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mercredi 31 janvier 2018

FAUSSES PROMESSES - Linwood BARCLAY



David Harwood, journaliste à Boston, décide de retourner vivre chez ses parents, dans sa maison d’enfance à Promise Falls, afin de donner à son fils Ethan, qu’il élève seul depuis le décès de sa femme, une vie plus équilibrée et de meilleures conditions de scolarité.
Comble de malchance, le journal local qui l’emploie se déclare en faillite dès son premier jour de travail. La cohabitation avec ses parents est dès lors amenée à se prolonger.
En apportant de la nourriture de la part de sa mère à sa cousine Marla, il découvre celle-ci avec un bébé dans les bras, soi-disant amené par un ange, et des traces de sang sur la porte. Cela n’a rien de rassurant quand on sait que Marla a perdu son bébé à l’accouchement dix mois plus tôt, et qu’elle souffre de santé mentale depuis lors au point d’avoir tenté d’enlever un nourrisson dans l’hôpital local. Utilisant des informations sur la poussette, David se rend à la maison d’où est supposé provenir le nourrisson et découvre le corps de la mère mutilée dans la cuisine.

A partir de là, on se trouve embarqué dans une histoire pour le moins étrange, mais qui va petit à petit accaparer toute notre attention jusqu’à en devenir addictive .
Outre la découverte du corps, dans la même journée se produit une succession d’événements sans queue ni tête qui ont de quoi ébranler la police de cette paisible bourgade. Vingt-trois écureuils morts suspendus à une clotûre, trois mannequins dans une nacelle de grande roue d’un parc d’attraction en liquidation, un suspect présumé violeur abattu par la police privée d’une établissement scolaire. Le point commun est le nombre 23. Le nombre d’écureuils morts, le numéro sur la nacelle avec les trois mannequins peints, le numéro sur le sweat du présumé violeur. Quelle peut être sa signification ?
De nombreux personnages font aussi leur apparition dans ce roman, et leur mésaventure constitue à chaque fois une intrigue, que l’auteur fait évoluer tel un fil rouge que l’on suit tout au long de l’histoire, ou devrais-je dire tout au long de la trilogie.
Car il s’agit bien d’une trilogie que Linwood Barclay nous propose et dont Fausses promesses est le premier tome, une trilogie dont l’auteur a écrit les trois tomes sur quinze mois de temps afin de maintenir une parfaite continuité et dont la sortie littéraire de chaque tome s’est rapidement enchaînée aux Etats-Unis. J’espère d’ailleurs qu’il en sera de même chez nous afin de pouvoir aborder la suite de ce roman avec une histoire encore bien présente en mémoire.
Toutes ces histoires apparemment déconnectées sont faciles à suivre. Si le premier tome traite principalement de l’énigme du bébé volé, il y a fort à parier que les autres fils rouges se poursuivront dans la suite du récit.

Fausses promesses est un thriller intelligent et plutôt rondement mené par une plume vive et équilibrée. Les chapitres courts aident à maintenir un rythme soutenu, sans relâche. Quant aux personnages, certains suscitent l’empathie, tandis que d’autres le dégoût. L’ensemble suffit à donner cette envie de replonger au plus vite dans les mystères de Promise Falls. Qui peut bien jouer avec les nerfs de ses habitants ?



Notes sur l'auteur :
http://www.linwoodbarclay.com/ (site en anglais)
http://fichesauteurs.canalblog.com/archives/2009/11/06/15704766.html  (site en français)

FAUSSES PROMESSES  -  Linwood BARCLAY
Editions BELFOND (Collection BELFOND NOIR)  -  11/01/2018

jeudi 25 janvier 2018

LA FILLE DERRIÈRE LA PORTE - Patricia HESPEL

Alors qu’elle est au fond du gouffre, Emmy croise sa voisine Léna, qui incarne tout ce qu’elle n’est pas, une femme libre. Pour Léna, Emmy représente tout ce qu’elle méprise : le renoncement. Elles sont faites pour se haïr et pourtant c’est l’inverse qui se produit. Léna propose à Emmy un pacte singulier pour reprendre sa vie en main, en échange d’une confiance inconditionnelle. Au cours de cette amitié atypique, au fil des mois, Emmy découvre des aspects inquiétants de la personnalité atypique de Léna. Pourra-t-elle faire marche arrière et dénoncer le pacte ?

