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samedi 29 décembre 2018

LE JOURNAL DE MA DISPARITION - Camilla GREBE


Mon avis :

Après l'excellent moment de lecture avec Un cri sous la glace que vous pouvez désormais retrouver en format poche, je me suis lancé dans ce nouvel opus dans lequel j'ai retrouvé avec plaisir Hanne.

L'enquête ici va se dérouler différemment puisque Hanne va être retrouvée totalement désorientée dans une forêt, alors que Peter reste introuvable.

La question qui va se poser va être celle de savoir ce qu'il s'est passé dans cette forêt, où est passé Peter et c'est notamment grâce au journal d'Hanne, récupéré par un adolescent, que l'on va petit à petit découvrir ce qui se déroule à Ormberg, une petite ville suédoise qui est un personnage à elle seule.

Il va y avoir de nouveaux policiers et notamment Malin qui fera équipe avec Hanne pour tenter de retrouver Peter et savoir ce qui se passe dans cette bourgade et démêler les secrets qui lient les habitants.

Autant vous dire que j'ai passé un super moment de lecture avec ce suspense qui m’a maintenu en haleine
tout au long du livre. Non seulement on suit avec intérêt l’évolution de l’enquête, mais on se focalise aussi sur Peter dont on a perdu la trace. On veut savoir coûte que coûte où il est et ce qu'il est advenu de lui. On craint le pire mais on n'ose pas non plus l'envisager. On garde espoir et l'auteure fait tout pour entretenir le suspense jusqu'aux dernières lignes.

Le journal que l'on va lire à travers les yeux de Jake est aussi très prenant et stressant. On se pose pas mal de questions sur cet adolescent qui a des penchants un peu particuliers mais auquel on s'attache très rapidement.

On continue à voir évoluer la maladie de Hanne et là encore cela nous fait nous poser beaucoup d'interrogations. Les pertes de mémoire d'Hanne sont de plus en plus importantes et s'attache à cela une certaine agressivité... Alors... on cogite... tout le temps...

Même si j'ai trouvé que le rythme était plus lent que dans son précédent roman, cela ne m'a pas du tout dérangé.

On entre dans une ville dans laquelle tout le monde se connaît depuis des générations et voir que finalement tout le monde s'épie fait froid dans le dos.

Le journal de ma disparition m'a beaucoup plu mais de façon très différente d'avec Un cri sous la glace. Là où l'action était vraiment prépondérante dans le premier, le second sera surtout basé sur la pression psychologique des personnages face à ce qu'ils découvrent sur eux-mêmes et leur entourage.

Camilla Grebe a certes mené une intrigue bien ficelée avec une écriture toujours aussi addictive, cette fois-ci elle nous accroche avec un rythme plus lent mais ô combien passionnant.

En bref, si vous avez aimé 
Un cri sous la glace, vous n'aurez aucun mal à apprécier ce nouveau roman qui diffère un peu mais qui est tout aussi prenant. Quant à ceux qui ne connaissent pas encore cette auteure suédoise, je ne peux que vous la conseiller. Je suis plutôt difficile avec les auteurs des pays nordiques mais avec Camilla Grebe, j'ai accroché tout de suite et j'en suis ravi.




Camilla Grebe est déjà célèbre en Suède pour sa série de polars écrite avec sa soeur. Un cri sous la glace, son premier livre en solo, paru en 2017 aux éditions Calmann-Lévy, a connu un très beau succès dès sa sortie tout en devenant un phénomène mondial.


