Quatrième de
couverture :
Jusqu'où
peut-on s'immiscer dans la vie de ses proches ?
Callie
a toujours vécu dans l'ombre de sa sœur, Tilda, à qui tout
réussit. Celle-ci est actrice et forme un couple heureux avec Felix,
un riche banquier, alors que Callie vit seule et végète dans la
librairie où elle travaille. Si elle admire toujours autant sa sœur,
elle ne peut néanmoins s'empêcher de penser que quelque chose se
cache sous ce vernis de perfection. Tilda ne serait-elle pas sous
l'emprise de Felix, dont les comportements obsessionnels sont de plus
en plus inquiétants ? Ou bien Callie se fait-elle des illusions ?
N'est-ce pas plutôt elle qui a un problème avec la réussite de
Tilda ? Lorsque Felix décède d'une crise cardiaque, les relations
entre les deux sœurs prennent un tour complètement inattendu.
La jalousie, la culpabilité, le remords... dans ce roman au suspense hitchcockien, Jane Robins joue sur tous les registres des liens familiaux. D'une étonnante acuité psychologique, elle dessine des personnages à l'humanité poignante, jusque dans leurs familles et leurs excès, pris dans une intrigue où il est impossible jusqu'à la fin de démêler le vrai du faux.
La jalousie, la culpabilité, le remords... dans ce roman au suspense hitchcockien, Jane Robins joue sur tous les registres des liens familiaux. D'une étonnante acuité psychologique, elle dessine des personnages à l'humanité poignante, jusque dans leurs familles et leurs excès, pris dans une intrigue où il est impossible jusqu'à la fin de démêler le vrai du faux.
Mon
avis :
Tilda
et Callie sont sœurs jumelles. Callie a ce besoin viscéral de
toujours veiller sur sa sœur. Lors d’une soirée cinéma avec
« l’inconnu du Nord-Express » de Hitchcock, Tilda
présente Félix à sa sœur. Si au départ Callie est contente pour
sa sœur, elle commence à douter au vu du comportement de Tilda au
fil des semaines. Quand elle aperçoit des bleus sur les bras de
Tilda, Callie devient plus que jamais déterminée à protéger sa
sœur et commence à effectuer des recherches internet sur les
histoires d’amour passionnelles. Sur internet, elle tombe sur un
site Tyrandomestique.com, sur lequel elle trouve la
description même de Felix. Callie est désormais certaine que Tilda
est en danger. Elle ne la voit presque plus, Tilda ne répond plus à
ses messages, on dirait même qu’elle n’accepte plus aucun script
alors que sa carrière d’actrice avait bien commencé.
Je
ne vais pas en dire plus. Tout le livre va se consacrer à cette
« enquête » que mène Callie, personnage principal du
roman et narratrice, sur sa sœur Tilda et Félix.
Imagine
un peu que tu as un membre de ta famille qui t’inquiète. Tu tombes
comme Callie sur un site internet qui te décrit ce que tu crains le
plus. Tu t’attardes sur le site en question, tu fais connaissance
avec d’autres utilisateurs avec qui tu te lies d’amitié et qui
t’aide à surmonter tes craintes. Comme tu es assez influençable,
crédule et pessimiste, ce que tu lis ou ce que l’on te raconte te
persuade que c’est la seule possibilité, la seule chose à faire
pour sauver cette personne.
Tu
as là Callie et ce qu’elle ressent, ce qu’elle vit depuis sa
rencontre avec Félix dont elle se méfie vraiment beaucoup.
Callie
est une jeune femme à la Bridget Jones. Libraire, célibataire, avec
un peu d’embonpoint. Elle préfère être seule, a tendance à
s’effacer pour laisser place aux autres. Autour d’elle ne
gravitent que sa sœur Tilda, sa mère et sa patronne Daphné.
Tilda
est tout l’opposé de sa sœur : exubérante, aimant être le
centre de l’attention. Déjà enfant, c’était la dominante des
deux. Callie n’est pas jalouse de sa sœur au contraire elle
l’admire, la trouve tellement belle et parfaite. Elle a toujours
gravité autour. Un papillon attiré par la lumière et qui ne
peut s’empêcher de s’en approcher quitte à se brûler les
ailes.
Jane
Robins écrit son livre en entier à partir du point de vue de Callie
dans un récit à la première personne. C’est un style
d’écriture que j’aime beaucoup, car tu t’identifies plus
facilement au personnage. Le style propulse naturellement
l’histoire d’une manière rapide et pleine de suspense.
