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samedi 12 novembre 2016

IL RESTE LA POUSSIERE - Sandrine Collette

Patagonie. Dans la steppe balayée de vents glacés, un tout petit garçon est poursuivi par trois cavaliers. Rattrapé, lancé de l’un à l’autre dans une course folle, il est jeté dans un buisson d’épineux. 
Cet enfant, c’est Rafael, et les bourreaux sont ses frères aînés. Leur mère ne dit rien, murée dans un silence hostile depuis cette terrible nuit où leur ivrogne de père l'a frappée une fois de trop. Elle mène ses fils et son élevage d’une main inflexible, écrasant ses garçons de son indifférence. Alors, incroyablement seul, Rafael se réfugie auprès de son cheval et de son chien. 
Dans ce monde qui meurt, où les petits élevages sont remplacés par d’immenses domaines, l’espoir semble hors de portée. Et pourtant, un jour, quelque chose va changer. Rafael parviendra-t-il à desserrer l’étau de terreur et de violence qui l’enchaîne à cette famille?



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La steppe en Argentine, en Patagonie. La mère, quatre fils: des jumeaux Mauro et Joaquin, Steban et Rafael le dernier. Le père n'est plus là. Elle gère son estancia, les boeufs, les moutons, les chevaux et les chiens. Des relations familiales inexistantes, l'environnement est difficile. 
Certes, il y a les grands espaces, les courses à cheval, des élevages de plus en plus grands, la nature, mais la vie est rude, le travail harassant, la mère, cruelle, qui ordonne, commande, dirige sans état d'âme. "Elle les déteste tous, tout le temps". Les sentiments sont inexistants hormis la haine qui enveloppe l'espace et ne demande qu'à s'extérioriser. La nature est aride, les relations familiales sont sans issue et remplies de violence. Chaque membre de la famille a droit à son chapitre pour exprimer ses émotions, son ressenti, ses jalousies, ses envies, ses déboires, ses vengeances... 
Sandrine Collette nous offre ici une nouvelle facette de son talent. Elle devient conteuse. Neutre. Ses personnages sont plus horribles les uns que les autres. Seuls Rafael et son aîné, Steban, qui subit lui aussi les foudres des jumeaux et les remarques de sa mère, échappent parfois aux descriptions vengeresses de l’auteur.
Les grands espaces d’un côté et l’intime de l’autre. L’intime dans l’absence des relations au sens où la fraternité n’existe pas ici.
Comme souvent chez Collette, il n’y a pas de rédemption. Pas d’aide ou si peu. Chacun doit s’en sortir seul et écraser l’autre.
Sa langue est âpre, sèche et tendue. Ses descriptions nous font ressentir la dureté de la vie de ces fermiers. Les sentiments, absents la plupart du temps, sont d’autant plus violents quand ils affleurent.
La mort, omniprésente, chez les hommes ou les animaux, devient presque banale. Mais l’auteur, habilement, à travers un autre personnage, nous la fait ressentir cruellement à travers, par exemple les pages extraordinaires consacrées à une agonie longue, difficile, repoussée le plus loin possible. Même les mauvais, les plus terribles, s’accrochent à la vie, n’ont de sentiments que pour eux, leur argent, un futur possible.
La fin du roman ne surprend pas. Elle était attendue presque depuis le début. Seuls quelques événements inattendus la retardent, la repoussent avec des alliances contre nature qui finissent par exploser.
Et le calme, enfin, qui revient. La nature, les animaux, la ferme qui reprend ses droits et offre, peut-être, une seconde chance…

Il reste la poussière - Sandrine Collette
Editions Denoël - Collection Sueurs Froides - 25/01/2016

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