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mardi 13 mars 2018

JUSTE APRÈS LA VAGUE - Sandrine COLLETTE


Sandrine Collette a cette capacité de sublimer la nature, de l’utiliser comme un personnage à part entière, de la présenter dans ce qu’elle a de plus beau, mais aussi de plus terrifiant. Avec un peu de recul, je m’aperçois que ses romans les plus aboutis, les mieux réussis, sont ceux où la nature à elle seule occupe une place considérable et constitue déjà une source d’effroi, que ce soient les vents glacés de la steppe de Patagonie (Il reste la poussière), la forêt noire et dense (Des nœuds d’acier), la montagne aride et glacée (Six fourmis blanches), ou encore dans son dernier roman (Juste après la vague), cette mer qui peut-être d’huile ou déchaînée, où l’homme souffre sous un soleil de plomb ou face à la violence des éléments.

L’effondrement d’un volcan dans l’océan déclenche un tsunami époustouflant. Une vague immense recouvre tout. Une famille se retrouve isolée sur sa colline devenue petite île. Ils s’organisent, attendent la décrue. Mais voilà, l’eau continue de monter. Il faut partir. Sur la barque que le père a réparée, il n’y a pas de place pour tous, les neuf enfants et les deux parents. Alors il faut choisir. C’est dur, mais ils reviendront les chercher ensuite. Si bien qu’un matin trois enfants se réveillent seuls, abandonnés. Ils vont devoir se débrouiller en attendant le retour des parents, ils ont promis. Mais le temps passe et l’eau monte encore. Pour le reste de la famille, entassés sur une barque, commence un long et périlleux voyage vers les hautes terres épargnées par la mer.



Juste après la vague est un roman dont la catastrophe sonne comme une menace proche et qui met en scène, sans pathos, l’horreur des choix imposés par des situations extrêmes pour la survie, l’abandon mais aussi la force de la fraternité et de l’amour familial. 


Le suspense y est prenant. On est tendu, crispé, même en apnée devant les difficultés que rencontrent cette famille, comme on le serait devant un film catastrophe. Sandrine Collette sait jouer avec nos peurs reptiliennes, celles qui ne peuvent surgir que face à des événements trop gros pour être analysés par notre propre cerveau. Et quand la nature se calme, qu’une décision difficile doit être prise pour sauver la peau d’une majorité, qu’il est temps de faire un choix impossible, on se retrouve alors avec un coeur brisé, en empathie totale avec les personnages.
Pourtant, c’est bien d’amour dont nous parle Sandrine Collette, l’amour des parents pour leurs enfants, celui des enfants pour leurs parents. C’est un livre sur le choix, un choix qui te pousse sur un chemin que tu ne voulais pas emprunter, un livre sur le sacrifice, tellement inhumain qu’il ne faut surtout pas regarder en arrière, un livre sur la survie, une survie quasi impossible mais imposée car on n’est pas maître de son destin.

L’auteur n’épargne ni ses personnages, ni ses lecteurs. Sueurs froides assurées. 




JUSTE APRÈS LA VAGUE  -  Sandrine COLLETTE
Editions DENOEL  -  18/01/2018  -  Collection SUEURS FROIDES

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