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lundi 25 juin 2018

UNE SECONDE DE TROP - Linda GREEN


Quatrième de couverture :

Un seconde de trop et vous perdez tout. Un, deux, trois... Lisa Dale ferme les yeux et compte jusqu'à cent lors d'une partie de cache-cache avec sa fille. Lorsqu'elle les rouvre, Ella, quatre ans, a disparu. Sans laisser la moindre trace. La police, les médias et la famille de Lisa font corps pour retrouver la fillette. Mais si leur instinct les éloignait d'Ella ? Et si le ravisseur était connu d'eux tous ? Suspense psychologique addictif, Une seconde de trop explore la culpabilité d'une mère et le cauchemar de tout parent : la disparition d'un enfant. Numéro un des ventes dès sa parution, et acclamé par la presse, ce roman vous glacera le sang. Une lecture puissante dont vous ne sortirez pas indemne.

Mon avis :

Une fois n’est pas coutume, je dois bien reconnaître que ce thriller psychologique ne m’a pas vraiment convaincu. Pourtant j’admets qu’il y a du suspense et que je l’ai lu facilement et rapidement, désireux d’en connaître l’épilogue. Serait-ce alors dû à la monotonie que j’ai ressentie à certains moments, au manque de rebondissements de l’intrigue ?

L’histoire commence plutôt bien. On fait la connaissance de Lisa, mère d’une quarantaine d’années, dont on imagine facilement la vie trépidante, partagée entre son boulot et la cellule familiale, attentionnée et attentive aux désirs et besoins de ses enfants, tout en ayant le portable à l’oreille pour répondre à un client. Prévenu par le résumé, je sens néanmoins le drame qui se pointe et l’addiction au livre qui prend forme. D’un instant à l’autre apparaissent l’inquiétude, la peur, le déni et la tension ressentis par la mère qui se culpabilise d’avoir perdu son enfant, sentiments ensuite partagés par les autres membres de la famille avec qui on partage ces journées stressantes.

Une seconde de trop constitue néanmoins une réflexion intéressante sur l’amour maternel, la perte d’un enfant, les liens entre une mère et son enfant.

Avant même votre cerveau, c’est votre corps qui se rend compte que vous avez perdu votre enfant. Le cordon ombilical invisible qui vous lie tous les deux se rompt. A l’intérieur de vous, tout s’amollit et se relâche. Et ce n’est qu’à cet instant que votre cerveau enregistre ce qui se passe. Il passe à l’action d’un coup, tâchant de convaincre votre corps qu’il se trompe. Vous faites bien sûr ce qu’il vous commande. Vous vous précipitez à l’aveuglette dans toutes les directions et vous tirez, tirez, tirez encore sur le bout de cordon qui reste en vous. Avec l’espoir qu’en y mettant suffisamment d’énergie, à force de crier, de hurler et de donner des coups de pied, vous pourriez peut-être, qui sait, encore y trouver votre enfant, si seulement vous parveniez à atteindre l’autre bout.

Mais l’auteur examine aussi le côté le plus dur de la société, comment les gens sont perçus par ceux qui n’ont qu’une idée des faits. Muriel, la seconde narratrice, dont le témoignage alterne avec celui de Lisa, représente bien ces personnes qui feraient bien de balayer devant leur porte. Muriel est une femme dominatrice, qui veut tout régenter tout le temps. En témoignent les extraits du journal intime de Matthieu, le fils de Muriel, qui nous parle de ses rapports conflictuels avec sa mère autoritaire et de ses états d’âme qui en découlent.
On prend conscience aussi du rôle de la presse et des réseaux sociaux qui influencent si facilement le jugement de la société. Les antécédents familiaux de Lisa sont scrutés, son frère est considéré comme suspect à cause de son esprit rebelle et d’agissements antérieurs, son père instable, …

Je ne peux en dire trop au risque de dévoiler une partie de l’intrigue. Mais malgré mon aventure livresque plutôt moyenne, je tiens malgré tout à dire que ce thriller psychologique tient la route jusqu’au bout, suscitant chez le lecteur une compassion vis-à-vis des parents qui ont perdu leur enfant, l’envie de voir aboutir l’enquête policière, et la crainte que le ravisseur fasse du mal à l’enfant. Un bon moment de lecture au bout du compte !




Linda Green est journaliste et a collaboré à The Guardian et The Independent. Elle vit aujourd'hui dans les West Yorkshire avec son mari et son fils de onze ans.



