Rechercher dans ce blog

samedi 27 mai 2017

MER AGITÉE - Christine DESROUSSEAUX

Jean, la soixantaine passée, habite une presqu’île, un de ces petits villages côtiers où tout le monde se connaît sans savoir vraiment qui est son voisin. Depuis que son petit-fils Léo a trouvé refuge chez lui, militaire en permission après une mission en Afghanistan, Jean écrit un journal "Journal de mes baignades". C’est vrai qu’il y tient à ses baignades quotidiennes, et il ne s’agit pas de le mettre en garde contre les dangers auxquels son vieux corps s’expose lorsqu’il nage dans ces conditions, quelque soit le temps. Pour lui, les baignades sont une manière de se libérer l’esprit en s’immergeant dans cette eau froide, tandis que son journal lui permet de penser aux doutes qui l’assaillent, aux inquiétudes qui perturbent son existence. Car Léo n’est plus l’enfant qui a passé de nombreuses vacances d’été chez son grand-père, un enfant pas forcément expansif et joyeux, mais un gosse curieux, concentré, attentif à l’existence du monde concret autour de lui, aimant observer la nature, y puisant un savoir personnel. Léo ne dort plus, mange à peine, ressemble chaque jour davantage à un mort vivant, est complètement renfermé sur lui-même, et devient même irascible pour un rien. Un soir, éméché, Léo agresse une jeune femme. Quelques jours plus tard une autre disparaît. Les gens parlent. La rumeur s’amplifie. Léo est-il coupable ou innocent ? Jean va-t-il pouvoir le défendre et le protéger ?

Mer agitée est un roman prenant, émouvant, à l’atmosphère dramatique et intense. La présentation des événements sous forme de journal, et la distillation des informations essentielles au compte-gouttes, assurent un rythme de lecture plutôt dynamique.
Les personnages sont attachants, avec une psychologie recherchée. Jean, malgré son côté ours mal léché, a un comportement juste, touchant, plein de sagesse, vis à vis de Léo et des autres protagonistes de l’histoire.

Christine Desrousseaux nous mène habilement en bateau et notre conviction de culpabilité n’a de cesse de tanguer sous l’effet des vagues de cette mer agitée.

Au-delà de ce drame, c’est aussi un superbe roman d’amour, une explication sur le stress post traumatique, et une réflexion sur les jugements et les regards des autres.




Christine Desrousseaux vit à Lille. Parallèlement à son métier de conceptrice-rédactrice en publicité, elle a écrit plusieurs romans policiers.
Source : http://www.editionskero.com/auteur/christine-desrousseaux 

MER AGITEE  -  Christine DESROUSSEAUX
Editions KERO  -  15/03/2017


vendredi 26 mai 2017

UNE SAISON AU CAMBODGE - Lawrence OSBORNE

Robert Grieve, jeune enseignant britannique est de nature un rêveur solitaire. Silencieux et réservé, adepte des vacances hors des sentiers battus et des endroits bondés de touristes, il opte pour un séjour au Cambodge, désireux de se laisser dériver longtemps sans s’en soucier, dans ce pays où la vie est paisible et abordable. Sa vie ne connaît jamais d’extras, de coups de folie. Il ne s’accorde jamais le moindre luxe. Ses relations se nouent et se défont au petit bonheur, lors de moments de distraction. Pourtant Robert a bien un fantasme, connaître une vie différente, parallèle à sa vie actuelle. Cette idée va alors prendre de l’envergure et ne plus lui sembler aussi incroyable, lui faisant ainsi comprendre qu’il n’a plus envie de rentrer chez lui.
Tout commence par une virée au casino Diamond Crown de Pailin, le soir de son arrivée au Cambodge. La chance du débutant lui fait remporter le jackpot, une somme rondelette qui lui fait miroiter la possibilité d’assouvir son fantasme. Sauf qu’autour de lui, et de fil en aiguille, tout finit toujours par se savoir. Un expatrié qui se balade avec une valise pleine de billets finit par attirer quelques envieux, moins naïfs et moins scrupuleux. Un américain charmeur, un flic corrompu, un escroc chauffeur de taxi et la fille d’un riche médecin vont tour à tour modifier le cours de son existence.