La fille derrière la porte est une histoire infernale, une machination diabolique, un labyrinthe complexe, une quête d’identité qui nous plonge dans la folie, la schizophrénie, la manipulation psychique

Entre passé et présent, Patricia Hespel mène son histoire d’une plume fluide et addictive. Des flash-backs fréquents emmènent le lecteur dans le passé, pas toujours rose, des différents protagonistes. Ces éléments permettent de construire un profil psychologique des personnages très élaboré. On les aime, on les déteste, mais ils ne laissent pas indifférent. L’auteure les dissèque en profondeur dans leur quotidien et nous fait traverser toute une palette d’émotions fortes. J’ai trouvé celui de Léna fascinant : elle est franche, sans concession et passionnée, mais on ressent aussi une violence latente, un besoin vital de contrôle sur son entourage. L’intrigue est puissante et originale. Les pièces du puzzle final se mettent petit à petit en place jusqu’à la révélation finale, assurant ainsi un suspense inouï qui monte crescendo.

Qui est vraiment Léna et quel est son objectif en transformant ainsi Emmy ? Ce n’est pas pour rien que les différentes parties du livre s’appellent : chenille, chrysalide et papillon. La métamorphose est flagrante. Mais ces titres peuvent correspondre à plusieurs des personnages et c’est là toute l’ingéniosité de l’auteure ! Une évolution des personnages jusqu’au point de non-retour.

L’innocence n’a pas sa place dans ce roman. Les faits sont explicites, une réalité crue est exposée. Le point de vue est double : celui du prédateur et celui de la proie. Qui est qui dans ce jeu ? Difficile à dire. Manipulation, violence et trahison sont de mise.


Patricia Hespel nous mène en bateau jusqu’au dénouement. On est loin, très loin d’imaginer le final époustouflant qui laisse sans voix.


Patricia Hespel est née à Bruxelles en 1969. Après des études de droit, elle a travaillé une douzaine d’années en tant que juriste. Dévoreuse de livres depuis l’enfance, elle décide à 38 ans de mettre sa carrière entre parenthèses pour se consacrer à son rêve d'enfance: écrire un roman. Elle participe à plusieurs ateliers d’écriture en région namuroise et y rédige notamment plusieurs nouvelles et le premier jet d'un roman. En 2011: parution en autoédition de "Duelles", premier roman fantastique. En 2013 : parution de "Au bout du chemin" (Ed. "Les Nouveaux Auteurs"), roman lauréat du Grand Prix Femme Actuelle 2013. En 2014 : parution de "Au bout du chemin" chez Pocket. En 2015 : parution de "26, rue Verlaine" en autoédition. Patricia Hespel vit en région namuroise avec son mari et ses enfants.

LA FILLE DERRIÈRE LA PORTE  -  Patricia HESPEL
Editions LES NOUVEAUX AUTEURS  -  27/04/2017

samedi 20 janvier 2018

FANTAZME - Niko TACKIAN

Fantazmë… ça veut dire "spectre" en albanais…
C’est le surnom que donne la mafia albanaise à celui qui a le cran pour s’y attaquer, en torturant, mutilant, tuant les soldats d’une sorte de clan sous les ordres de Yuri Baric.
Parmi toutes les mafias qui contrôlent la région parisienne, Yuri a choisi la prostitution et le trafic d’êtres humains. Il a réussi à faire sa place et se faire respecter. Ce n’est pas un spectre vengeur qui va le déstabiliser et le ridiculiser aux yeux des autres. La traque s’annonce sanglante et sans pitié.
Après la découverte d’un homme battu à mort dans une cave du 18e arrondissement de Paris, et l’établissement d’une similitude avec le meurtre d’un dealer albanais, l’équipe du Commandant Khan va aussi se lancer dans l’enquête.
Cette fois, il est question de bourreaux qui deviennent victimes et de victimes qui deviennent bourreaux.

Je poursuis donc avec autant de plaisir et d’intérêt les aventures du Commandant Tomar Khan, enquêteur au 36 quai des orfèvres. Même si quelques allusions ont un rapport avec le livre précédent Toxique, je pense qu’il n’est pas nécessaire de l’avoir lu ( C’est dommage, mais il n’est pas trop tard pour y remédier ! ) pour comprendre ce deuxième opus. L’auteur revient d’ailleurs sur les traits de caractère et la psychologie de Tomar, le personnage central, un homme au passé difficile, un pitbull qui ne lâche rien avec son instinct de limier et ses méthodes expéditives, obligé de canaliser sa violence par la pratique du sport à outrance, un homme aux méthodes borderline qui navigue aussi dans des zones d’ombre.
On retrouve bien sûr tous les protagonistes de Toxique qui ont suscité chez les lecteurs autant d’empathie et contribué au succès du livre.

