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vendredi 27 avril 2018

LA VIE SECRÈTE D'ELENA FABER - Jillian CANTOR


La vue du roman de Jillian Cantor m’a donné l’envie de mettre de côté mes lectures habituelles que sont les thrillers et romans noirs. Le secret suggéré dans le titre m’aurait-il influencé ? Le suspense de cette histoire allait-il être suffisant pour m’y attacher ?

La vie secrète d’Elena Faber est une fiction historique inspirée par de vrais événements.
On en oublie pourtant ce côté fictif tant tout cela semble réel et possible. Je suppose que c’est ce qui rend cette lecture incroyable et émouvante. Essuyant quelques larmes s’échappant de mes yeux, j’ai pensé : quelle histoire incroyable !

L’histoire couvre deux périodes différentes, et raconte deux histoires qui pourraient aussi bien être déconnectées que liées ensemble, tenues par un timbre de la seconde guerre mondiale sur une lettre non ouverte.
Jillian Cantor nous parle d’amour et d’espoir, de perte et de tragédie. L’amour peut-être perdu et déchiré, mais il ne peut jamais être oublié ou atténué avec le temps.




Timbres autrichiens émis durant l'occupation allemande.
La période actuelle du livre se déroule à Los Angeles en 1989, où Katie Nelson est une écrivain qui essaie de se remettre des ravages que son divorce a créés et de se reconstituer une nouvelle vie. Elle essaie de faire face à la mémoire malade de son père, atteint de la maladie d’Alzheimer, et à la sensation de perdre l’homme qu’elle a toujours connu, quand elle tombe sur sa collection de timbres, pour laquelle il l’a emmenée dans de nombreuses brocantes et autres ventes au cours de son enfance.
Voulant en connaître l’estimation de la valeur, elle l’amène chez un philatéliste professionnel, Benjamin, qui découvre un timbre inhabituel sur une lettre non ouverte.
Ensemble, ils se lancent dans une recherche qui va leur révéler que certains timbres ont plus de valeur que celle financière qu’ils peuvent avoir. Ils vont être confrontés à des vérités douloureuses et à une profonde tristesse qui vont les obliger à revoir leur vision de la vie.

Alternant présent et passé, l’auteur nous révèle la dure réalité de la guerre en nous emmenant dans l’Autriche occupée par les nazis. Kristoff est un jeune apprenti de Frederik Faber, graveur de timbres juifs, et devient par la même occasion amoureux de sa fille Elena, fugueuse et rebelle. Hélas les choses se compliquent rapidement en novembre 1938, lors de la nuit de cristal, nom donné aux violents pogroms anti-juifs. Alors que la famille Faber est disloquée, Elena et Kristoff vont unir leurs efforts pour résister à l’occupation. 

Un edelweiss, symbole d’amour, d’audace et de courage, apporte une touche de tendresse à cette histoire.

Kristoff savait que l’edelweiss revêtait une signification particulière en Autriche, qu’il était le symbole de la pureté, de l’amour et de la noblesse, et que ces fleurs poussaient très haut sur les montagnes, dans les endroits les plus inattendus et les plus difficiles d’accès.
Nombreux sont les hommes qui sont morts en voulant escalader les pentes rocheuses où poussent les edelweiss. Ils veulent prouver leur amour à une demoiselle en lui offrant une fleur aussi belle et noble.

Je n’en dirai pas plus sur l’histoire de Katie et Benjamin, Kristoff et Elena. Par contre, je vous invite à vous immerger dans celle-ci pour ressentir la perte et la douleur, mais aussi le pouvoir de l’amour et d’une foi inébranlable.




Jillian Cantor est diplômée d'anglais. Elle est née et a grandi dans la banlieue de Philadelphie et vit actuellement avec son mari et ses deux enfants dans l'Arizona. La Vie secrète d'Elena Faber est son premier roman traduit en France.

LA VIE SECRÈTE D'ELENA FABER  -  Jillian CANTOR
PRÉLUDES  -  04/04/2018




vendredi 20 avril 2018

JE NE T'OUBLIE PAS - Sébastien DIDIER


Une disparition inexpliquée, un passé impossible à effacer... Le cauchemar ne fait que commencer. 
Un seul SMS aura suffi à faire basculer la vie de Marc Vasseur. Un SMS de rupture.
Mais pourquoi sa femme quitterait-t-elle du jour au lendemain une famille et une vie en tous points idylliques ? 
L'enquête piétine. Et ce ne sont pas les voisins des Vasseur à Bellevue Park qui la feront avancer. Dans ce luxueux lotissement privé, discrétion et silence ont été érigés en art de vivre. 
Trois mois après la disparition de Sandra, Marc reçoit un message accompagné d'une photo. Celle d'une jeune fille qu'il n'a jamais vue mais qui arbore un médaillon. Ce bijou, il le reconnaît, il en est sûr, c'est celui que portait Sandra. Celui qu'elle ne quittait jamais. 
Que fait-il au cou de cette inconnue ? A-t-elle un lien avec la disparition de sa femme ? 
Marc lance alors ses dernières forces à la recherche de cette fille.
Et c'est un voyage au plus profond de la noirceur de l'âme humaine qui l'attend.