Dans ce livre, chaque personnage est un chercheur. Robert et Sophal cherchent simplement le bonheur, alors que d’autres cherchent la fuite, de l’argent, une sécurité, ou une revanche, et que Davouth cherche ses proies comme un chasseur, comme on lui a appris à faire depuis son plus jeune âge.
Ce roman a toutes les caractéristiques d’un thriller. Le suspense se construit lentement, régulièrement, tandis que la menace croît chapitre après chapitre, avec une ironie dramatique qui garde le récit nerveux et saisissant. Mais en plus, il permet de s’interroger sur la chance et la hasard, sur le rôle du rationnel et de l’irrationnel, de l’impérialisme et de l’occidentalisation, de la guerre, la profondeur des cicatrices et leur lente guérison (ou pas). L’innocence de Robert est à la fois séduisante et dangereuse dans un pays ancien qui a émergé d’une période de traumatisme intense, et sa mentalité européenne rationaliste ne lui permet pas de comprendre l’aspect irrationnel de cette culture – les signes, les présages, les rêves, les fantômes et les esprits.
Il peut être lu simplement comme un thriller, un roman à suspense et être parfaitement agréable, mais ses thèmes plus profonds le rendent beaucoup plus riche et fascinant.

Une belle découverte !



C'est l'absence d'amour qui est éphémère, bornée et destinée à ne pas perdurer, parce qu'elle ne mène nulle part. Si la vie est un ruisseau, l'absence d'amour est le barrage constitué de débris et de branches. Il ne peut durer. Il se rompt, branche par branche, et le courant reprend son mouvement, car c'est sa nature. Il n'a nulle part ailleurs où aller. La vie va de l'avant.

Tant d'éducation et de modération pour rien. D'un coup de fusil d'assaut, un enfant fou peut annihiler en une fraction de seconde toute la musique classique, les écrits de Marx et les mathématiques que vous avez engrangés, pour la seule raison qu'il a envie d'observer vos convulsions.




D’origine britannique, Lawrence Osborne est avant tout un globe-trotteur qui a vécu à Paris, au Maroc, en Italie, à NewYork, Mexico, Istanbul puis Bangkok où il réside actuellement. Auteur de romans et d’essais, il est également journaliste et contribue régulièrement au New York Times et au Wall Street Journal .

Source : http://calmann-levy.fr/auteur/lawrence-osborne

UNE SAISON AU CAMBODGE  -  Lawrence OSBORNE
CALMANN-LEVY  -  10/05/2017

dimanche 21 mai 2017

LA RUE - Ann PETRY


 Dans le cadre d’une opération Masse Critique de Babelio, j’ai eu la chance de recevoir un livre des Éditions Belfond, sorti dans leur collection Vintage, et par la même occasion découvrir cette excellente collection.
Créée en 2013, celle-ci a un rythme de parution lent mais régulier qui permet de construire petit à petit un catalogue qui redonne vie à des livres introuvables, qu’il s’agisse de classiques tombés dans l’oubli, de textes injustement méconnus ou de curiosités littéraires.
La Rue, de Ann Petry, en est le 26e ouvrage, et le second de la collection Vintage Noir, le versant noir de Vintage.