LE JOURNAL DE MA DISPARITION  -  Camilla GREBE

CALMANN-LEVY  -  Mars 2018

lundi 17 décembre 2018

LES ILLUSIONS - Jane ROBINS


Quatrième de couverture :

Jusqu'où peut-on s'immiscer dans la vie de ses proches ?
Callie a toujours vécu dans l'ombre de sa sœur, Tilda, à qui tout réussit. Celle-ci est actrice et forme un couple heureux avec Felix, un riche banquier, alors que Callie vit seule et végète dans la librairie où elle travaille. Si elle admire toujours autant sa sœur, elle ne peut néanmoins s'empêcher de penser que quelque chose se cache sous ce vernis de perfection. Tilda ne serait-elle pas sous l'emprise de Felix, dont les comportements obsessionnels sont de plus en plus inquiétants ? Ou bien Callie se fait-elle des illusions ? N'est-ce pas plutôt elle qui a un problème avec la réussite de Tilda ? Lorsque Felix décède d'une crise cardiaque, les relations entre les deux sœurs prennent un tour complètement inattendu.

La jalousie, la culpabilité, le remords... dans ce roman au suspense hitchcockien, Jane Robins joue sur tous les registres des liens familiaux. D'une étonnante acuité psychologique, elle dessine des personnages à l'humanité poignante, jusque dans leurs familles et leurs excès, pris dans une intrigue où il est impossible jusqu'à la fin de démêler le vrai du faux.


Mon avis :

Tilda et Callie sont sœurs jumelles. Callie a ce besoin viscéral de toujours veiller sur sa sœur. Lors d’une soirée cinéma avec « l’inconnu du Nord-Express » de Hitchcock, Tilda présente Félix à sa sœur. Si au départ Callie est contente pour sa sœur, elle commence à douter au vu du comportement de Tilda au fil des semaines. Quand elle aperçoit des bleus sur les bras de Tilda, Callie devient plus que jamais déterminée à protéger sa sœur et commence à effectuer des recherches internet sur les histoires d’amour passionnelles. Sur internet, elle tombe sur un site Tyrandomestique.com, sur lequel elle trouve la description même de Felix. Callie est désormais certaine que Tilda est en danger. Elle ne la voit presque plus, Tilda ne répond plus à ses messages, on dirait même qu’elle n’accepte plus aucun script alors que sa carrière d’actrice avait bien commencé. 