Je ne t’oublie pas m’a complètement bluffé. Sébastien Didier, encore inconnu il y a peu, débarque dans le monde de l’édition via Fyctia, une plateforme d’écriture et d’auto-publication, avec un thriller bourré de suspense et d’adrénaline, complètement addictif !
D’emblée on rentre dans l’action et le rythme ne faiblit pas. Les chapitres courts (89 chapitres pour 430 pages), la fluidité de l’écriture, le développement de l’intrigue et le rythme dynamique et haletant sont autant d’atouts pour accrocher le lecteur et le garder jusque la fin, voire même jusqu’à la fin de l’épilogue dans lequel l’auteur arrive encore à nous surprendre !
Les personnages principaux sont attachants et suscitent beaucoup d’empathie dans leur quête de retrouver la disparue. Marc, le mari de Sandra, en particulier. Dans un premier temps, il comprend la détresse de sa fille mais hésite à prendre des risques de peur que celle-ci devienne orpheline s’il lui arrivait un malheur. En même temps il se culpabilise d’avoir entraîné sa famille dans la tourmente pour assouvir son désir de luxure en habitant une propriété accessible uniquement à une élite. Finalement sa volonté et sa rage pour retrouver sa femme l’emportent et lui donnent l’énergie de se battre contre des adversaires redoutables.
La noirceur est bien présente et certaines scènes cruelles insoutenables, mais leur insertion entre d’autres scènes d’actions ou d’émotions assure un équilibre plus supportable.

Quand vous avez présidé à la destinée de pays, quand vous avez acquis suffisamment d’argent pour ne plus savoir qu’en faire jusqu’à la fin de vos jours, quand vous avez tenu le sort de millions de personnes dans le creux de votre main, que leur vie était susceptible de changer selon la façon avec laquelle vous resserriez votre poigne, alors je vous le demande, qu’est-ce qui peut encore être excitant ?

Contourner, biaiser, se cacher, piéger. Porter le masque. Il ne comptait plus ces moments de solitude dans lesquels il s’enfonçait dans une profondeur si abyssale des tourments de son âme qu’il pensait bien ne plus jamais pouvoir remonter à la surface. Il viendrait bien un jour où la bête larvée en lui n’accepterait plus d’être ainsi refrénée. Elle réclamait toujours plus, peinait à être rassasiée. Il était peut-être temps de commencer à trouver quelque chose qui puisse le catalyser, équilibrer ses pulsions, du moins pendant quelque temps.


Je ne t’oublie pas est un thriller captivant que je vous recommande sans hésitation.



JE NE T'OUBLIE PAS  -  Sébastien DIDIER
Auto-publication  -  Disponible en version numérique sur AMAZON.FR
https://www.amazon.fr/Je-toublie-pas-Sebastien-Didier-ebook/dp/B07BTC3LZK/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1524249453&sr=1-1&keywords=je+ne+t%27oublie+pas




lundi 16 avril 2018

QUI JE SUIS - Mindy MEJIA


On peut dire de Hattie Hoffman qu’elle est une lycéenne exemplaire : bonne étudiante, enfant facile, bonne amie, actrice talentueuse, …
Alors quand elle est retrouvée assassinée après la pièce de théâtre du lycée, MacBeth dans laquelle elle avait le rôle principal, personne ne peut y croire. La question que tout le monde se pose évidemment est … Qui a tué Hattie Hoffman ?

L’histoire est racontée de trois points de vue différents, en alternance chapitre après chapitre. Ceux de Hattie elle-même et de Peter Lund, professeur d’anglais au lycée, nous en apprennent énormément sur la genèse de ce drame durant les mois qui l’ont précédé. Celui du shérif Del Goodman évoque l’évolution de son enquête au cours des journées qui ont suivi la découverte du corps.

Ce dernier est un grand ami de la famille Hoffman, en particulier de Bud, le père de Hattie. Aussi met-il un point d’honneur à élucider cette affaire d’une façon irréprochable et le plus rapidement possible.