Dans le New York des années 40, cette rue dont nous parle Ann Petry est la 116e, dans le quartier de Harlem, une rue réservée aux nègres ou aux mulâtres, synonyme de peur, de dangers et de mauvaise influence.
Y habiter, pour Lutie, le personnage principal du roman, c’est déjà une victoire en soi. Pouvoir subvenir à ses besoins, élever son fils Bub, loin de l’influence de son père et de sa copine. Elle prend donc la seule chambre qu’elle trouve et qu’elle puisse se permettre, rêvant d’un jour où ayant un meilleur travail et ayant économisé assez d’argent, elle pourra donner à Bub une vie meilleure. Lutie est une battante. Elle ne veut pas se laisser gagner par l’atonie ou la molle résignation. Mais malgré toutes ses tentatives pour aller de l’avant dans ce monde sans vendre son âme, elle ne peut se battre contre les forces qui l’opprime.
Ann Petry décrit très bien les conditions de vie difficiles dans ce Harlem. Tout contribue à accentuer le ressentiment de noirceur et d’insécurité de la rue, personnage à part entière, que ce soit les forces naturelles et les autres protagonistes, habitants de l’immeuble et autres qu’elle va rencontrer.

« Mais le silence était plus fort même que les paroles. Il était là assis à côté d’elle. Il la suivait partout. Dans la rue, elle croirait peut-être s’en être débarrassée. Ce serait une erreur. Il marchait tout simplement plus vite qu’elle, et, en ouvrant la porte de son appartement, elle le verrait venir à sa rencontre. Insaisissable. Impalpable. Mais présent. Toujours présent. »

« Et le vent recommençait sans se lasser, jusqu’à ce que les passants soient forcés de s’arrêter et d’arracher le journal. Il s’attaquait alors à leur chapeau, les étranglait avec leur écharpe et s’engouffrait dans leurs vêtements. »

L’auteure tente aussi d’expliquer les difficultés existentielles des gens de couleur et des femmes en particulier en analysant les habitudes comportementales des Blancs vis-à-vis d’eux, des Blancs qui avaient érigé en dogme leur supériorité sur les Noirs.

« Ce devait être une réaction automatique chez les Blancs. Si une jeune femme était de race noire et suffisamment attirante, c’était de toute évidence une catin. Ou si elle n’en était pas exactement une, c’était du moins facile de coucher avec elle, il suffisait de le lui demander. D’ailleurs, les hommes blancs n’avaient même pas à se donner cette peine, la fille le leur demandait elle-même.
Cela l’irritait davantage au fur et à mesure qu’elle y pensait. Certainement, ils ne savaient rien de la grand-mère qui l’avait élevée, et qui répétait toujours avec la régularité d’une horloge :
- Lutie, baby, ne laisse pas les hommes blancs te toucher. Ils courent toujours après les femmes noires. Comme si ça les rendait malades de ne pas coucher avec elles. Ne les laisse pas porter la main sur toi. »

« Les Blancs regardaient avec mépris les Noirs qui les dépassaient en voiture. Un moment, un bref instant, en laissant le Blanc loin derrière sur la route, le Noir pouvait se sentir son égal et même son supérieur. Après avoir risqué sa vie dans les virages et escaladé les montagnes, il se sentait la force d’affronter le monde qui ne voulait pas l’adopter et qui le rabaissait systématiquement. Quand il dépassait l’auto d’un Blanc, le Noir se sentait victorieux, et le sentiment de sa victoire lui permettait de porter la tête haute pendant au moins deux jours. Et les Blancs détestaient cela, car ils avaient besoin eux aussi d’affirmer leur supériorité. »

« Partout les femmes avaient à travailler pour entretenir leur famille, car nulle part les hommes ne trouvaient de travail. Ils s’ennuyaient et sortaient. Les enfants restaient seuls, sans foyer, car personne ne pouvait en former le cœur. Oui. Partout les gens étaient trop pauvres pour faire autre chose que travailler, et leur force physique était leur seule source de revenus ; pour vivre, ils ne pouvaient compter que sur elle. C’est ce qui vieillissait prématurément les femmes. »

Dans ces conditions, la noirceur s’amplifie au fil des pages. Lutie est acculée vers un destin qu’elle n’arrive plus à contrôler.