Je ne vais pas en dire plus. Tout le livre va se consacrer à cette « enquête » que mène Callie, personnage principal du roman et narratrice, sur sa sœur Tilda et Félix. 
Imagine un peu que tu as un membre de ta famille qui t’inquiète. Tu tombes comme Callie sur un site internet qui te décrit ce que tu crains le plus. Tu t’attardes sur le site en question, tu fais connaissance avec d’autres utilisateurs avec qui tu te lies d’amitié et qui t’aide à surmonter tes craintes. Comme tu es assez influençable, crédule et pessimiste, ce que tu lis ou ce que l’on te raconte te persuade que c’est la seule possibilité, la seule chose à faire pour sauver cette personne.
Tu as là Callie et ce qu’elle ressent, ce qu’elle vit depuis sa rencontre avec Félix dont elle se méfie vraiment beaucoup. 
Callie est une jeune femme à la Bridget Jones. Libraire, célibataire, avec un peu d’embonpoint. Elle préfère être seule, a tendance à s’effacer pour laisser place aux autres. Autour d’elle ne gravitent que sa sœur Tilda, sa mère et sa patronne Daphné.
Tilda est tout l’opposé de sa sœur : exubérante, aimant être le centre de l’attention. Déjà enfant, c’était la dominante des deux. Callie n’est pas jalouse de sa sœur au contraire elle l’admire, la trouve tellement belle et parfaite. Elle a toujours gravité autour. Un papillon attiré par la lumière et qui ne peut s’empêcher de s’en approcher quitte à se brûler les ailes.
Jane Robins écrit son livre en entier à partir du point de vue de Callie dans un récit à la première personne.  C’est un style d’écriture que j’aime beaucoup, car tu t’identifies plus facilement au personnage.  Le style propulse naturellement l’histoire d’une manière rapide et pleine de suspense.
Les pages défilent à toute allure. C’est un roman qui se lit très vite. Tu découvres les indices en même temps que Callie, et même si c’est elle qui enquête sur cette situation troublante entre Tilda et Félix, tu assimiles ces preuves et tu entres toi aussi dans l’enquête. Tu deviens méfiant, paranoïaque, et pas seulement sur Félix !
Jane Robins prend le temps de développer la psychologie de ses personnages lentement.  Aucun n’est vraiment sympathique. Même Callie a des comportements étranges qui peuvent influer sur tes ressentiments à son égard. Des questions tu vas t’en poser de plus en plus. Est-ce que Félix est vraiment dangereux ou est-ce Callie qui est folle ? Et ces Belle et Scarlett ? L’auteure prend beaucoup de temps pour travailler ses protagonistes. Tous ensemble ils sont sombres. Tous ont un côté déviant ou étrange. Grâce à ce procédé qui va jouer avec tes propres peurs, tu lis de plus en plus vite ; plus tu lis plus l’ambiance devient glauque. Tu sais que quelque chose de grave va arriver, mais à qui ? Comment ? Quand ? 
Tous les personnages du livre sont intéressants, excentriques et savamment dessinés. Ils forment un ensemble hétéroclite, mais qui marche parfaitement. 
Jane Robins t’entraîne dans les méandres du thriller psychologique. Le sentiment de malaise grandissant se transforme en une paranoïa totale. A partir de 160 pages, tu en viens à te demander si tu peux faire confiance à qui que ce soit dans ce roman. 
Tu vas établir des suppositions, tu seras peut-être comme moi sur la bonne piste, mais cela n’enlèvera rien à ton plaisir de lecture. Tu vas vouloir arriver à la fin et connaître le dénouement. Jane Robins va te donner peu d’indices. Il n’y a pas énormément d’action. C’est même décrit tout en lenteur, avec une atmosphère de doute, des moments lugubres, et surtout, une psychologie fine et ciselée des personnages (surtout de Callie et Tilda) qui remplit parfaitement son rôle pour te rendre accro à ta lecture.
Tu ne vas pas lire un roman sur les relations amoureuses toxiques. Les illusions est vraiment une étude sur les relations entre sœurs jumelles. Quelle est la personnalité dominante, pourquoi ? Comment se sent la seconde dans ce duo qui a toujours fasciné et continue à fasciner ? Callie et Tilda ont vraiment une relation étrange entre elles. Lorsque des personnages du livre décèdent, ton envie de comprendre va monter d’un cran. J’ai mis mes suppositions en doute. J’ai soupçonné d’autres personnages. Vient alors cette fin, impossible à deviner, en tout cas pas dans son entièreté. J’ai eu un soupçon, c’est vrai, mais je me suis quand même fait duper. Un final choquant, plausible et écrit de manière intelligente.

En bref :


Si tu aimes les jeux d’esprit sinueux avec des personnages étranges et sombres, je pense que tu aimeras lire Les illusions.  C’est une étude psychologique sur les relations toxiques qui ne sont pas toujours celles que l’on pense comprendre de prime abord. C’est finement travaillé et intelligemment amené. Tu vas plonger dans la paranoïa de Callie et même si aucun des personnages ne va te paraître sympathique, l’ambiance à la Hitchcock va rendre ce roman encore plus délectable.
Ce n’est pas le meilleur que j’ai pu lire, mais un bon roman psychologique qui va faire travailler tes méninges et te faire remettre en doute tout ce que tu penses. 

Jane Robins a débuté sa carrière comme journaliste dans les années 1980, travaillant pour des médias reconnus tels que The EconomistThe Independentet la BBC. Habituée à couvrir l’actualité étrangère et politique (en Inde et en Asie du Sud-Est), elle devient, à son retour en Grande Bretagne, animatrice radio puis, à partir de 2006, écrivaine. Elle commence par publier des essais historiques avant de se lancer dans le thriller. Jane Robins a récemment été distinguée comme Membre de la Royal Literary Fund.
LES ILLUSIONS  -  Jane ROBINS
SONATINE  -  04/10/2018

dimanche 25 novembre 2018

UNE PRÉSENCE DANS LA NUIT - Emily Elgar


Quatrième de couverture :