UNE SECONDE DE TROP  -  Linda GREEN
PRÉLUDES Editions  -  23/05/2018

lundi 18 juin 2018

LES CHIENS DE DETROIT - Jérôme LOUBRY


DÉTROIT A PERDU SES REPÊRES.
SES HABITANTS L’ABANDONNENT.
SES ENFANTS DISPARAISSENT.
2013, à Détroit. Cette ville qui a été la gloire de l’Amérique n’est plus qu’une ruine déserte, un cimetière de buildings.
Cette nuit-là, la jeune inspectrice Sarah Berkhamp mène le groupe d’intervention qui encercle une maison et donne l’assaut. Mais aucun besoin de violence, le suspect attend, assis à l’intérieur. Il a enlevé cinq enfants. Et il est sans doute le Géant de brume, le tueur insaisissable qui a laissé derrière lui sept petits corps, il y a quinze ans. Alors pourquoi supplie-t-il Sarah : « Aidez-moi… » ?
L’histoire s’ouvre donc avec l’arrestation du coupable. Et pourtant, elle ne fait que commencer. À Détroit, personne n’est innocent…
__________

Il était une fois, dans un village reculé, une créature qu’on appelait le Géant de brume. Chaque nuit, lorsque la lune voilée par les nuages n’éclairait qu’à moitié, et que la brume humide léchait les maisons, il venait enlever les enfants qu’on ne revoyait jamais.

C’est en 1998 que commencèrent les premières disparitions. Sept enfants. Sept corps retrouvés, meurtris, sauvagement assassinés. L’enquête n’a jamais abouti. L’inspecteur Stan Mitchell qui en avait la charge subit encore maintenant les conséquences de cet échec. C’est aussi la raison pour laquelle il reconnaît rapidement la patte du tueur, en 2013, soit quinze ans plus tard, quand de nouvelles disparitions d’enfants sont signalées. Cette fois, c’est Sarah Berkhamp, jeune inspectrice, qui est chargée de cette nouvelle traque malgré elle, avec Stan pour adjoint. Le temps presse. Aucun cadavre n’est retrouvé. Où le Géant de brume cache-t-il les enfants ? Sont-ils vivants ?
L’auteur alterne deux enquêtes, celle de 1998 et l’actuelle. D’entrée de jeu, on assiste à l’arrestation du suspect. L’homme reste étonnamment calme malgré l’intervention armée et énergique des forces de l’ordre. « Aidez-moi. Vous êtes ma rédemption. » dit-il. Que signifient ces mots ?
Jérôme Loubry, dont c’est le premier roman, crée une ambiance particulièrement glauque en plantant le décor dans la ville américaine de Détroit, une ville frappée de plein fouet par la crise des subprimes, une ville désertée par ses habitants, où seuls les plus pauvres semblent rester, ceux qui n’ont pas les moyens de partir ou plus l’envie de tenter leur chance ailleurs. Les rues et les quartiers deviennent fantômes. Les toitures de milliers d’habitations s’affaissent en silence tandis que le bitume des routes se fissure de douleur. Les descriptions de l’auteur permettent une immersion du lecteur dans cette ville grise dont on ne sort pas indemne, et une comparaison évidente entre celle-ci et les personnages que la vie n’a pas épargnés.
L’inspecteur Stan Mitchell, aussi appelé Molosse à cause de sa corpulence trapue et puissante ainsi que de sa réputation de ne jamais rien lâcher, ne s’est jamais pardonné l’échec de la première enquête. Il devient alcoolique et violent, et en subit les conséquences : mariage raté, éloignement de son fils.
Sarah Berkhamp, jeune inspectrice, a aussi sa part d’ombre. Depuis l’enfance elle souffre d’une schizophrénie légère accompagnée d’hallucinations auditives, des voix qui lui dictent des impressions, impressions qui peu à peu vont donner un côté étrange mais que l’auteur arrive à rendre très plausibles, puisqu’elles nous guident vers la solution.
Les chiens de Détroit est un roman envoûtant, à l’atmosphère sombre et intense. Les chapitres courts, sans aucune fioriture, donnent à la lecture un rythme soutenu. Un vrai page-turner à dévorer avec délectation.

