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mardi 25 juillet 2017

JE M'APPELLE LUCY BARTON - Elizabeth STROUT

Elizabeth Strout est une romancière américaine. Elle a reçu le prix Pulitzer en 2009 pour Olive Kitteridge, un superbe roman qui n’est autre qu’une ode à la vie, un bijou de psychologie à la musique si particulière.

Avec la même délicatesse, dans Je M’Appelle Lucy Barton, elle manifeste une fois de plus un talent évident pour évoquer les sentiments, les secrets et les états d’âmes en nous montrant comment une simple visite dans un hôpital se transforme en la plus tendre relation qui puisse exister, celle entre une mère et sa fille.

Le roman, narré par la protagoniste avec une vision vers le passé, et donc avec le recul et le manque de fiabilité de la mémoire, se déroule au milieu des années 1980 au cours d’une longue hospitalisation liée à une maladie non diagnostiquée survenue après une ablation de l’appendice.
L’action se passe sur cinq jours, durant lesquels Lucy reçoit la visite de sa mère, à qui elle n’a pas parlé pendant de nombreuses années. Des railleries et anecdotes à propos des personnes de l’enfance de Lucy à Amgash, dans l’Illinois, semblent les reconnecter. Mais la présence de sa mère lui rappelle aussi des tensions et des souvenirs plus douloureux de son enfance : la pauvreté, les abus et l’exclusion sociale.

Elizabeth Strout décrit admirablement l’enfance de Lucy, imprégnée non seulement de difficultés financières, mais aussi de privations culturelles et émotionnelles : ni livre, ni magazine, ni télévision, ni voisins. Le sentiments d’isolement est palpable et l’auteur crée une représentation tragique de la solitude d’une vie.

« Tout en me sentant épanouie, je me sentais seule. La solitude est le premier goût que m’a laissé la vie, et il ne m’a jamais quittée, toujours tapi dans les interstices de ma bouche, comme un rappel. »

Lucy nous confie aussi que c’est cette solitude qui l’a incitée à devenir écrivain.

« Les livres m’apportaient quelque chose. Grâce à eux, je me sentais moins seule. Et je pensais : moi aussi, un jour, j’écrirai et les gens ne se sentiront plus aussi seuls ! »

On peut dire que Lucy a réussi dans la vie. Elle est écrivain, est mariée et a deux enfants. Malgré cela, la solitude semble encore l’affecter. L’éloignement de son mari, qui n’aime pas fréquenter les hôpitaux, et de ses enfants ne serait-il pas la cause de cette maladie non diagnostiquée, psychosomatique, responsable de sa longue hospitalisation ? En tout cas, elle avoue ressentir un attachement profond pour le médecin juif qui lui rend visite quotidiennement. De même elle voudrait pouvoir retenir plus longtemps l’infirmière qui passe à son chevet, et reconnaît l’apaisement que lui procure la présence de sa mère à ses côtés.

« En temps normal, je me réveillais à minuit, puis sommeillais par intermittence, ou bien je restais les yeux ouverts, à regarder les lumières de la ville par la fenêtre. Mais, cette nuit-là, j’ai dormi sans interruption et, au matin, ma mère était assise au même endroit que la veille. »

La mère de Lucy, probablement à cause de sa propre éducation, est incapable de dire à sa fille qu’elle l’aime sauf « quand tes yeux sont fermés. », ce qui explique aussi la privation émotionnelle et la solitude. Le plus tragique est aussi que Lucy elle-même n’en perçoit pas la portée dévastatrice .

« J’ai la sensation que les gens pourraient ne pas comprendre que ma mère n’a jamais pu dire les mots « je t’aime ». J’ai la sensation que les gens pourraient ne pas comprendre que ça n’était pas grave. »


Je M’Appelle Lucy Barton est un roman sur l’amour, l’amour compliqué et complexe entre une mère et sa fille.

Merci à NetGalley et aux Editions Fayard de m'avoir permis de lire ce livre en avant-première en échange d'une critique honnête.



JE M'APPELLE LUCY BARTON  -  Elizabeth STROUT
Editions FAYARD  -  30/08/2017

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