Vie parfaite ou parfait mensonge ? Nouvelle venue sur la scène du suspense psychologique à l'anglaise, Emily Elgar livre un roman compulsif et émouvant, à recommander à tous les fans de Clare Mackintosh et de Fiona Barton.
Infirmière en soins intensifs, Alice Taylor le sait : séparer travail et sentiments est primordial dans son métier. Mais l'arrivée d'une nouvelle patiente fait bientôt chavirer cette ligne de conduite...
Fauchée par un automobiliste anonyme, Cassie Jensen est plongée dans un coma dont personne ne sait si elle sortira un jour. Mais alors que la famille de la jeune femme se précipite à son chevet, Alice s'interroge : pourquoi nul ne semble dévasté de chagrin ? Ignorent-ils tous la grossesse de Cassie ? Se pourrait-il qu'elle ait caché d'autres secrets à ses proches ?
De son lit, face à celui de Cassie, Frank aussi observe. Il sait que Cassie est en danger ; il connaît même l'identité du chauffard et son mobile. Pourtant, Frank ne peut rien révéler. Atteint du syndrome d'enfermement, cet homme est prisonnier de son propre corps, et seules ses paupières peuvent bouger... Mais parviendra-t-il à se faire comprendre d'Alice, avant qu'il ne soit trop tard ?



Mon avis :

Une présence dans la nuit est un thriller psychologique captivant et addictif. L’auteure met en scène trois protagonistes – une victime, un témoin, et une enquêtrice – que l’on suit en alternance au fil des chapitres.

La victime, c’est Cassie Jensen, une jeune femme enceinte, plongée dans le coma après avoir été renversée par un automobiliste. Son pronostic vital reste incertain, mais l’équipe médicale met tout en œuvre pour la maintenir en vie et faire en sorte que la grossesse arrive à terme. Cassie nous parle de son passé, de ses rapports avec sa famille et ses proches, et des événements qu’elle a vécu jusqu’à l’accident et sa perte de connaissance.

Frank aussi est hospitalisé dans la même unité de soins intensifs que Cassie. Victime d’un accident vasculaire cérébral, il est atteint du syndrome d’enfermement. Il est parfaitement conscient mais complètement paralysé. Il entend tout, et notamment certaines paroles indiscrètes prononcées au chevet de Cassie. Témoin auditif bien malgré lui de certaines révélations, comment les exprimer quand on ne peut que cligner les paupières ?

Alice Taylor est l’infirmière en chef du service de soins intensifs. Elle exerce son métier avec beaucoup de méticulosité et prend à coeur le bien-être de ses patients.
Plus souvent à leur chevet que les médecins, elle est persuadée qu’il est possible de communiquer avec Frank, et ressent un lien émotionnel avec Cassie au point de s’en inquiéter, jusqu’à l’obsession, et tenter d’élucider les circonstances de son accident.

Emily Elgar parle peu de l’enquête policière. Elle tresse et imbrique intelligemment les trois volets de cette histoire, souvent de manière émouvante, et suffisamment pour entretenir le suspense. Des événements inattendus et retournements de situations sont également présents pour dérouter le lecteur et le tenir en haleine jusqu’au bout.

Personnellement, j’ai trouvé le personnage de Frank particulièrement attachant dans son syndrome d’enfermement. L’empathie à son égard est omniprésente aussi bien quand il fait le bilan de sa vie et des erreurs qu’il a commises, que quand il s’acharne à améliorer son état. On voudrait le féliciter du moindre progrès obtenu et l’encourager à poursuivre ses efforts.

En fait, chacun des trois protagonistes principaux vit un drame. Le récit est aussi bien un drame qu’un thriller psychologique. Et c’est la combinaison des deux qui le rend passionnant et convaincant.