Né en 1976 à Saint-Amand-Montrond. Il a d’abord travaillé à l’étranger et voyagé tout en écrivant des nouvelles. Désormais installé en Provence, il publie en 2017 son premier roman.
LES CHIENS DE DETROIT  -  Jérôme LOUBRY
CALMANN-LEVY  -  11/10/2017







mardi 12 juin 2018

ÂMES VOLÉES - Stuart NEVILLE


Quatrième de couverture :

L'inspecteur Jack Lennon aurait bien aimé passer Noël avec sa fille, mais la police de Belfast est confrontée à un trafic de filles venues de l'Est, orchestré par des Lituaniens alliés à un groupe de Loyalistes. Galya, jeune prostituée ukrainienne, a pris la fuite après avoir tué l'un des deux chefs du gang. Lorsque le corps de Tomas est découvert, son frère Arturas n'a plus qu'une pensée en tète : rattraper Galya et assouvir sa vengeance. Que faire quand on est sans papiers dans un pays inconnu, qu'on a tué un homme et qu'on est poursuivie par des Lituaniens enragés ? Se tourner vers un protecteur. Galya a confiance en ce mystérieux client qui lui a promis de l'aider. Ce que la jeune fille ne sait pas, c'est que cet homme représente la pire menace qu'on puisse imaginer. Dans ce troisième volume de la trilogie de Belfast, on retrouve l'inspecteur Jack Lennon aux côtés d'une héroïne inoubliable qui lutte pour sauver sa vie.

Mon avis :

Me replonger dans les aventures de Jack Lennon reste un vrai plaisir tant j’affectionne particulièrement le style de l’auteur, Stuart Neville. Âmes volées est le troisième tome de cette série, publié en français par les Editions Rivages en 2013, et réédité en format poche dans la collection Rivages/Noir en 2017.

Comparé aux deux tomes précédents, dont le second est vraiment la suite du premier, celui-ci est en quelque sorte une autre aventure de l’inspecteur Jack Lennon, et peut dès lors être lu séparément, même si quelques allusions font référence aux tomes précédents, de même que la présence de l’un ou l’autre personnage récurrent.
L’histoire se déroule une fois de plus en Irlande du Nord, même si les thèmes développés sont l’esclavagisme moderne et la traite des êtres humains, thèmes malheureusement non spécifiques à ce pays.

D’emblée on rentre dans un récit captivant où une jeune prostituée poignarde un redoutable malfrat qui n’est autre que le frère d’un chef de gang respecté.
Accrochez les ceintures, ça secoue ! Ça secoue d’emblée, et loin de se calmer le rythme s’accélère tout du long. Stuart Neville utilise à bon escient les codes du genre pour entretenir le suspense et captiver son lecteur : chasse à l’homme (et à la femme), règlements de comptes, courses poursuites, flics véreux, truands sans morale, ...
Neville a le sens du rythme, une maîtrise impressionnante du tempo et du découpage du récit au service d’un suspense implacable.
Par rapport aux tomes précédents, il développe le côté thriller par l’introduction d’un personnage psychopathe, pasteur illuminé, instrument du Seigneur, qui se croit chargé d’une mission divine en sauvant les âmes des prostituées. Âmes sensibles et coeurs fragiles s’abstenir.



Parmi les personnages suscitant le plus d’empathie, il y a évidemment l’inspecteur Jack Lennon, flic rejeté par sa famille et ses collègues, pour être un catholique travaillant dans la police protestante d’Irlande du Nord. Après avoir perdu sa femme, il essaie d’assumer son rôle de père vis-à-vis de sa fille Ellen, un semblant de vie de famille pas toujours conciliable avec son boulot de flic et la charge de travail imposée par ses supérieurs et collègues dont certains n’hésitent pas à accepter des dessous-de-table de la pègre pour arrondir leurs fins de mois. Malgré ses faiblesses, Jack refuse toute compromission et corruption, ce qui ne fait qu’accentuer ses conflits avec sa hiérarchie.

Galya, la jeune prostituée, est l’exemple type de fille subissant la prostitution. Ukrainienne, issue d’une famille défavorisée, elle accepte les propositions d’émigration vers l’Irlande du Nord afin d’y trouver un emploi bien rémunéré et venir en aide à sa famille. Non seulement des individus peu scrupuleux en ont décidé autrement, mais en plus elle tombe dans les griffes d’un psychopathe qui prétend la délivrer. Forte et courageuse , elle va faire preuve d’acharnement pour rester en vie. Ses pleurs et ses appels à l’aide à sa mama sont bouleversants.

Quant aux méchants, je citerai principalement Arturas Strazdas et Herkus, son homme de main. Arturas est le chef du gang lituanien. Élevé par une mère tyrannique, il n’a aucun respect pour la vie humaine mais voue à sa mère une obéissance absolue lorsque celle-ci réclame vengeance pour le meurtre de son fils. Arturas semble même content d’être débarrassé d’un frère instable, bagarreur, souvent source d’ennuis, mais il tremble en entendant la voix de sa mère, allant même jusque mettre sa vie en danger pour la satisfaire.