Une fois de plus, Niko Tackian s’inspire de l’actualité et soulève cette fois la problématique des réfugiés : la difficulté d’endiguer la misère qui n’en finit pas de s’échouer de continent en continent, de subvenir à leurs besoins, de leur apporter un minimum d’aide. A côté des bénévoles et des organisations humanitaires, il y a ceux qui vont s’enrichir sur leur dos : utilisation d’une main d’oeuvre non déclarée et payée un salaire de misère, proxénétisme, trafic en tout genre, mafia, …

Outre cette enquête principale, on suit également l’évolution d’une enquête interne à l’encontre de Tomar et sa coéquipière Rhonda à propos d’une dissimulation de preuve liée au meurtre d’un violeur et assassin récidiviste.
Et comme si cela ne suffisait pas, l’état de santé de Tomar devient préoccupant suite à l’apparition de signes d’épilepsie et d’absences passagères.

Avec ce deuxième volet des enquêtes de Tomar Khan, Niko Tackian confirme qu’il a bien sa place parmi les auteurs français de polars. Tout y est pour captiver le lecteur : empathie omniprésente envers les protagonistes, rythme de lecture dynamique, atmosphère parfois violente et intense, suspense bien entretenu.

Je regrette juste que l’histoire ne soit pas un peu plus longue, et le dénouement quasi simultané des trois fils rouges, afin de prolonger un peu plus le plaisir de lecture.


FANTAZME  -  Niko TACKIAN
Calmann-Lévy  -  03/01/2018

mardi 16 janvier 2018

TOXIQUE - Niko TACKIAN

ELLE AIME SABOTER LA VIE DES AUTRES,
ELLE N’ÉPROUVE AUCUNE EMPATHIE,
ELLE POURSUIT UN BUT. ELLE EST TOXIQUE.

Scénariste de métier depuis quinze ans, Niko Tackian s’illustre depuis peu en littérature. Auteur de deux thrillers psychologiques, Quelque part avant l’enfer et La nuit n’est jamais complète parus chez Scrineo en 2015 et 2016, il se tourne ensuite vers l’univers du polar avec le très noir Toxique, paru chez Calmann-Lévy en 2017 et dans la collection Livre de Poche en ce début d’année 2018. et qui inaugure une future série.

Celle-ci a pour personnage principal Tomar Khan, enquêteur au 36 quai des orfèvres. L’auteur va donc prendre le temps de bien décrire son personnage central, et les autres qui gravitent autour de lui, famille et collègues de travail. Les personnages sont complexes, relativement bien développés, assez du moins pour créer avec le lecteur un lien particulier qui permet de s’imaginer facilement à leur côté, de vivre plus intensément une enquête non dénuée de suspense.


Le commandant Tomar Khan, d’origine khurde, est un mec inflexible et sanguin à la carrure de buffle, un flic qui flirte parfois avec la ligne rouge pour empêcher de nuire les prédateurs qui rôdent en ville, un homme condamné depuis son enfance à vivre une succession d’échecs, pourchassé par les démons du passé qui viennent le hanter, et qui a trouvé comme exutoire un club de boxe pour y relâcher la tension qu’il accumule. Tomar est aussi un encaisseur. Depuis sa naissance, la vie l’a pris pour un sac de frappe et s’acharne sur lui. Il n’a jamais connu l’insouciance d’une enfance normale, il s’est blindé, recouvert d’une couche épaisse de muscles et de principes pour échapper à la souffrance et ne plus jamais connaître le froid et la peur. Niko Tackian nous fait parfaitement comprendre la fragilité qu’il renferme et le rend profondément humain et particulièrement charismatique.

 Le décor du roman, c’est le Paris de janvier 2016, encore meurtri par les attentats. L’auteur intègre à l’histoire les infos relatées dans la presse à ce sujet ainsi que certains faits de la vie parisienne notamment au coeur du quartier du canal Saint-Martin, laissant l’impression au lecteur de lire un polar écrit en temps réel.