Diplômée en anthropologie sociale à l’université d’Édimbourg, Emily Elgar, trente-six ans, a un parcours varié : rédactrice de guides de voyage, conseillère pour les travailleuses du sexe à Londres, organisatrice de manifestations en faveur du développement durable... Une présence dans la nuit est son premier roman, très remarqué en Angleterre.



UNE PRÉSENCE DANS LA NUIT  -  Emily Elgar

BELFOND  -  Collection LE CERCLE  -  Novembre 2018

mardi 20 novembre 2018

RITUELS - Ellison COOPER


Quatrième de couverture :

Spécialiste des neurosciences, Sayer Atair travaille pour le FBI. Elle mène des études sur les tueurs en série, afin de déceler d’éventuelles prédispositions biologiques à la violence. Déroutée par une scène de crime très particulière, sa hiérarchie fait appel à elle. On vient de retrouver dans une maison abandonnée de Washington le corps d’une jeune fille enfermée dans une cage. Si l’autopsie ne discerne aucun signe de sévices sexuels, la victime a subi de nombreuses injections d’une drogue hallucinogène très particulière, utilisée lors des cérémonies rituelles par les chamans d’Amazonie. On a également retrouvé sur les lieux la photo d’une autre jeune fille, enfermée ailleurs dans les mêmes conditions, ainsi qu’un film où figurent d’étranges symboles mayas. Bientôt, c’est entre les catacombes et les sous-sols de la ville que l’enquête va se concentrer, sur la piste d’un tueur aussi étrange qu’insaisissable.

Mon avis :

Rituels est le premier roman d’Ellison Cooper, avec lequel elle entame une série dont le personnage principal est Sayer Altair, spécialiste en neurosciences, que l’on va donc découvrir au fil des pages. C’est un personnage aux multiples facettes qui arrive à séparer le travail de ses émotions, malgré la tournure que prend l’enquête, les jeunes filles séquestrées, et la charge émotionnelle que cela implique.

L’histoire est bien menée, la plume est dynamique. L’enquête puise sa force dans les recoins les plus sombres de l’âme humaine. L’auteure a su créer des personnages attachants auxquels nous pouvons presque nous identifier, des personnages humains, avec une histoire, une vie pour chacun. Leurs douleurs, leurs paradoxes sont si bien contés que j’ai eu l’impression d’être membre à part entière de l’équipe d’enquêteurs. C’est comme ça qu’on reconnaît un bon roman non ? A sa capacité à nous entraîner dans l’histoire…

La fin bien sûr est surprenante, moi qui pensais avoir trouvé le coupable, je suis finalement tombé des nues aux dernières pages. On a l’habitude des tueurs en série aux airs démoniaques ce qui les rend peut-être plus facile à repérer. Mais parfois, celui que l’on cherche porte les habits de l’ange. Je vous défie de comprendre les rouages du cerveau du criminel avant la toute fin du livre !




Spécialiste d’archéologie, de religions et de neurosciences, Ellison Cooper est titulaire d’un doctorat en anthropologie à l’Université de Californie à Los Angeles. Diplômée à la Georgetown Law School, elle a travaillé comme enquêtrice pour les affaires criminelles à Washington. Auteur des nouvelles, « Rituels » est son premier roman. Ellison Cooper vit dans la région de la baie de San Francisco avec son mari et son fils.


RITUELS  -  Ellison COOPER

CHERCHE MIDI  -  Octobre 2018

vendredi 16 novembre 2018

LE RÊVE DES OMBRES - François AVISSE


Quatrième de couverture :

1349. La peste noire fait des ravages en Europe. Six parchemins sont transcrits dans l’urgence sur la demande d’un médecin français. Ils devront être dispersés aux confins des terres parfois inconnues afin d’éviter l’extinction de l’humanité.

