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jeudi 4 janvier 2018

LA VÉRITÉ MÊME - James RAYBURN

Roger Smith est un auteur sud-africain de thrillers politiques sombres et assez violents. Sortant de son thème habituel, il écrit sous le pseudonyme de James Rayburn un roman d’espionnage hors du commun, La Vérité Même, où il est question d’individualisme, de patriotisme et de règlement de comptes.

Kate Swift, ex-agent de la CIA, est devenue une paria . Suite à la mort du père de son enfant, motivée par son dégoût et son désir de vengeance, et probablement aussi pour laver sa propre culpabilité, elle fait éclater la vérité sur les agissements et atrocités en tout genre commis par certains agents . Parmi ceux-ci, Lucien Benway, l’homme qui a dirigé les opérations spéciales de la CIA, des opérations secrètes en pays étrangers, missionné par le président en personne, et qui a subi, suite aux aveux de Kate, l’humiliation de voir tous ses liens avec la CIA, le Pentagone et la Maison-Blanche coupés du jour au lendemain, un homme renvoyé dans les limbes, désaimé des puissants amis qu’il admirait tant, passant de chien de concours à bâtard en moins de cinq secondes, un homme qui a la haine envers la responsable de ce gâchis et qui n’a de cesse de la retrouver pour régler ses comptes.

Planquée depuis deux ans dans le Vermont , sous une fausse identité, avec sa fille Suzie, Kate mène autant que faire se peut une existence paisible, bien loin des missions de sa vie antérieure. Un jour, en sa présence, deux jeunes hommes font irruption et ouvrent le feu dans l’école primaire de Suzie.

Laissant ressurgir ses automatismes, Kate parvient à maîtriser les agresseurs au risque de se dévoiler. Persuadée que ces hommes armés ont été envoyés par son ancien ennemi juré, Lucien Benway, elle disparaît avec sa fille et part retrouver son mentor à la retraite Philip Danvers, et Harry Hook, stratège de génie, qui n’avait pas son pareil pour imaginer des plans infaillibles, dans le but de disparaître une deuxième fois. Mais Lucien Benway n’a aucune limite pour assouvir sa vengeance, et l’irruption de Kate va remettre à jour des règlements de comptes qui vont coûter cher en vies humaines.

Ce n’est donc pas un thriller d’espionnage géopolitique tel qu’on a l’habitude de voir, mettant en scène une puissance étrangère néfaste, mais plus un livre sur les espions eux-mêmes.
La Vérité Même explore l’idée que les espions, tout en étant des machines à tuer impitoyables, sont des êtres humains imparfaits comme vous et moi. Travailler pour la CIA est stressant et cela finit par vous épuiser, tuer votre rêve et vous transformer en un gâchis existentiel. L’intrigue du livre provient essentiellement d’un conflit d’égos entre Kate Swift, la patriote – son allégeance au pays et au drapeau forgée par ce qu’elle avait vécu à quatorze ans lorsque, debout sur un trottoir du Mower Manhattan, elle avait vu s’écrouler les tours jumelles et inhalé la poussière des morts - , et Lucien Benway, un fanatique qui dissimule sa psychopathie sous un chauvinisme des époques Reagan et Bush.
Les thrillers d’espionnage traditionnels présentent cet aspect patriotique qui oppose les Etats-Unis à un ennemi politique malintentionné. Celui qui s’éloigne du programme finit toujours par être un traître. Ce n’est pas le cas ici. Techniquement, Kate Swift est le traître pour avoir dénoncé les activités de la CIA, tandis que Benway est juste un employé du gouvernement trop ambitieux qui a été pris en flagrant délit de faire de la merde. A eux deux, ils symbolisent les deux visages du patriotisme : le sacrifice désintéressé pour le plus grand bien (avec sans doute un goût sauvage pour l’aventure) et l’ambition insouciante se cachant dans les agences gouvernementales et se faisant passer pour de l’altruisme.

James Rayburn (Roger Smith), avec un fond d’espionnage, nous offre un excellent thriller d’action. Il conduit le récit vers une conclusion palpitante en Thaïlande, tout en le parsemant d’un peu d’humour et de satire, ce qui a pour effet d’atténuer un peu la violence bien présente.
Bien qu’il y ait un peu de rédemption, tout le monde ne survit pas. Ceux qui ont cette chance risquent de vous surprendre.



LA VÉRITÉ MÊME  -  James RAYBURN
CALMANN-LEVY  -  10/01/2018

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