Marie
Vindy est auteur de polars et de romans noirs mais aussi chroniqueuse
judiciaire.
Sa
vocation d’auteur est de révéler la violence de notre société
dans tout ce qu’elle a de plus dramatiquement banale, de forcer le
lecteur à poser son regard là où il l’aurait détourné par
dégoût, ou oser intervenir quand on est confronté à la douleur
d’un proche, d’un voisin, d’un membre de la famille, victime
d’agression, en particulier la violence conjugale ou la
maltraitance d’enfant.
Marie
Vindy est aussi administratrice de l’association Solidarité femmes
21, un engagement qui n’est pas sans lien avec les thèmes abordés
dans ses romans.
Dans
son dernier roman, Justice soit-elle, elle rend hommage au travail
acharné de Corinne Hermann, incarnée dans le livre par Déborah,
une avocate qui travaille sur des affaires classées, des dossiers
oubliés et non résolus de jeunes filles assassinées.
La
Bourgogne. Le parc naturel du Morvan. Laurine, 11 ans, n’a pas
connu sa mère, assassinée quand elle avait un an. Et voilà en plus
qu’elle découvre un cadavre lors d’une sortie de nuit avec son
cousin, le corps de Perrine, disparue trois jours plus tôt. C’est
beaucoup pour une enfant de cet âge. Deux meurtres parmi les
dix-huit perpétrés en vingt-six ans. Dix-huit meurtres de jeunes
femmes, d’adolescentes pour la grande majorité, dont seulement
quatre avaient été élucidés.
Pendant
que la gendarmerie enquête sur le meurtre de Perrine, Maître
Déborah Lange va à la rencontre des gens, de la population locale,
des familles des victimes. Ses directives : écouter, laisser
parler, créer une association pour faire pression sur la justice,
trouver des points communs pour regrouper des dossiers et faire lever
la prescription pour l’ensemble.
La
principale difficulté du roman est de pouvoir s’y retrouver entre
les différentes enquêtes et les protagonistes concernés. L’enquête
de la gendarmerie, étant plus développée, accroche plus
facilement. De même que les tribulations de la petite Laurine, à la
recherche de la vérité sur la disparition de sa mère, constituant
un fil rouge que l’on retrouve tout au long du roman, se suivent
aisément. Les choses se compliquent pour le cheminement des
recherches de l’avocate, qui traite différents dossiers et
consulte les familles respectives des jeunes filles disparues.
Toutes
ces pistes et enquêtes finissent par embrouiller l’esprit.
Dommage
aussi que la psychologie des personnages ne soit pas plus développée
Marie
Vindy réussit par contre très bien à nous faire comprendre ses
luttes et prendre conscience de la violence de notre société. Elle
dénonce également l’aspect bureaucratique et le manque d’humanité
de la justice face aux proches des victimes, anéantis de chagrin,
démunis, dans un moment où ils ont particulièrement besoin d’aide
et de compréhension.
« Comme chaque semaine, ou presque, son ex-mari s’était débrouillé pour être là, à l’attendre au bas de son immeuble lorsqu’elle avait déposé les garçons. Déborah avait dû essuyer ses menaces habituelles et ses sempiternelles injures. Quand il ne projetait pas ouvertement d’empêcher les enfants de repartir, arguant qu’ils seraient bien mieux à plein temps chez lui plutôt qu’avec leur folle de mère dont la seule préoccupation était de pourchasser des tueurs en série qui n’existaient que dans son esprit dérangé, il tentait de la persuader de les récupérer plus tôt. …
Les paroles de sa meilleure amie lui revenaient alors : « Te laisse pas faire, il veut juste ta peau et il fera tout pour te pourrir la vie ! Ne lui dis rien, la moindre info qui t’échappera, il la retournera contre toi .»
« L’enquête était immatérielle. Elle ne savait rien, on ne lui disait rien. Sa fille avait été tuée, c’est tout. Elle avait été auditionnée par les gendarmes, ils avaient fouillé la chambre d’Angélique, elle en avait pleuré. Puis plus rien pendant des mois. Jusqu’au jour où elle avait reçu une convocation du tribunal. Elle avait parlé au juge d’instruction, dans son bureau . Le juge avait l’air compréhensif, mais elle n’aurait su dire s’il était compétent. Elle avait répété ce qu’elle avait dit aux gendarmes. Elle avait insisté sur les amis d’Angélique, sur les copains qu’elle fréquentait. Le juge l’avait écoutée. Et puis, plus rien. Des mois, des années. Elle avait demandé, une fois, un rendez-vous. Une greffière lui avait répondu que le juge qui s’occupait de son dossier avait changé et qu’il n’y avait rien de nouveau. »
Source :
http://www.parolesdauteurs.com/interview-marie-vindy/
JUSTICE SOIT-ELLE - Marie VINDY
Editions PLON - Collection SANG NEUF - Parution 08/06/2017
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