De nos jours. Damaris, jeune Kényane, se trouve mystérieusement attirée vers les ruines de l’antique cité de Gedi. Là, elle rencontrera ce que la Terre a engendré de plus sombre... 
Dans les grottes de Leang Leang en Indonésie, Lachlan recherche la toute première peinture rupestre. Ce qu’il découvrira ira bien au-delà de ses espérances et de ses pires cauchemars…
Zakaria, 12 ans, est injustement condamné à être enfermé dans une prison turque. Subissant d’atroces sévices, il trouvera un étrange allié dissimulé dans les sous-sols des cachots…

Tous vont inexorablement interférer avec Clara Villiers. La jeune médecin légiste au destin tourmenté va poursuivre d’une terrible manière sa descente aux enfers…



Mon avis :

Après avoir apprécié l’univers de François Avisse, avec L’Arracheur d’Ombres, premier tome du cycle des ombres, je me replonge avec plaisir dans son second roman, Le Rêve des Ombres, suite du premier et par la même occasion second tome du cycle.

J’avais bien aimé le côté thriller du premier livre, dans lequel on faisait la connaissance de Clara Villiers, jeune américaine et meilleur légiste de la CIA. Un thriller mélangé à un soupçon d’aventure et une pointe d’Histoire pour rendre le tout plus savoureux. Mon principal regret : la faiblesse du développement psychologique des principaux protagonistes, rendant ceux-ci moins attachants.

Le Rêve des Ombres poursuit donc l’aventure de ces créatures, sans forme définie, ténébreuses et visqueuses telles des flaques de goudron ayant brusquement pris vie. Un être originel, créature mère, sort d’une longue léthargie et rameute ses troupes pour nourrir de noirs desseins.

François Avisse abandonne cette fois totalement l’aspect thriller et oriente l’histoire vers une pure fiction surnaturelle, avec une touche d’Histoire et un final digne d’Indiana Jones.
Je ne suis plus vraiment fan de ce type de récit, aussi ai-je manqué d’enthousiasme pour le terminer, dès lors décidé à faire l’impasse sur le prochain tome de la série.
Ma principale remarque est à nouveau liée à l’élaboration des personnages. Je n’en sais pas beaucoup plus sur Clara Villiers et encore moins sur les deux autres personnages du livre, Alexandre dont la jeune épouse est habitée par une créature et Winston, journaliste en quête d’un reportage à sensations. Il en résulte un manque total d’empathie à leur égard.

Heureusement que l’auteur peut compter sur un lectorat qui apprécie ce genre de lecture. Il est vrai qu’on y trouve de l’aventure, de l’action, une atmosphère oppressante, un rythme soutenu qui s’accélère encore plus à la fin par des chapitres très courts.

Il est à noter cette pointe d’humour de l’auteur à propos de François Savoise, "archéologue français...qui a écrit des trucs un peu trop techniques", aussi éditeur de ce livre, et anagramme du patronyme de l’auteur lui-même.

Bonne continuation, François Avisse !



François Avisse est scénariste. Après avoir enseigné l’informatique à Shangaï puis dans des maisons d’arrêt à Rouen, il anime aujourd’hui des ateliers d’audio-visuel.


LE RÊVE DES OMBRES  -  François AVISSE

SAVOISE Editions  -  Octobre 2018

lundi 12 novembre 2018

OMBILICAL - Alexandra DESNIER


Quatrième de couverture :

Encore ce flot écarlate qui venait la sortir de son sommeil. Tamara avait le sentiment que ses cauchemars sanglants étaient le reflet de l’amnésie survenue l’année de ses seize ans. Elle redoutait de pousser les portes de son inconscient, il lui était plus simple de se réfugier dans celui des tueurs qu’elle profilait. Elle parvenait viscéralement à se fondre en eux, à comprendre et interpréter leur mécanisme de pensée intrinsèque. Elle n’avait pas envisagé qu’une simple enquête puisse ouvrir les tréfonds de son âme, lui révélant l’inimaginable. En pistant ce tueur, c’est sa propre quête qu’elle allait poursuivre…nul n’en ressortira indemne…

Mon avis :

Des corps de femmes sont retrouvés sans vie. La mise en scène est répétitive. Chaque victime tient dans ses mains une boîte à musique rouge contenant son propre coeur.
A chaque fois, le même modus operandi : le tueur curarise sa victime avec la dose suffisante pour la paralyser tout en la maintenant consciente afin qu’elle puisse assister à sa propre mort.
Pourquoi une telle haine, un tel besoin de vengeance incommensurable pour choisir d’ôter la vie d’une façon aussi perverse ?

