Quatrième de couverture :
1977,
Ohio. Lydia Lee, seize ans, est une élève et une fille modèle.
Elle est le grand espoir de son père, d'origine chinoise, qui
projette sur elle ses rêves d'intégration, et de sa mère qui
espère à travers elle accomplir ses ambitions professionnelles
déçues. Mais à quoi rêve Lydia en secret ? Lorsque la police
découvre son corps au fond d'un lac, la famille Lee, en apparence si
soudée, va affronter ses secrets les mieux gardés, car plus rien ne
sera pareil. La disparition de Lydia vire soudainement à l'autopsie
familiale. Connaît-on jamais vraiment ses proches ?
Mon avis :
Avec ce premier roman, Celeste Ng s’impose d’emblée comme un
auteur à suivre. Tout ce que je ne vous ai jamais dit est un
thriller littéraire qui fait abstraction du moindre serial killer.
Tous commence par une fille disparue, un lac, un bad boy local qui
fut l’un des derniers à la voir mais ne dit pas ce qu’il sait.
On est en 1977, dans une ville tranquille et entièrement américaine
de l’Ohio, où tout le monde se connaît, et où rien de tel ne
s’est jamais produit auparavant.
Suivre la famille Lee, c’est suivre l’histoire d’une Amérique
des petites villes dans les années 60-70, suivre une histoire
terrible, une histoire d’enfermement, au travers des destins des
cinq personnages qui composent la famille.
Pas vraiment de suspense dans ce livre puisqu’on sait d’emblée
que Lydia est morte. Tout le roman est la subtile construction du
mécanisme implacable qui a conduit à cette fin. Chacun va devoir
affronter ses secrets, ses espoirs déçus, ses frustrations, ses
haines et sa culpabilité. Le mystère est pourquoi ils ne peuvent se
parler, ou dire à la police ce qu’ils croient être derrière
cette disparition.
La frustration du père est liée à ses origines chinoises. Non
seulement il a épousé une belle blonde américaine, mais il est
aussi professeur d’université. Cela ne l’empêche pas d’être
persuadé qu’il ne mérite pas totalement sa place et sa famille,
souffrant en permanence de n’avoir aucun ami.
Dans chaque restaurant les serveuses avaient observé son père, puis
sa mère, puis Lydia et Nath et Hannah, et Lydia avait su, même
enfant, qu’ils ne reviendraient jamais. Depuis, il a donné des
cours chaque été, comme pour éviter de soulever la question des
vacances en famille.
Les enfants d’origine métisse peinent souvent à trouver leur
place. « Si elle avait été blanche, si j’avais été blanc,
… elle se serait intégrée. Déménager n’aurait pas suffi ;
il le comprend désormais. Ça aurait été la même chose partout.
Souviens-toi juste de ce qui compte vraiment. Être sociable. Être
populaire. S’intégrer. Vous n’avez pas envie de sourire ?
Et alors ? Forcez-vous. Ne critiquez pas, ne condamnez pas, ne
vous plaignez pas.
Maryline, la mère, s’en veut de n’être pas allée au bout de
ses ambitions – devenir médecin – mais d’avoir écouté sa
mère qui voyait en elle une parfaite femme au foyer qui s’occupe
de la maison et prépare de bons petits plats pour son mari. Aussi
reporte-t-elle sur Lydia la réalisation de ses espoirs déçus.
Dans son esprit, Marilyn déroulait l’avenir de Lydia comme un long
fil doré, certaine que c’était celui que sa fille voulait
également : Lydia en talons hauts et en blouse blanche, un
stéthoscope autour du cou ; Lydia penchée au-dessus d’une
table d’opération, un cercle d’hommes s’émerveillant de son
habilité. Chaque jour, ça semblait de plus en plus possible.
Toute sa vie elle avait entendu le coeur de sa mère marteler un
unique mot : médecin, médecin, médecin. Elle le désirait
tellement, Lydia le savait, qu’elle n’avait plus besoin de le
prononcer. Il était toujours là. Lydia ne pouvait s’imaginer un
autre avenir, une autre vie. C’était comme essayer d’imaginer un
autre monde où le soleil tournerait autour de la lune, ou bien où
l’air n’existerait pas.
La
prison d’Hannah, la cadette, c’est le grenier où elle dort,
l’absence totale d’attention et d’amour de parents entièrement
focalisés sur les deux aînés.
Elle n’a jamais osé s’asseoir aussi près de Nath jusqu’alors ;
lui, Lydia, leur père et leur mère sont trop prompts à l’ignorer
ou à la repousser. « Hannah, je suis occupé. Je suis en train
de faire quelque chose. Laisse-moi tranquille. »
Ils avaient installé sa chambre dans le grenier, où l’on
conservait les choses dont on ne voulait pas, et même à mesure
qu’elle grandissait, chacun d’entre eux oubliait, de façon
fugace, qu’elle existait.
La
prison de Lydia et Nath – le frère aîné – ce sont non
seulement leurs parents qui projettent sur eux leurs frustrations et
leurs imposent leurs désirs refoulés, mais aussi les autres élèves
pour lesquels ils sont et restent des chinois, des métis, et rien
d’autre.
Un jour, elle avait déjà commencé à sentir à quel point il
serait difficile d’hériter des rêves de leurs parents. A quel
point leur amour serait étouffant.
Ng a
structuré son livre afin que nous passions des théories de la
famille Lee à la propre histoire de Lydia, et à ce qui a conduit à
sa disparition et à sa mort, et nous mener vers une conclusion
finale dévastatrice. On comprend les raisons des uns et des autres,
comment chaque bonne intention ne fait qu’accroître l’enfer
familial. La famille est finalement bourreau sans le vouloir, et
victime d’une société qui a bien l’intention de faire du mal.
Une histoire
bouleversante. Un roman fin et subtil.
Celeste
Ng est une romancière et nouvelliste, née
à Pittsburgh, Pennsylvanie, en 1980.
Originaires de Hong Kong, ses parents se sont installés aux États-Unis à la fin des années soixante. Son père, physicien, a travaillé au Glenn Research Center et sa mère, chimiste, a enseigné à l'Université d'État de Cleveland.
Celeste obtient un BA d'anglais à l'Université Harvard en 2002, puis un MFA en écriture à l'Université du Michigan.
Son premier roman, "Tout ce qu'on ne s'est jamais dit" (Everything I Never Told You, 2014) a été récompensé aux USA par le Alex Award et le Massachusetts Book Award en 2015, et en France par le Prix Relay des Voyageurs - Lecteurs 2016.
Celeste Ng vit à Cambridge, dans le Massachusetts, avec son mari et son fils.
Originaires de Hong Kong, ses parents se sont installés aux États-Unis à la fin des années soixante. Son père, physicien, a travaillé au Glenn Research Center et sa mère, chimiste, a enseigné à l'Université d'État de Cleveland.
Celeste obtient un BA d'anglais à l'Université Harvard en 2002, puis un MFA en écriture à l'Université du Michigan.
Son premier roman, "Tout ce qu'on ne s'est jamais dit" (Everything I Never Told You, 2014) a été récompensé aux USA par le Alex Award et le Massachusetts Book Award en 2015, et en France par le Prix Relay des Voyageurs - Lecteurs 2016.
Celeste Ng vit à Cambridge, dans le Massachusetts, avec son mari et son fils.
Source :
Babelio.com
TOUT CE QU'ON NE S'EST JAMAIS DIT - Celeste NG
SONATINE 2016
POCKET 2017