Il
est aveugle. Elle est ses yeux. Elle pense le guider vers la lumière.
Il va l'entraîner dans ses ténèbres.
Gabriel a tout perdu en une nuit. Son fils de dix-sept ans, sauvagement assassiné. Ses yeux. Sa vie... Les années ont passé et il n'a pas renoncé à faire la lumière sur la mort de son enfant. Quand un nouvel élément le met enfin sur la piste du meurtrier, c'est une évidence : il fera justice lui-même. Il recrute alors Maya, une jeune femme solitaire et mélancolique, sans lui avouer ses véritables intentions...
Gabriel a tout perdu en une nuit. Son fils de dix-sept ans, sauvagement assassiné. Ses yeux. Sa vie... Les années ont passé et il n'a pas renoncé à faire la lumière sur la mort de son enfant. Quand un nouvel élément le met enfin sur la piste du meurtrier, c'est une évidence : il fera justice lui-même. Il recrute alors Maya, une jeune femme solitaire et mélancolique, sans lui avouer ses véritables intentions...
Ingrid
Desjours signe avec La prunelle de ses yeux un excellent thriller
psychologique comme je les aime. Les personnages sont à la fois
machiavéliques et paumés, et la partie thriller aborde un contexte
médical que je ne connaissait pas et qui, à lui seul, contribue au
suspense de l’intrigue. Il s’agit de la cécité de conversion,
une maladie sans aucune anomalie physiologique, mais liée à un
profond traumatisme psychologique, se traduisant néanmoins par une
perte de la vue qui peut être totale.
C’est
le cas de Gabriel devenu aveugle suite à l’assassinat de son fils
de 17 ans. Bien qu’il ait réussi à développer d’autres moyens
de perception, on se demande par moment si sa cécité est bien
réelle, tant ses déductions et ses agissements liés aux
perceptions de l’environnement sont étonnantes. Sachant que cette
cécité peut être réversible, on s’attend aussi par moment à
une diminution de sa cécité et un retour à une vue normale.
L’auteur
signe un roman véritablement abouti. Avec dextérité, elle l’ancre
dans la réalité quand il est question d’élitisme et des grandes
écoles, d’intolérance et de pouvoir politique. Non sans un
certain brio, elle essaime d’autres thèmes, les relations
père-fils, l’homosexualité, le bizutage, la soumission à travers
l’expérience de Milgram, la résignation acquise via l’expérience
d’Overmier & Seligman, Seligman & Maier.
Mais cela dit, je donne l’impression d’un fourre-tout. Il n’en est rien. Bien au contraire. Ce roman noir, est d’une rare fluidité. Le lecteur navigue dans un va et vient incessant entre 2003 et 2016. Deux époques mais aussi, un double suspense. La narration amène une analyse fine et intelligente des situations. Elle construit l’intrigue dans un rythme parfait. Tout devient passionnant. Il y a le meilleur de l’homme et le pire, l’amour et la haine. Le lecteur est au début de chacune des parties de ce roman, éclairé par de courts textes relatant des expériences menées dans les années 60. Ces liens qui n’ont rien d’innocent. Ils renforcent ce que vivent les personnages principaux. Justement, parlons de ces personnages. Ils sont forts et torturés. Leurs sentiments sont justes. Gabriel, son deuil et sa culpabilité, Maya et ses dépendances, à l’alcool et à Tancrède Sinclair, l’archétype du facho détestable. Et Victor, personnage central, forgé dans ses doutes et ses envies, si présent et décédé.
L’intrigue est délicate et brutale. Chacun manipule l’autre dans un voyage où tous se verront dépouillés de leurs artifices, de leurs mensonges et leurs non-dits. Dans cette recherche de la vérité où les traumas doivent être mis à nu, Ingrid Desjours joue sur les certitudes et les doutes. Chercher la vérité peut-être un révélateur de ce que nous sommes. Voir cette vérité en face, y faire face, c’est aussi affronter son propre regard sur soi.
Mais cela dit, je donne l’impression d’un fourre-tout. Il n’en est rien. Bien au contraire. Ce roman noir, est d’une rare fluidité. Le lecteur navigue dans un va et vient incessant entre 2003 et 2016. Deux époques mais aussi, un double suspense. La narration amène une analyse fine et intelligente des situations. Elle construit l’intrigue dans un rythme parfait. Tout devient passionnant. Il y a le meilleur de l’homme et le pire, l’amour et la haine. Le lecteur est au début de chacune des parties de ce roman, éclairé par de courts textes relatant des expériences menées dans les années 60. Ces liens qui n’ont rien d’innocent. Ils renforcent ce que vivent les personnages principaux. Justement, parlons de ces personnages. Ils sont forts et torturés. Leurs sentiments sont justes. Gabriel, son deuil et sa culpabilité, Maya et ses dépendances, à l’alcool et à Tancrède Sinclair, l’archétype du facho détestable. Et Victor, personnage central, forgé dans ses doutes et ses envies, si présent et décédé.
L’intrigue est délicate et brutale. Chacun manipule l’autre dans un voyage où tous se verront dépouillés de leurs artifices, de leurs mensonges et leurs non-dits. Dans cette recherche de la vérité où les traumas doivent être mis à nu, Ingrid Desjours joue sur les certitudes et les doutes. Chercher la vérité peut-être un révélateur de ce que nous sommes. Voir cette vérité en face, y faire face, c’est aussi affronter son propre regard sur soi.
Une
histoire aussi noire que touchante.
Auteur
française née en 1976. Ingrid Desjours est psychocriminologue
spécialisée en sexo-criminologie. Après avoir pratiqué en
Belgique auprès de criminels sexuels, elle anime aujourd’hui des
conférences sur la psycho-criminologie et la criminalité
d’entreprise. Elle se consacre entièrement à l’écriture de
romans et de scénarios pour des séries télévisées.
LA
PRUNELLE DE SES YEUX - Ingrid DESJOURS
Editions
Robert Laffont – La Bête Noire – 2016
Pocket
– 10/2017
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