Herkus est un ex-militaire, gros gabarit, fumier sans états d’âme, l’exécuteur des basses besognes pour le compte de Arturas.

Âmes volées est un polar/thriller qui ne s’oublie pas de sitôt, qui secoue, qui laisse des traces, pour notre plus grand plaisir.



ÂMES VOLÉES  -  Stuart NEVILLE
Editions RIVAGES  -  2013
Format poche - Editions RIVAGES/NOIR  -  04/01/2017

samedi 2 juin 2018

OPÉRATION NAPOLÉON - Arnaldur INDRIDASON


Au printemps 45, vers la fin de la seconde guerre mondiale, un bombardier allemand Junkers JU 52 s’envole de Berlin pour une mission secrète. Pris dans une tempête au-dessus de l’Islande, il se crashe sur le plus grand glacier d’Europe, le Vatnajokull. Depuis cette date les américains n’auront de cesse de retrouver l’épave. Et c’est justement ce qu’un satellite vient enfin de localiser.  La Delta Force est déployée sur place pour récupérer la carlingue, les cadavres congelés et aussi ce qui semble un secret explosif de cette fin de guerre. On parle d'une bombe H allemande, d'or nazi... Fantasmes. Lors des opérations sur le glacier, le jeune Elias, à l'entraînement avec une équipe de sauvetage, voit la scène et prévient sa sœur Kristin, avocate, à Reyjkjavik. Les services secrets américains vont alors tout faire pour museler l'information. Au mépris des règles diplomatiques, humaines...

Considéré comme roman indépendant par rapport à la série du commissaire Erlendur et à la trilogie des ombres, Opération Napoléon de l’auteur islandais Arnaldur Indridason est publié en français en 2015, alors que c’est un livre publié en version originale en 1999. Il se situe donc parmi les premiers romans de l’auteur, avant même La Cité des jarres.


Il est ainsi intéressant de se rendre compte de la valeur de l’auteur avant Erlendur, série qui lui a déjà valu de nombreux prix.

Cela fait déjà quelques années que je n’ai plus lu un seul livre de cet auteur, probablement attiré par d’autres lectures, d’autres découvertes, mais j’en garde une excellente appréciation. Opération Napoléon, que je classerais dans le genre aventure/suspense, plutôt que thriller comme la série Erlendur, m’a en tout cas procuré autant de plaisir de lecture.

J’y ai retrouvé la patte de l’auteur qui sait capturer l’attention du lecteur par une intrigue solide et captivante, et des personnages forts qui suscitent ou non de l’empathie, telle l’héroïne, espèce de Lara Croft islandaise, qui n’écoute que son courage pour sauver son frère et affronter à la fois le terrible glacier et l’odieux méchant.
Le suspense est présent tout au long de la lecture. On s’interroge sur cette fameuse cargaison ultra secrète que transportait l’avion. Pourquoi avoir ainsi nommé cette opération ? Comment évolue l’état d’Elias, le frère de Kristin ? Comment va-t-elle s’y prendre pour réussir sa mission face à la Delta Force américaine ?
La lecture est agréable et rythmée, à la manière d’un roman d’espionnage pour autant que l’on accepte l’invraisemblance de certains faits : course-poursuite, flingage dans la rue, …


JUNKERS JU-52
Arnaldur Indridason en profite aussi pour évoquer un problème épineux qui divise la population islandaise, à savoir la présence d’une armée étrangère sur le sol islandais.

Je ne peux pas supporter l’idée qu’une armée soit présente sur le sol islandais, qu’elle soit américaine, britannique, française, russe ou chinoise. Je ne l’accepterai jamais – plutôt mourir ! Et plus le débat se recentre sur les questions d’argent, d’emploi, de licenciements et d’économie en général, plus ça me rend dingue. Il est inconcevable que nous soyons dépendants, financièrement, d’une armée. Quel genre de pays faut-il être pour faire ce genre de choses ?

Bien que l’Islande soit un petit pays, cela nous montre bien à quel point il est épris de son indépendance.
L’épilogue permet à Indridason de nous surprendre une dernière fois. Après tout, pourquoi s’empêcher de prendre un peu de liberté avec l’Histoire, surtout quand on écrit une fiction. Cela permet au moins de répondre à la dernière question que se pose encore le lecteur.



OPÉRATION NAPOLÉON  -  Arnaldur INDRIDASON
METAILIE - 2015
Format poche : POINTS 2016