Tamara, criminologue reconnue, va user de son intuition et de son empathie pour profiler et appréhender le tueur. Qui mieux qu’elle est à même de percevoir les différentes failles humaines, elle qui a vécu une enfance difficile, marquée par le suicide de son père, la domination d’une mère castratrice, et une amnésie s’étalant sur quasiment une année entière.
L’enquête de Tamara va aussi lui permettre de replonger dans son passé. Son cerveau l’avait protégée en créant une amnésie lacunaire. Il est temps de faire toute la lumière sur cette période occultée.

Alexandra Desnier nous tient parfaitement en haleine en exploitant deux suspenses, nous intéressant tantôt à l’enquête et à la poursuite du tueur en série, tantôt à la découverte du passé de Tamara. Les deux histoires vont petit à petit s’imbriquer pour n’en faire qu’une, au suspense insoutenable et aux nombreux rebondissements.
C’est aussi l’occasion de nous faire réfléchir sur les conséquences d’un abandon maternel et d’une enfance maltraitée sur le développement psychologique et le comportement d’un individu.

L’aspect psychologique des principaux protagonistes est intéressant. Dommage que le roman soit aussi court (120 pages en version numérique) car quand on plonge aussi facilement dans l’histoire, on aimerait y rester un peu plus longtemps.

Un thriller glaçant, court mais rondement mené par une plume vive et équilibrée.



Alexandra Desnier a depuis bien longtemps exploré le côté cathartique de l’écriture. C’est une passion qui l’anime et l’accompagne depuis toujours, comme une présence subtile qui vous libère. 
Son attrait pour la psychologie et les méandres de l’inconscient confère à ses écrits leur singularité, une écriture sombre au service de personnages torturés.
(Source : Amazon.fr)


OMBILICAL  -  Alexandra DESNIER

EIVLYS Editions  -  Septembre 2017

dimanche 11 novembre 2018

L'ARRACHEUR D'OMBRES - François AVISSE


Quatrième de couverture :

Décembre 1564. Ivan le Terrible, tsar de toutes les Russies, quitte brusquement Moscou. Trois jours plus tard, il revient, métamorphosé en tortionnaire monstrueux. Seuls les cris, les larmes et la vue du sang semblent pouvoir satisfaire sa soif d’abomination. Londres, de nos jours. Clara Villiers est la plus brillante médecin légiste de sa génération. Ce n'est donc pas un hasard si Interpol fait appel à elle pour participer à la traque du « Méticuleux », un monstrueux tueur en série. Le seul objectif du meurtrier semble être de faire souffrir ses victimes le plus longtemps possible. L’enquête entraîne la jeune scientifique aux confins des terres russes, dans le lieu même où, près de 450 ans plus tôt, sévissait Ivan le Terrible. C'est là que Clara va devoir affronter l'origine de toutes les peurs...

Mon avis :

L’arracheur d’ombres, premier roman de François Avisse, est une fiction que l’on peut classer à la fois dans les catégories thriller, fantastique et historique.
Bien que ce ne soit pas mon style de lecture habituel, je dois bien reconnaître que je suis rentré facilement dans une histoire qu’il m’a été ensuite impossible de lâcher. J’avais l’impression de me replonger dans les aventures de Aloysius Pendergast, personnage principal des romans de Douglas Preston et Lincoln Child, par ce mélange de suspense et de surnaturel, dont j’ai lu quelques aventures par le passé.

François Avisse applique les clichés du genre pour maintenir le lecteur en immersion : un rythme intense, une action omniprésente sans temps mort, et des rebondissements. Le style est agréable, le texte bien abouti, sans fautes d’orthographe ni de syntaxe pouvant être choquantes comme c’est parfois le cas chez les auteurs indépendants.

