte en elle les blessures du passé.
Avec
une intrigue manquant d’originalité et somme toute assez mince, ce
n’est certainement pas le roman le plus haletant que j’ai pu lire
dernièrement. Mais malgré ce suspense trop faible à mon goût,
l’aspect attachant des personnages, le rythme soutenu et la
facilité de lecture du roman ont contribué à retenir toute mon
attention et maintenir mon plaisir de lecture jusqu’au bout.
Un
polar qui n’en est pas vraiment un, avec un immigré comme
détective privé ! Surprenant !
Prix
du roman étranger 2017 dans le cadre du 69ème Grand Prix de
Littérature Policière 2017.
Sara
Lövestam est née en 1980 à Uppsala. Militante LGBT,
chroniqueuse au magazine gai QX,
Sara Lövestam a longtemps enseigné le suédois aux immigrés. Elle
reçoit le prestigieux prix du Swedish Book Championship pour son
premier roman, Différente (Actes
Sud,
2013). Chacun
sa vérité,
son quatrième livre, a été récompensé par le prix de l’Académie
suédoise des auteurs de polars 2015 à la grande surprise de
l’auteure. « Je n’avais pas l’impression d’avoir
écrit un polar », confiait-elle. Bonne nouvelle : on
retrouvera l’irrésistible détective dans le deuxième volet de la
tétralogie Kouplan annoncée.
CHACUN SA VÉRITÉ - Sara LOVESTAM
Editions Robert Laffont - Collection La BÊTE NOIRE - 11/2016
Pocket - 11/01/2018
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