Paris, 1997. Eva se
rend chez une connaissance de longue date. Un ami plus qu’intime.
Un rendez-vous qu’elle a préparé de longue date, depuis que
l’évidence s’était imposée. Sa rancœur est contenue. Un
désespoir ordinaire remplace sa rage initiale. Mais sa décision est
prise. Elle est là pour le tuer.
Au commissariat,
elle est concise, retenue, précise. Elle fait sa déposition sans le
moindre mensonge, avoue avoir prémédité son geste, mais affiche
froideur et distance. Attitude d’une grande orgueilleuse ou d’une
grande blessée ?
Le juge Sagedieu et
le commandant Milnor vont sillonner les dédales du passé d’Eva à
la poursuite de rares témoins. A l’issue d’une traque étonnante,
ils parviennent à reconstituer son parcours, la douloureuse route de
sa vie.
Contrairement à ce
que le début nous laisse penser, Ils ont abattu les grands arbres
est plus un roman de littérature générale qu’un roman policier,
car l’objectif de Kurt Jais-Nielsen est bel et bien de nous
raconter le génocide rwandais – le titre du livre en étant le
message déclencheur - dans toute son horreur, tel que l’a vécu
Eva, se substituant en quelque sorte à l’avocat de la défense,
chargé de défendre sa cliente devant un parterre de jurés que sont
les lecteurs.
Et pour comprendre
le geste d’Eva, l’auteur nous raconte son enfance, sa scolarité,
ses fréquentations, ses états d’âme, sa mélancolie qui
s’installe progressivement jusqu’à devenir mal-être endémique,
sa promesse faite à un sans-abri rwandais à Paris, sa renaissance
au contact du sol africain, ses relations avec un époux dominant,
...
Kurt Jais-Nielsen,
avec un style limpide, nous permet d’imaginer toute la beauté
naturelle du Rwanda, le pays aux mille collines, de ressentir la
révolte comme on entend sourdre l’eau qui évolue en torrent
rugissant comme le bruit des machettes mêlé aux cris de terreur et
d’agonie.
Eva y fait des
rencontres qui vont changer le sens de sa vie. « Un sens à
cette vie terrestre, enfin, un putain de sens, se dit-elle, ne pas le
lâcher ! »
Et petit à petit,
au fil de l’histoire, nous découvrons toute l’horreur d’une
trahison qui justifie amplement son acte prémédité.
C’est un livre qui
ne laisse pas indifférent, une histoire dont on ne sort pas indemne,
avec des personnages marquants qu’ils soient attachants ou
détestables.
Un superbe roman !
Un auteur à
découvrir !
A Goma elles découvrirent la réalité d'un camp de réfugiés. D'abord, l'odeur de la mort : mélange âcre de viandes avariées, d'urine et de déjections, odeur que le soir on ramène chez soi. On se lave, on change de linge, mais l'odeur reste tapie au fond des narines, indélogeable à moins de s'amputer du nez. Et lorsqu'on n'a pas de chez-soi, pas de linges de rechange, ni aucun lieu intime où faire sa toilette, on devient soi-même un cadavre vivant qui pue.
Ils avaient tué son mari, ses quatre fils, puis l'ont emmenée vers un gymnase où étaient parquées des centaines d'autres femmes, offertes en pâture à une bande de sauvages. "Des batteries de poules conduites à l'abattoir", avait dit Uwase. Sauf qu'ici, au Rwanda, il s'agissait d'un type nouveau de boucherie : le viol collectif pratiqué à la chaîne, chronomètre en main !
Kurt JAIS-NIELSEN, né à Copenhague, arrive, enfant, à Paris. Après un long détour par les Mathématiques et la Finance, il se consacre désormais à l’écriture tout en considérant cette première expérience comme une étape utile à l’ancrage de ses pensées dans la page blanche. Ils ont abattu les grands arbres est son second roman.
Site : www.kjaisnielsen.net
ILS ONT ABATTU LES GRANDS ARBRES - Kurt Jais-Nielsen
Editions TENSING - 11/2016
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