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samedi 5 mai 2018

LES FANTÔMES DE BELFAST - Stuart NEVILLE


Après avoir lu Silver Water de Haylen Beck, un excellent thriller – que je vous recommande - publié chez Harper Collins en mars de cette année, j’ai eu envie de découvrir un peu mieux cet auteur irlandais, dont le véritable nom est Stuart Neville.

Publié en 2009 en version originale et en 2011 en français, Les fantômes de Belfast nous emmène dans les rues de Belfast quelques mois après la fin de la guerre civile qui mina l’Irlande du Nord trente années durant. La trame de fond n’était pas simple, une guerre civile que l’on a suivie de loin ( de très loin, même, sans vraiment tout comprendre des tenants et aboutissants ), mais Stuart Neville nous rend les choses merveilleusement simples. Le héros ( si l’on peut qualifier ainsi un ex-tueur de l’IRA, qui se chargeait des sales besognes et qui avait pas mal de sang sur les mains !), le héros, donc, Gerry Fegan, à peine sorti de prison, est désoeuvré. La paix étant enfin établie, Gerry Fegan — Gerry pour les intimes — figure de proue des catholiques, admiré et — surtout ? — craint de tous, passe ses soirées à picoler dans un pub. Son obsession ? Les visions qui ne le lâchent pas, ses victimes, véritables spectres que lui seul aperçoit et qui ne cessent de le fixer, sauf après une certaine quantité d’alcool.
« Vengeance » lui hurlent – ils à tue-tête. Le boucher et la femme avec son bébé, fauchés par un attentat, les trois militaires et les deux soldats des forces intérieures, tous massacrés, et les quatre civils, qui s’étaient trouvés au mauvais endroit, au mauvais moment. « Vengeance » lui réclament – ils, mimant du geste le mouvement d’un pistolet. Vengeance, finit – il par se persuader. Vengeance qui, seule, pourra mettre fin à ses cauchemars. Trouver les responsables et les punir pour leurs actes, c’est ce qui va animer Gerry Fegan tout au long de ce roman habilement ficelé, un roman où l’amour n’a guère de place, à l’exception de cette femme, Marie McKenna, et de sa fille, Ellen, qui vont croiser sa route de manière inattendue.



Les Fantômes de Belfast est un roman violent et sanglant où la violence et l’effusion de sang servent réellement un but, plutôt que de simplement essayer de choquer le lecteur. C’est une histoire de vengeance, un thriller politique et un récit de rédemption.
Nous observons ce monde principalement à travers les yeux de Fegan et plus tard à travers ceux de Campbell, un ancien soldat britannique devenu infiltré, qui sont tous deux aussi redondants dans ce monde post-conflit. « S’il y a la paix, si c’est vraiment la fin, alors à quoi allons-nous servir ? ». Comme dit l’auteur : « Après quatre-vingts ans, ce petit pays avait enfin un avenir. Mais Campbell non ».

A l’exception de Fegan, pour lequel nous avons plutôt tendance à éprouver de la sympathie, les portraits des chefs de l’IRA et de ses soldats par l’auteur sont clairs et impitoyables, tandis que les officiels britanniques sont plutôt caricaturaux.
La morale du livre, exprimée par la mère d’un garçon assassiné, est que tôt ou tard, tout le monde paie, même quand la paix est déclarée et même quand les assassins deviennent des politiciens.

Bien qu’il soit en quête de rédemption, Fegan reconnaît qu’il n’a jamais imaginé un autre travail que tuer, mais se considère plus comme un ouvrier qualifié que comme un artisan qualifié. Aussi, pour lui, sa rédemption doit passer par l’élimination des commanditaires. Dans ses descriptions Neville dépeint dans des détails répugnants des scènes de torture et de meurtre infligées par les responsables et leurs acolytes, alors que Fegan agit d’une manière plus directe, plus propre, plus humaine. Qui dit repentir, dit meurtre différent ?

Les fantômes de Belfast, premier roman de Stuart Neville en 2009, est original, captivant et plein de suspense. De quoi me donner l’envie de poursuivre mon immersion irlandaise via sa bibliographie.



LES FANTÔMES DE BELFAST  -  Stuart NEVILLE
RIVAGES/NOIR (format poche)  -  2/10/2013

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