Sous ses airs de jeune fille méritante et intelligente, Hattie passe sa vie à jouer des rôles. Dans la vie comme au théâtre, elle se transforme et joue le personnage que tout le monde veut qu’elle soit. Que ce soit par exemple en faisant semblant d’avoir peur afin de repousser son frère aîné la taquinant quand elle était petite, ou en prétendant s’intéresser au football ou divers autres sujets afin de se faire des amis ou d’entrer en contact avec des personnes qui l’intéressent. Mais jouer tous ces rôles devient épuisant.
Au fond d’elle-même, elle veut juste que quelqu’un l’aime pour ce qu’elle est vraiment, et garde l’espoir que sa vraie vie commence un jour.



Il est difficile d’en dire plus au sujet de ce livre au risque d’en dévoiler un peu trop, et le mieux pour l’apprécier vraiment est de ne pas en savoir plus avant d’en commencer la lecture.

Rapidement on apprend ce qui s’est passé, mais cela n’empêche pas de suivre avec un grand intérêt les dernières semaines de la vie d’Hattie, parallèlement à l’enquête qui a suivi le drame. La complexité des personnages, qu’ils soient attachants ou non, fait ressortir beaucoup de sentiments différents au cours de la lecture.

Qui je suis est un thriller psychologique convaincant, surprenant et plein de suspense, avec une intrigue particulièrement intéressante. J’ai beaucoup apprécié.



Mindy Mejia est une auteure américaine.
Diplômée d'un BA à l'Université du Minnesota et d'un MFA à l'Université Hamline, elle a travaillé comme gestionnaire de crédit.
Elle est auteure des nouvelles publiées dans diverses anthologies dont "Things Japanese: A collection of short stories" (2009) et "Atria Mystery Sampler 2016" ainsi que dans THIS Literary Magazine.
"The Dragon Keeper" (2012) est son premier roman, suivi de "Qui je suis" (Everything You Want Me to Be, 2017).
Mariée et mère de deux enfants, elle vit à Minneapolis–Saint Paul dans le Minnesota.

son site : http://mindymejia.com/



QUI JE SUIS  -  Mindy MEJIA
MAZARINE Editions  -  21/03/2018

mercredi 4 avril 2018

SILVER WATER - Haylen BECK


Après l’abandon d’une précédente lecture, je n’arrivais pas à me décider pour la suivante. Tombé par hasard sur Silver Water de Haylen Beck, je sus que c’était le livre que je voulais lire. L’intrigue semblait intéressante et j’étais à peu près certain que j’allais apprécier. J’avais raison. Après avoir lu seulement quelques pages, j’étais totalement absorbé par cette histoire.

Celle-ci commence alors qu’Audra Kinney et ses deux enfants, Sean, dix ans, et Louise, quatre ans, traversent l’Arizona pour se rendre en Californie. Audra les éloigne de leur père, un mari violent. Elle respecte scrupuleusement le code de la route car elle ne tient pas à attirer l’attention des forces de l’ordre, étant donné que la décision de garde des enfants n’a pas encore été prononcée par les tribunaux.
Malgré cela, elle se fait arrêter par le shérif local pour un simple contrôle de routine, un contrôle qui ne prend pas la tournure escomptée et finit en garde à vue.
Le shérif appelle en renfort sa collègue, une femme officier, pour s’occuper des enfants.
Je pouvais sentir la panique d’Audra, celle des enfants… qu’est-ce qui se passe ?
Alors qu’Audra essayait de se calmer en respirant profondément, je me suis retrouvé à faire de même.

Parmi les personnages principaux, Sean, le fils aîné d’Audra est impressionnant, peut-être à la limite de la crédibilité tant ses attitudes, ses raisonnements, semblent être un peu trop matures pour un enfant de cet âge. Comme preuve son comportement qui se veut rassurant avec sa petite sœur lorsque le shérif emmène sa maman. Bien que le shérif lui dise que tout ira bien, Sean ne le croit pas. Il voit quelque chose dans les yeux du shérif qui les regarde, quelque chose qui le terrifie. D’autres comportements de Sean, un peu trop adultes à mon goût, à d’autres moments, m’ont fait repenser à cela mais je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler l’histoire.

Il existe aussi des rapports et échanges de courriels qui ajoutent plus d’ampleur à l’histoire et donnent aux lecteurs une idée de l’endroit où les choses se dirigent.