Bien que publié en 1946, il est regrettable de constater que, septante ans plus tard, cette suprématie des Blancs sur les Noirs reste encore bien ancrée dans certaines contrées, avec des conséquences qui font l’actualité.

La Rue d’Ann Petry est une exploration magnifique et brutale des difficultés et obstacles auxquels doit faire face une jeune mère, noire et célibataire, dans le Harlem des années 40, en faisant tout son possible pour améliorer la vie de son fils.
Loin d’être joyeux, c’est plutôt un roman noir qui vaut la peine d’être lu.


Née en 1908 dans le Connecticut, Ann Petry a grandi au sein d'une famille de classe moyenne. En 1938, elle épouse George D. Petry, auteur de romans policiers, et le couple s'installe à New York, dans le quartier d'Harlem. Diplômée en pharmacologie mais passionnée par l'écriture, Ann Petry se détourne des sciences pour écrire dans divers journaux puis publie ses nouvelles dans la presse. Très impliquée dans la vie de son quartier – elle développe notamment différents programmes éducatifs –, elle est témoin des conditions de vie des habitants d'Harlem. Ses expériences l'inspirent pour l'écriture de La Rue, best-seller immédiat vendu à plus d'un million d'exemplaires, qui remporte le Houghton Mifflin Literary Fellowship Award et qui paraît en France aux éditions Charlot en 1948. Malheureusement, aucune de ses œuvres ultérieures ne renouvellera le succès de son coup de maître. Ann Petry est décédée à Old Saybrook en 1997. Largement oubliée dans l'héritage du Harlem Renaissance, Ann Petry retrouve aujourd'hui une réhabilitation littéraire dont elle a longtemps été spoliée.

Source : http://www.belfond-vintage.fr/auteurs#auteur-ann-petry

LA RUE  -  Ann PETRY
Editions BELFOND  -  Collection Vintage  -  18/05/2017

jeudi 11 mai 2017

DIS-MOI QUE TU MENS - Sabine DURRANT

Paul Morris est écrivain. Il a connu le succès au début de sa carrière, mais depuis, il peine à trouver l’inspiration. Il manque à présent d'argent, d'amis et de secondes chances. Sa nouvelle relation pourrait être son dernier espoir de réussite.
Alice n'est pas comme ces femmes qu'il a poursuivies dans le passé. Elle est riche, solitaire, motivée. Quand elle invite Paul à sa maison de vacances en Grèce, il décide de faire tout ce qu'il faut pour concrétiser cette romance.
Mais l’été ne se passe pas vraiment comme il l’avait prévu. Dix ans plus tôt, une fille de treize ans a disparu sur l’île, et maintenant d’autres accusations sont portées contre lui pour de nouveaux faits de viol et de violence. Il faut bien reconnaître que sa nature et son comportement n’arrangent pas les choses. Paul est plutôt paresseux, menteur et profiteur. Ses rêves d’une nouvelle vie risquent bien de tourner au cauchemar.

Dis-moi que tu mens est un excellent thriller psychologique. L’écriture fluide et intelligente de Sabine Durrant nous entraîne dans cette histoire et l’on y prend goût ! D’autant plus qu’au fur et à mesure, l’intrigue éclate avec des secrets cachés, chaque conversation et chaque action sont doublées d’une insinuation, et l’on se rend compte que personne n’est particulièrement charmant. Tout le monde ment, et l’auteure semble bien s’en amuser, laissant le lecteur quelque peu déconnecté, voire gentiment perturbé !
Il est aussi étonnant de voir comment l’auteure s’y prend pour faire évoluer notre empathie vis-à-vis des différents personnages. On finit par trouver sympathique celui que l’on a détesté, et inversement. Ce changement se fait progressivement et tout en finesse, à notre plus grand plaisir !

Thriller intelligent, immersif et totalement troublant.

J’ai beaucoup aimé.