Les
pages défilent à toute allure. C’est un roman qui se lit très
vite. Tu découvres les indices en même temps que Callie, et même
si c’est elle qui enquête sur cette situation troublante entre
Tilda et Félix, tu assimiles ces preuves et tu entres toi aussi dans
l’enquête. Tu deviens méfiant, paranoïaque, et pas seulement sur
Félix !
Jane
Robins prend le temps de développer la psychologie de ses
personnages lentement. Aucun n’est vraiment sympathique. Même
Callie a des comportements étranges qui peuvent influer sur tes
ressentiments à son égard. Des questions tu vas t’en poser de
plus en plus. Est-ce que Félix est vraiment dangereux ou est-ce
Callie qui est folle ? Et ces Belle et Scarlett ? L’auteure
prend beaucoup de temps pour travailler ses protagonistes. Tous
ensemble ils sont sombres. Tous ont un côté déviant ou étrange.
Grâce à ce procédé qui va jouer avec tes propres peurs, tu lis de
plus en plus vite ; plus tu lis plus l’ambiance devient glauque.
Tu sais que quelque chose de grave va arriver, mais à qui ?
Comment ? Quand ?
Tous
les personnages du livre sont intéressants, excentriques et
savamment dessinés. Ils forment un ensemble hétéroclite, mais qui
marche parfaitement.
Jane
Robins t’entraîne dans les méandres du thriller psychologique. Le
sentiment de malaise grandissant se transforme en une paranoïa
totale. A partir de 160 pages, tu en viens à te demander si tu peux
faire confiance à qui que ce soit dans ce roman.
Tu
vas établir des suppositions, tu seras peut-être comme moi sur la
bonne piste, mais cela n’enlèvera rien à ton plaisir de lecture.
Tu vas vouloir arriver à la fin et connaître le dénouement. Jane
Robins va te donner peu d’indices. Il n’y a pas énormément
d’action. C’est même décrit tout en lenteur, avec une
atmosphère de doute, des moments lugubres, et surtout, une
psychologie fine et ciselée des personnages (surtout de Callie et
Tilda) qui remplit parfaitement son rôle pour te rendre accro à ta
lecture.
Tu
ne vas pas lire un roman sur les relations amoureuses toxiques. Les
illusions est vraiment une étude sur les relations entre sœurs
jumelles. Quelle est la personnalité dominante, pourquoi ? Comment
se sent la seconde dans ce duo qui a toujours fasciné et continue à
fasciner ? Callie et Tilda ont vraiment une relation étrange entre
elles. Lorsque des personnages du livre décèdent, ton envie de
comprendre va monter d’un cran. J’ai mis mes suppositions en
doute. J’ai soupçonné d’autres personnages. Vient alors cette
fin, impossible à deviner, en tout cas pas dans son entièreté.
J’ai eu un soupçon, c’est vrai, mais je me suis quand même fait
duper. Un final choquant, plausible et écrit de manière
intelligente.
En bref :
Si
tu aimes les jeux d’esprit sinueux avec des personnages étranges
et sombres, je pense que tu aimeras lire Les illusions. C’est
une
étude psychologique sur les relations toxiques qui ne sont pas
toujours celles que l’on
pense
comprendre de
prime abord.
C’est finement travaillé et intelligemment amené. Tu vas plonger
dans la paranoïa de Callie et même si aucun des personnages ne va
te paraître sympathique, l’ambiance à la Hitchcock va
rendre ce roman encore plus délectable.
Ce
n’est pas le meilleur que j’ai pu lire, mais un bon roman
psychologique qui va faire travailler tes méninges et te faire
remettre en doute tout ce que tu penses.
Jane
Robins a débuté sa carrière comme journaliste dans les années
1980, travaillant pour des médias reconnus tels que The
Economist, The
Independentet
la BBC.
Habituée à couvrir l’actualité étrangère et politique (en Inde
et en Asie du Sud-Est), elle devient, à son retour en Grande
Bretagne, animatrice radio puis, à partir de 2006, écrivaine. Elle
commence par publier des essais historiques avant de se lancer dans
le thriller. Jane Robins a récemment été distinguée comme Membre
de la Royal Literary Fund.
LES ILLUSIONS - Jane ROBINS
SONATINE - 04/10/2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire