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mardi 3 janvier 2017

NO HOME - Yaa Gyasi



No Home est une saga qui apporte un regard incroyable et horrible sur l'histoire, le colonialisme et l'esclavage au Ghana et en Amérique, à travers 250 ans. Comment l'auteure a-t-elle réussi à créer de tels personnages, couvrir tant d'histoire, et raconter une histoire aussi complexe, mais convaincante en seulement 300 pages, je ne sais pas.

Ce livre, cependant, est peut-être la saga familiale la plus ambitieuse que j'ai jamais lue. La plupart des livres comme celui-ci couvrent trois générations. No Home en suit sept. Tout commence avec deux demi-sœurs - Effia et Esi - qui ne se connaîtront jamais. La famille de l’une connaîtra l’esclavage en Amérique, celle de l’autre restera au Ghana.

Chaque chapitre nous parle d'un nouveau personnage. D'abord Effia et Essi, puis six de leurs descendants, alors que l'histoire suit les changements culturels au Ghana et en Amérique - à travers le colonialisme, le racisme et les attitudes envers l'esclavage. Grâce aux personnages, nous vivons la vie durant les guerres tribales des années 1700, les horreurs du commerce transatlantique des esclaves, les manières dont les dirigeants proéminents du Ghana ont aidé les esclavagistes britanniques et américains, la peur créée par la Loi des Esclaves Fugitifs en Amérique et bien plus encore.

Quatorze personnages en 300 pages, c’est peut-être beaucoup pensez-vous ? Il n’en est rien. On passe de l’un à l’autre, d’une lignée à l’autre, d’un continent à l’autre, avec aisance, tant Yaa Gyasi est une conteuse hors pair. Elle prend des sujets importants comme l’esclavage et le colonialisme, les pimente avec de parfaites petites conversations et des regards sur la nature humaine. On a de l’empathie pour chaque personnage. La lecture en devient facile et captivante.

« Tous les peuples du continent noir doivent abandonner leur paganisme et se tourner vers Dieu. Soyez reconnaissants que les Britanniques sont ici pour vous montrer comment vivre une vie bonne et morale. »

Nos ancêtres ont peut-être pris part au colonialisme et sont responsables d’actes peu glorieux. Heureusement que nous avons évolué et commencé à embrasser d’autres cultures.

Comme on peut s'y attendre, il y a de quoi être dégoûté dans ce livre. Fidèle à l'histoire, il est plein de sang, de coups de fouet, de langage raciste, de supériorité britannique et d'autres scènes qui vous retournent l’estomac. Cependant, Gyasi manipule avec sensibilité son sujet, en s'assurant que la violence est une représentation honnête de l'histoire, non gratuite.


Une histoire rudimentaire et détaillée sur les effets de longue date de la colonisation de l'Afrique et de la traite négrière. Une vraie réussite !


"Les hommes blancs ont le choix. Ils peuvent choisir leur travail, choisir leur maison. Ils font des bébés noirs, puis ils s'évaporent comme s'ils n'avaient jamais été là, comme si toutes ces femmes noires avec lesquelles ils avaient couché ou qu'ils avaient violées, elles étaient tombées enceintes toutes seules. Les hommes blancs peuvent aussi décider pour les Noirs. Ils les vendaient autrefois ; maintenant ils les envoient juste en prison, comme ils ont fait avec mon papa, et les privent de leurs enfants."
 "Le dieu de l'homme blanc est comme l'homme blanc. Il pense qu'il est le seul dieu, juste comme l'homme blanc pense qu'il est le seul homme. Mais la seule raison pour quoi il est dieu au lieu de Nyame ou Chukwu ou n'importe qui, c'est parce que nous le laissons faire. Nous ne le combattons pas. Nous ne le contestons même pas. L'homme blanc nous a dit que c'était comme ça, et nous avons dit oui, mais quand l'homme blanc nous a-t-il jamais dit qu'une chose était bonne pour nous et que cette chose était vraiment bonne ? Il disent que tu es un sorcier africain, et alors ? Et alors ? Qui leur a dit ce qu'est un sorcier ?"

No Home - Yaa Gyasi
Calmann-Lévy  -  Janvier 2017

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