Sabine Durrant est l'ancienne directrice littéraire du Sunday Times. Elle a également dirigé les pages société du Guardian. Elle vit dans le sud de Londres avec son mari et ses trois enfants.
Source : http://preludes-editions.com

jeudi 4 mai 2017

L'HOMME SANS PASSE - Kevin WIGNALL

Dan Hendricks n’est pas officiellement employé par la CIA, mais il est payé pour faire le sale boulot : retrouver des gens et les livrer au commanditaire ou les faire disparaître.
Suite aux révélations de Wikileaks, la CIA a bien l’intention de montrer patte blanche en coupant tout contact, voire même en éliminant ces prestataires officieux devenus gênants. De chasseur, Dan devient gibier. En peu de temps plusieurs de ses contacts ont été tués. Une dernière mission pourrait toutefois protéger ses arrières. Il doit savoir pourquoi un homme appelé Jacques Fillon, récemment décédé dans un accident de bus, est allé se cacher dans le nord de la Suède. Le problème est que la victime du crash doit être quelqu’un d’autre car Jacques Fillon n’a jamais existé.

L’homme sans passé est un thriller qui baigne dans l’espionnage. Il y est question de CIA, d’espions, de tueurs à gages, et de politiciens. Les assassinats et règlements de comptes se font sans états d’âmes dans un monde où il s’agit de tuer ou d’être tué, où il faut être plus malin et plus rapide que l’adversaire. Pourtant, dans ce contexte, il y a un crime qui nous interpelle, celui d’une jeune fille qui n’a rien d’une espionne, un crime qui n’a pu être élucidé en son temps, et qui explique le côté thriller du livre.
Dan Hendricks va faire équipe avec Inger Bengtsson, membre des services de sécurité suédois, pour résoudre cette affaire et aussi tâcher de mettre un terme au contrat d’élimination dont ses amis et lui sont les cibles. C’est plutôt bien foutu, avec de l’action et du suspense, à la manière de Robert Ludlum et son Jason Bourne, mais sans trop de complexité.
Le développement psychologique des personnages principaux n’est pas en reste. L’empathie que l’on ressent à leur égard est amplement justifiée par leur côté humain, à l’opposé de la froideur et du manque de sentiment du monde de l’espionnage.
Dan Hendricks est bien conscient qu’il n’est plus tout jeune et qu’il a probablement manqué de vivre une vie normale. Il est marqué à jamais par la perte de son enfant, mort inopinément alors qu’il était en mission, et s’en veut de n’avoir rien pu faire pour sauver l’être le plus important à ses yeux. Inger est intelligente et sait tenir tête à Dan, à qui elle va imposer sa présence. Leur rapprochement, l’évolution de leur relation, les rend aussi plus humains et offre quelques moments d’accalmie.


Roman d’espionnage et thriller passionnant de bout en bout.

Il avait passé des années à travailler sur la corde raide, sans appliquer aucune règle de combat, impitoyablement concentré sur l’objectif à atteindre, quoi qu’il en coûte. La seule chose qui le différenciait des monstres qu’il avait été chargé d’éliminer était la légitimité que lui conférait le fait d’être payé par le camp des vainqueurs.





Kevin Wignall est un écrivain anglais.
Fils de militaire, il a passé de nombreuses années dans différents pays d’Europe, avant d’étudier la politique et les relations internationales à l’Université de Lancaster. 
Il devient écrivain à plein temps après la publication de son premier roman, "People Die" (2001). 
Parmi ses autres romans, on citera "Among the Dead" (2002), "Who is Conrad Hirst ?" (2007), sélectionné pour le Edgar Award et le Barry Award, ou encore "Dark Flag" (2010). 
En 2016, il publie, "L'Homme sans passé" (A Death in Sweden).
"The Hunter’s Prayer" (2004) a été porté à l’écran par Jonathan Mostow, avec Sam Worthington et Odeya Rush, en 2017. 

son site : http://www.kevinwignall.com/ 

L'Homme sans passé - Kevin Wignall
AmazonCrossing - 18/04/2017