Audra se sent impuissante et seule face à l’autorité du shérif et des forces de l’ordre qui vont se charger de l’enquête. Elle doit pourtant être forte pour ses enfants. Nous en apprenons davantage sur son passé et à quel point son mari est diabolique.
Mais elle n’est pas aussi seule qu’elle le pense. La couverture médiatique de cette affaire attire l’attention de quelqu’un qui a vécu quelque chose de similaire dans son passé et le pousse à vouloir aider Audra.

Le style d’écriture de l’auteur et les chapitres courts rendent l’histoire fluide et facile à lire. De plus, la construction du récit s'avère épatante. Pas de retournements de situations inattendus dans cette histoire. La manipulation dont est victime la jeune femme est époustouflante. Le suspense ne réside pas dans l'identité des coupables, ni dans le kidnapping, mais dans le sort des enfants et la capacité de leur fragile mère à surmonter l'épreuve. Cela peut paraître sombre et dérangeant, d’autant que l’on s’en prend à des enfants, mais l’auteur s’en sort bien et n’exagère pas trop avec des détails. On pense à certaines choses sans vraiment les lire.

Ce fut donc une lecture passionnante et convaincante que je recommande fortement.



Haylen Beck n’est pas un auteur inconnu. C’est le pseudonyme de l’écrivain nord-irlandais Stuart Neville. Son roman “Les fantômes de Belfast” (Éd.Rivages, 2011) fut récompensé par le Prix Mystère 2012. Outre “Ratlines” (2013), ses titres de la série ayant pour héros Jack Lennon sont progressivement traduits en France. S’il utilise ici un autre nom d’auteur, c’est pour marquer la différence entre ses romans noirs et ce thriller.

SILVER WATER  -  Haylen BECK
HARPER COLLINS NOIR  -  14/03/2018

dimanche 1 avril 2018

LA FEMME A LA FENÊTRE - A.J.FINN


Pour un premier roman, l’auteur A.J.Finn a mis la barre haute. Dès sa parution, il a rapidement caracolé en tête des ventes dans la catégorie des fictions. La femme à la fenêtre peut être comparé à La fille du train de Paula Hawkins, ou aux Apparences de Gillian Flynn (Gone Girl en version originale).

Je dois bien avouer que dès le début j’ai été scotché par cette histoire sombre et enivrante que j’avais bien du mal à lâcher.

Dans une rue de Harlem, à New York, le Dr Anna Fox passe ses journées dans sa grande maison à espionner ses voisins, en les photographiant à leur insu à travers leurs fenêtres ou dans la rue, tout en buvant du merlot et en consommant sans modération ses pilules destinées à calmer ses pensées. A force, elle finit par connaître bien des choses à leur sujet. Elle aime aussi regarder des films classiques en noir et blanc, et de temps en temps prendre des nouvelles de sa fille et de son mari dont elle s’est récemment séparée. Anna souffre d’agoraphobie, l’empêchant de quitter les limites de sa maison et limitant sa capacité à s’insérer dans le monde réel. A longueur de journée elle est obsédée par la peur et la curiosité. Quand ses nouveaux voisins s’installent de l’autre côté du parc, Anna est intriguée par leur anonymat. Alors qu’elle s’y intéresse de plus en plus, elle est témoin de quelque chose qui n’aurait pas dû se produire et qu’elle n’aurait sans doute pas dû voir.


Ce côté espionnage et voyeurisme m’a tout de suite plu, sans doute par opposition à mon comportement habituel qui semble être plutôt l’inverse. Loin de moi l’idée de m’intéresser à la vie des autres. Bref, j’étais curieux de voir comment cette histoire allait évoluer. Après être devenu accro assez rapidement, j’ai compris pourquoi. Avec un rythme initial assez modéré, l’intrigue va néanmoins prendre de l’ampleur au fur et à mesure de l’histoire et du développement psychologique des personnages. Rien n’est précipité ou négligé. Des rebondissements ne manquent pas, mais sont tous révélés au bon moment . Pourquoi Anna est agoraphobe ? Quel est son état mental, Comment fait-elle face ? Qui sont tous ces gens autour d’elle ? Les indices sont plantés tout au long du chemin, pour finalement s’accorder ensemble et dévoiler une fin surprenante.

La femme à la fenêtre est un voyage étonnant dans l’esprit d’une femme perturbée . On prend conscience de ses illusions, ses troubles mentaux, sa réalité.
Un thriller absolument captivant.

Pour en savoir un peu plus sur l'auteur : 
https://www.courrierinternational.com/article/qui-est-j-finn-lauteur-du-thriller-en-tete-des-ventes-aux-etats-unis

LA FEMME A LA FENÊTRE  -  A.J.FINN
PRESSES DE LA CITE  -  8/2/2018