Dans Toxique Niko Tackian développe la thématique des gens toxiques que sont les sociopathes.
Le sociopathe n’est pas capable de voir la souffrance des autres et ne la respecte pas. Et surtout, il cherche à satisfaire ses besoins à tout prix. La sociopathie est une sorte d’immaturité figée. C’est un adulte qui a les mêmes réactions qu’un enfant de cinq ans. Il aime arracher les ailes des mouches sans se soucier de leur douleur. C’est aussi un bon manipulateur qui recourt rarement au mensonge, ou bien par omission. Il n’emploie ni la menace ni la contrainte et encore moins la force physique. Aux yeux du monde, il a l’air irréprochable ! Son art consiste à cerner les failles de ses proies pour mieux les exploiter. La notion de culpabilité n’existe pas chez lui. Sa seule limite, c’est la loi. Il peut être charmant en société. Ce sont des prédateurs sociaux qui laissent derrière eux un sillage d’espoirs brisés. Certaines particularités du sociopathe sont d’ailleurs des qualités mises en avant pour l’embauche dans de grandes entreprises.
Sachant qu’une personne sur 25 pourrait être sociopathe, je m’imagine poser sur mes collègues de travail un regard bien différent .

J’ai apprécié le style de l’auteur et sa façon de me faire entrer dans l’histoire.
Il ne faut pas grand-chose pour passer à côté d’un bon bouquin, et il est évident que je n’ai pas encore le temps de lire tout ce qui me tente. Ce qui est certain, c’est qu’après avoir lu Toxique avec un certain retard, je vais immédiatement enchaîner sur le second volet des aventures du Commandant Tomar Khan .



TOXIQUE  -  Niko TACKIAN
CALMANN-LEVY  -  04/01/2017
LIVRE DE POCHE  -  03/01/2018

mardi 9 janvier 2018

MANHATTAN MARILYN - Philippe LAGUERRE

Kristin Arroyo est une femme déterminée, prête à tout pour aller au bout de ses convictions.
Après une jeunesse difficile dans les rues de Brooklyn, et dix années passées dans l’armée sur divers théâtres d’opérations, elle se retrouve dans un pays, une Amérique qu’elle ne reconnaît plus.
Aussi s’engage-t-elle à fond dans un mouvement spontané Occupons Wall Street, dont le slogan est Nous sommes les 99 %,un mouvement qui pointe du doigt un monde aux mains d’une poignée de privilégiés, alors que l’immense majorité souffre de la crise ou meurt de faim.

C’est au cours d’une manifestation d’OWS que Kristin se fait repérer par un photographe professionnel, Nathan Stewart. Subjugué, celui-ci lui promet d’être le sujet de sa prochaine exposition. Conquise par l’intérêt que lui porte Nathan, Kristin lui montre des clichés hérités de son grand-père, lui-même photographe professionnel renommé. Ce sont des photos exclusives, méconnues, voire intrigantes de Marilyn Monroe. Nathan a alors l’idée de monter une double exposition : OWS avec Kristin ,et Marilyn Monroe. Deux femmes, deux personnalités totalement différentes mais qui se rejoignent, deux rebelles qui se battent contre le système.
Kristin souhaite que le battage médiatique autour de l’exposition rejaillisse sur le mouvement. Tous les moyens sont bons pour donner de la visibilité à leur action.


Le soir même de l’inauguration, deux tueurs font irruption dans la galerie déserte, tuant Nathan et dérobant toutes les photos. Kristin est loin de s’imaginer que les photos divulguées de Marilyn la mettent en grand danger, pourchassée par les sbires d’une organisation criminelle et les membres d’une organisation secrète surnommée le Triangle de Fer.

Philippe Laguerre parvient à rendre cette histoire captivante par des révélations certes imaginaires et un scénario bien ficelé autour du mythe de la mort inexpliquée de Marilyn Monroe, de l’assassinat des frères Kennedy, et d’une organisation secrète politico-industrielle plus puissante que le FBI.
Les personnages principaux que sont Kristin, Nathan, et par la suite Michael, sont attachants et suscitent énormément d’empathie. Quant à Marilyn même, son histoire est aussi passionnante que celle de Robert Langdon dans sa recherche du Graal (Da Vinci Code) et suscite de l’émoi quand l’impensable se réalise.
Pour ma part, je me suis laissé entraîner sans difficulté dans ce thriller qui tient en haleine jusqu’au bout, aidé par des chapitres courts qui donnent du rythme au récit et en font un véritable page-turner.

Un thriller distrayant qui ne manque ni d’action, ni de suspense, et ce côté émouvant qui fait qu’on s’y attache.


