Je
retrouve avec plaisir un auteur dont je suis devenu fan, Stuart
Neville, dont le dernier livre sorti en 2017, Le silence pour
toujours, est en fait le quatrième de la série Jack Lennon, ce flic
catholique qui n’a pas hésité à exercer son métier au sein de
la police à majorité protestante d’Irlande du Nord.
Étant
donné les allusions aux tomes précédents et les personnages
récurrents, je ne saurais trop recommander de lire cette série dans
l’ordre de parution : Les Fantômes de Belfast, Collusion,
Âmes volées, et Le Silence pour toujours.
Stuart
Neville nous propose une fois de plus une histoire bien noire, où
les règlements de compte sont encore et toujours l’héritage du
passé peu glorieux que Belfast a connu.
Quand il était jeune, il
n’y voyait guère plus qu’une grosse agglomération, avec ses
usines mortes ou moribondes, ses citoyens dressés les uns contre les
autres au milieu de ruines. Des gens si pleins de haine qu’ils ne
comprenaient pas que leur véritable ennemi était la pauvreté
contre laquelle ils auraient dû s’unir. Au lieu de quoi, ils se
retranchaient dans des mondes où Eux s’opposaient à Nous, ils
élevaient des barricades, et laissaient le sang couler.
On retrouve Jack Lennon, flic
toujours sur pied, mais boitant bas, accro aux analgésiques, en
congé de maladie et risquant la suspension suite à une fusillade
avec un autre officier qui tentait de l’assassiner (Âmes volées).
Heureusement pour lui, son nouveau superviseur, la DCI Serena
Flanagan, semble être complètement honnête et exempte de tout lien
passé douteux, ce qui s’avère exceptionnel dans le monde de
Lennon. Toutefois elle se méfie beaucoup de lui, étant donné ses
états de service et les accusations dont il fait l’objet.
Ainsi, Jack n’est pas en
pleine forme quand il est contacté par une ex, Rea Carlisle. Elle
vient de découvrir dans la maison d’un oncle décédé un album
atroce relatant des assassinats dont l’oncle a été complice au
fil des années. Le propre père de Rea, un éminent politicien
unioniste, membre de l’Assemblée d’Irlande du Nord, apparaît
aussi sur une photo, ce qui devient un élément particulièrement
compromettant pour la suite de sa carrière. Le temps qu’un Jack
sceptique vienne la voir, l’album a été volé. Peu après sa
visite, Rea est sauvagement assassinée, et Jack est le dernier à
avoir été vu entrant chez elle.
Dans ce quatrième tome, Stuart
Neville place enfin Jack Lennon comme personnage principal de
l’intrigue. Jack va de plus en plus mal et n’arrive plus à
concilier son boulot de flic et sa vie personnelle dont la garde de
sa fille fait partie. Chaque jour qui vient lui apporte de nouveaux
lots d’emmerdes, toutes plus graves les unes que les autres. Mais
cela ne freine pas son obstination. Lennon veut absolument comprendre
ce qui est arrivé à Rea et au livre avant qu’il ne perde non
seulement son travail, mais aussi sa liberté et sa fille.
Neville a cette capacité de
pouvoir attirer le lecteur dès la toute première page et
l’accrocher davantage au fil des chapitres. Personnes sensibles
s’abstenir. Neville n’a pas peur de la violence, des personnages
corrompus, ni des développements controversés de l’intrigue. Tout
cela rend ses histoires plus réalistes et passionnantes.
Jack Lennon apparaît comme un
héros particulièrement humain, tant les actions qu’il entreprend
et les décisions qu’il prend sont imparfaites, et pourtant si
humaines. Sa relation et son amour évident pour sa fille Ellen
peuvent être la seule chose pure qui soit dans son existence.
La même chose peut être dite
pour la plupart des personnages de cette série. Ils sont tous
humains et reconnaissables à cause de leurs défauts, de leurs
préjugés et de leurs erreurs autant que de leurs traits les plus
admirables. Leur santé, leurs antécédents, leur statut social
influencent leur fonctionnement. En conséquence, le livre a beaucoup
plus de profondeur qu’un thriller moyen.
Bref, c’est un livre pour
tous ceux qui aiment une histoire en profondeur, passionnante, bien
écrite par un auteur qui tisse de la magie avec ses mots.
LE SILENCE POUR TOUJOURS - Stuart NEVILLE
Editions PAYOT & RIVAGES - 2017
Format poche : Editions RIVAGES - Collection RIVAGES/NOIR - 14/02/2018
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