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dimanche 5 mai 2019

LES PASSEURS DE LIVRES DE DARAYA - Delphine MINOUI


Présentation de l’éditeur :

De 2012 à 2016, la banlieue rebelle de Daraya a subi un siège implacable imposé par Damas. Quatre années de descente aux enfers, rythmées par les bombardements au baril d'explosifs, les attaques au gaz chimique, la soumission par la faim. Face à la violence du régime de Bachar al-Assad, une quarantaine de jeunes révolutionnaires syriens a fait le pari insolite d'exhumer des milliers d'ouvrages ensevelis sous les ruines pour les rassembler dans une bibliothèque clandestine, calfeutrée dans un sous-sol de la ville.

Leur résistance par les livres est une allégorie : celle du refus absolu de toute forme de domination politique ou religieuse. Elle incarne cette troisième voix, entre Damas et Daech, née des manifestations pacifiques du début du soulèvement anti-Assad de 2011, que la guerre menace aujourd'hui d'étouffer. Ce récit, fruit d'une correspondance menée par Skype entre une journaliste française et ces activistes insoumis, est un hymne à la liberté individuelle, à la tolérance et au pouvoir de la littérature.


Qu'en penser ?


Tout part d’une photo sur laquelle Delphine Minoui tombe alors qu’elle visite la page Facebook de « Humans of Syria ». Des jeunes, devant une bibliothèque, plongés dans des livres, éclairés par une lumière artificielle. La légende est claire et pourtant impensable : cette bibliothèque est située à Daraya, une ville assiégée de la banlieue de Damas. Impossible pour quiconque d’y rentrer ou d’en sortir. Les quelques 12 000 survivants qui y sont encore vivent sous les bombes, et pourtant, incroyable mais vrai, une bibliothèque s’y trouve.

En secret, ces jeunes rebelles vont fouiller les décombres pour sauver des milliers d’ouvrages. Chacun d’entre eux est une faille dans le conflit qui fait rage, un accès au savoir. Leur projet est fou : ouvrir une bibliothèque publique à Daraya. On peut penser qu’il est dérisoire de vouloir cacher des livres et les mettre en sécurité alors que la mort est partout et que survivre relève déjà de l’exploit. Et pourtant, ces livres sont un symbole de liberté, de connaissance, et bien plus encore … Ils permettent de continuer à se battre, pour que le patrimoine syrien subsiste, pour que chacun puisse apprendre le monde qui l’entoure, s’élever loin de cette barbarie.

Comment réussir à imaginer ce qu’est la guerre quand on ne la vit pas ? C’est l’injustice terrible de ce monde. Grâce aux réseaux sociaux, Delphine Minoui a réussi à pénétrer les murs fermés de Daraya, à échanger avec certains de ses habitants. Grâce à tout cela, elle a pu nous transmettre leur quotidien, leurs combats, leurs rêves et les réalités de la guerre qu’ils vivent à chaque seconde. Je lis très rarement des documentaires, mais celui-ci m’a bouleversé. On sait tous que la culture, la littérature, le savoir sont précieux, et pourtant, quelle plus belle preuve de son caractère indispensable à la survie humaine et à notre propre humanité que de lire cette extraordinaire histoire ?

Ces jeunes ont une telle envie de vivre, de combattre l’obscurantisme et la guerre qu’on leur impose, que leur rage de survivre dépasse les frontières. Delphine Minoui nous permet d’être au plus près de ces populations privées de tout et surtout de liberté. Ils survivent sans eau, sans nourriture, avec les bombes qui leur tombent sur la tête chaque jour, chaque minute. Des centaines d’enfants sont nés sous ces décombres, dans un état de malnutrition extrême, sans jamais voir la lumière de jour. Ce récit est tout simplement terrifiant, et pourtant indispensable.


L’auteure :
Delphine Minoui est grande reporter au Figaro, spécialiste du Moyen-Orient. Prix Albert Londres 2006 pour ses reportages en Iran et en Irak, elle sillonne le monde arabo-musulman depuis 20 ans. Après Téhéran, Beyrouth et Le Caire, elle vit aujourd'hui à Istanbul, où elle continue à suivre de près l'actualité syrienne. Elle est également l'auteur des Pintades à Téhéran (Jacob-Duvernet), de Moi, Nojoud, dix ans, divorcée (Michel Lafon), de Tripoliwood (Grasset) et de Je vous écris de Téhéran (Seuil).



 LES PASSEURS DE LIVRES DE DARAYA  -  Delphine MINOUI

SEUIL  -  19/09/2017
Format Poche  :  POINTS  -  04/10/2018



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