MANHATTAN MARILYN  -  Philippe LAGUERRE
Editions CRITIC  -  19/05/2016

jeudi 4 janvier 2018

LA VÉRITÉ MÊME - James RAYBURN

Roger Smith est un auteur sud-africain de thrillers politiques sombres et assez violents. Sortant de son thème habituel, il écrit sous le pseudonyme de James Rayburn un roman d’espionnage hors du commun, La Vérité Même, où il est question d’individualisme, de patriotisme et de règlement de comptes.

Kate Swift, ex-agent de la CIA, est devenue une paria . Suite à la mort du père de son enfant, motivée par son dégoût et son désir de vengeance, et probablement aussi pour laver sa propre culpabilité, elle fait éclater la vérité sur les agissements et atrocités en tout genre commis par certains agents . Parmi ceux-ci, Lucien Benway, l’homme qui a dirigé les opérations spéciales de la CIA, des opérations secrètes en pays étrangers, missionné par le président en personne, et qui a subi, suite aux aveux de Kate, l’humiliation de voir tous ses liens avec la CIA, le Pentagone et la Maison-Blanche coupés du jour au lendemain, un homme renvoyé dans les limbes, désaimé des puissants amis qu’il admirait tant, passant de chien de concours à bâtard en moins de cinq secondes, un homme qui a la haine envers la responsable de ce gâchis et qui n’a de cesse de la retrouver pour régler ses comptes.

Planquée depuis deux ans dans le Vermont , sous une fausse identité, avec sa fille Suzie, Kate mène autant que faire se peut une existence paisible, bien loin des missions de sa vie antérieure. Un jour, en sa présence, deux jeunes hommes font irruption et ouvrent le feu dans l’école primaire de Suzie.

Laissant ressurgir ses automatismes, Kate parvient à maîtriser les agresseurs au risque de se dévoiler. Persuadée que ces hommes armés ont été envoyés par son ancien ennemi juré, Lucien Benway, elle disparaît avec sa fille et part retrouver son mentor à la retraite Philip Danvers, et Harry Hook, stratège de génie, qui n’avait pas son pareil pour imaginer des plans infaillibles, dans le but de disparaître une deuxième fois. Mais Lucien Benway n’a aucune limite pour assouvir sa vengeance, et l’irruption de Kate va remettre à jour des règlements de comptes qui vont coûter cher en vies humaines.

Ce n’est donc pas un thriller d’espionnage géopolitique tel qu’on a l’habitude de voir, mettant en scène une puissance étrangère néfaste, mais plus un livre sur les espions eux-mêmes.
La Vérité Même explore l’idée que les espions, tout en étant des machines à tuer impitoyables, sont des êtres humains imparfaits comme vous et moi. Travailler pour la CIA est stressant et cela finit par vous épuiser, tuer votre rêve et vous transformer en un gâchis existentiel. L’intrigue du livre provient essentiellement d’un conflit d’égos entre Kate Swift, la patriote – son allégeance au pays et au drapeau forgée par ce qu’elle avait vécu à quatorze ans lorsque, debout sur un trottoir du Mower Manhattan, elle avait vu s’écrouler les tours jumelles et inhalé la poussière des morts - , et Lucien Benway, un fanatique qui dissimule sa psychopathie sous un chauvinisme des époques Reagan et Bush.
Les thrillers d’espionnage traditionnels présentent cet aspect patriotique qui oppose les Etats-Unis à un ennemi politique malintentionné. Celui qui s’éloigne du programme finit toujours par être un traître. Ce n’est pas le cas ici. Techniquement, Kate Swift est le traître pour avoir dénoncé les activités de la CIA, tandis que Benway est juste un employé du gouvernement trop ambitieux qui a été pris en flagrant délit de faire de la merde. A eux deux, ils symbolisent les deux visages du patriotisme : le sacrifice désintéressé pour le plus grand bien (avec sans doute un goût sauvage pour l’aventure) et l’ambition insouciante se cachant dans les agences gouvernementales et se faisant passer pour de l’altruisme.

James Rayburn (Roger Smith), avec un fond d’espionnage, nous offre un excellent thriller d’action. Il conduit le récit vers une conclusion palpitante en Thaïlande, tout en le parsemant d’un peu d’humour et de satire, ce qui a pour effet d’atténuer un peu la violence bien présente.
Bien qu’il y ait un peu de rédemption, tout le monde ne survit pas. Ceux qui ont cette chance risquent de vous surprendre.



LA VÉRITÉ MÊME  -  James RAYBURN
CALMANN-LEVY  -  10/01/2018