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mardi 20 juin 2017

JUSTICE SOIT-ELLE - Marie VINDY

Marie Vindy est auteur de polars et de romans noirs mais aussi chroniqueuse judiciaire.
Sa vocation d’auteur est de révéler la violence de notre société dans tout ce qu’elle a de plus dramatiquement banale, de forcer le lecteur à poser son regard là où il l’aurait détourné par dégoût, ou oser intervenir quand on est confronté à la douleur d’un proche, d’un voisin, d’un membre de la famille, victime d’agression, en particulier la violence conjugale ou la maltraitance d’enfant.
Marie Vindy est aussi administratrice de l’association Solidarité femmes 21, un engagement qui n’est pas sans lien avec les thèmes abordés dans ses romans.

Dans son dernier roman, Justice soit-elle, elle rend hommage au travail acharné de Corinne Hermann, incarnée dans le livre par Déborah, une avocate qui travaille sur des affaires classées, des dossiers oubliés et non résolus de jeunes filles assassinées.

La Bourgogne. Le parc naturel du Morvan. Laurine, 11 ans, n’a pas connu sa mère, assassinée quand elle avait un an. Et voilà en plus qu’elle découvre un cadavre lors d’une sortie de nuit avec son cousin, le corps de Perrine, disparue trois jours plus tôt. C’est beaucoup pour une enfant de cet âge. Deux meurtres parmi les dix-huit perpétrés en vingt-six ans. Dix-huit meurtres de jeunes femmes, d’adolescentes pour la grande majorité, dont seulement quatre avaient été élucidés.
Pendant que la gendarmerie enquête sur le meurtre de Perrine, Maître Déborah Lange va à la rencontre des gens, de la population locale, des familles des victimes. Ses directives : écouter, laisser parler, créer une association pour faire pression sur la justice, trouver des points communs pour regrouper des dossiers et faire lever la prescription pour l’ensemble.

La principale difficulté du roman est de pouvoir s’y retrouver entre les différentes enquêtes et les protagonistes concernés. L’enquête de la gendarmerie, étant plus développée, accroche plus facilement. De même que les tribulations de la petite Laurine, à la recherche de la vérité sur la disparition de sa mère, constituant un fil rouge que l’on retrouve tout au long du roman, se suivent aisément. Les choses se compliquent pour le cheminement des recherches de l’avocate, qui traite différents dossiers et consulte les familles respectives des jeunes filles disparues.
Toutes ces pistes et enquêtes finissent par embrouiller l’esprit.
Dommage aussi que la psychologie des personnages ne soit pas plus développée

Marie Vindy réussit par contre très bien à nous faire comprendre ses luttes et prendre conscience de la violence de notre société. Elle dénonce également l’aspect bureaucratique et le manque d’humanité de la justice face aux proches des victimes, anéantis de chagrin, démunis, dans un moment où ils ont particulièrement besoin d’aide et de compréhension.



« Comme chaque semaine, ou presque, son ex-mari s’était débrouillé pour être là, à l’attendre au bas de son immeuble lorsqu’elle avait déposé les garçons. Déborah avait dû essuyer ses menaces habituelles et ses sempiternelles injures. Quand il ne projetait pas ouvertement d’empêcher les enfants de repartir, arguant qu’ils seraient bien mieux à plein temps chez lui plutôt qu’avec leur folle de mère dont la seule préoccupation était de pourchasser des tueurs en série qui n’existaient que dans son esprit dérangé, il tentait de la persuader de les récupérer plus tôt. …

Les paroles de sa meilleure amie lui revenaient alors : « Te laisse pas faire, il veut juste ta peau et il fera tout pour te pourrir la vie ! Ne lui dis rien, la moindre info qui t’échappera, il la retournera contre toi .» 


« L’enquête était immatérielle. Elle ne savait rien, on ne lui disait rien. Sa fille avait été tuée, c’est tout. Elle avait été auditionnée par les gendarmes, ils avaient fouillé la chambre d’Angélique, elle en avait pleuré. Puis plus rien pendant des mois. Jusqu’au jour où elle avait reçu une convocation du tribunal. Elle avait parlé au juge d’instruction, dans son bureau . Le juge avait l’air compréhensif, mais elle n’aurait su dire s’il était compétent. Elle avait répété ce qu’elle avait dit aux gendarmes. Elle avait insisté sur les amis d’Angélique, sur les copains qu’elle fréquentait. Le juge l’avait écoutée. Et puis, plus rien. Des mois, des années. Elle avait demandé, une fois, un rendez-vous. Une greffière lui avait répondu que le juge qui s’occupait de son dossier avait changé et qu’il n’y avait rien de nouveau. »



Source : http://www.parolesdauteurs.com/interview-marie-vindy/



JUSTICE SOIT-ELLE  -  Marie VINDY
Editions PLON  -  Collection SANG NEUF  -  Parution 08/06/2017

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