Je regrette par contre le manque de développement psychologique des personnages qui aurait pu être plus abouti, suscitant ainsi plus d’empathie et d’attachement chez le lecteur, en particulier pour le personnage principal, Clara Villiers, dont je n’ai pas l’impression de connaître grand-chose.

Mais outre cela, je ne peux que souligner le côté captivant d’une histoire qui peut impressionner par l’atrocité des crimes commis par un tueur surnommé "Le Méticuleux", un tueur qui pousse l’expertise dans l’art de la souffrance.

Bref, un thriller bien noir et angoissant !




François Avisse est scénariste. Après avoir enseigné l’informatique à Shangaï puis dans des maisons d’arrêt à Rouen, il anime aujourd’hui des ateliers d’audio-visuel. Il signe avec L’arracheur d’ombres un premier roman à l’écriture forte et au suspense implacable. Le second opus des aventures de Clara Villiers vient de sortir aux Editions Savoise.



L'ARRACHEUR D'OMBRES  -  François AVISSE

Editions TERRA NOVA  (CITY Editions)  -  Octobre 2017

dimanche 28 octobre 2018

LE MAL EN SOI - Antonio LANZETTA


Quatrième de couverture :

Automne 2016. Castellacio, petit bourg du Sud de l'Italie. Le cadavre d'une jeune fille est retrouvé pendu par les poignets avec du fil barbelé aux branches d'un saule. Sa tête décapitée gît entre les racines, ses yeux vitreux fixent Damiano Valente. Valente, c'est le Chacal, un écrivain à succès de « true crime », hanté par le passé et condamné à traîner sa jambe brisée. Depuis trente et un an, il traque sans relâche le meurtrier de Claudia, sa meilleure amie sauvagement assassinée au cours de l'été 1985. Aidé de son ami le commissaire De Vivo, il se lance sur les traces de celui que la presse a baptisé « l'homme du saule ».

Été 1985. Castellaccio, Flavio, jeune orphelin originaire de Turin, débarque chez son grand-père après la mort de sa mère. Rien n'est gagné d'avance avec cet homme bourru. En compagnie de ses nouveaux amis Stefano, Claudia, Damiano et du brave Jack, énorme chien au pelage noir, Flavio découvre l'insouciance, l'amour, la vie loin de Turin, dans la magnifique région du Cilento, à quelques coups de pédales de la mer et de la montagne. Et si le bonheur était à portée de main ? C'est oublier un peu vite que le mal n'est jamais loin...

Le Mal en soi, c'est le mal qui habite le tueur en série qui sévit à Castellaccio, mais c'est aussi celui qui torture les héros, c'est le destin qui frappe et c'est cette noirceur qui palpite en chacun de nous. Le Mal en soi, c'est aussi le mal qui imprègne le village de Castellaccio depuis trente et un ans, et peut-être depuis bien plus longtemps...

Mon avis :

Dès les premières lignes, on sait qu’on va être happés par l’histoire. L’auteur nous emmène sur un chemin sombre, brutal et relativement choquant, selon l’image qu’on réussit à se faire de la scène. D’entrée de jeu on est ainsi face à l’horreur du crime perpétré. L’histoire devient rapidement addictive car on veut savoir qui a tué cette jeune fille. Pourquoi elle ? Pourquoi là ? On veut comprendre le lien entre celle-ci et Claudia assassinée 31 ans plus tôt. La volonté de savoir nous pousse à tourner les pages et à nous laisser happer par cette sombre histoire.

Son style est direct, percutant, et fort. Les mots employés sont réfléchis et précis. Ils nous plongent dans l’horreur de la découverte et nous font vibrer d’émotions. Il sait jouer avec nos sentiments, et il va nous le prouver tout le long de son roman.

C’est fluide, et très franchement c’est hyper addictif ! L’alternance passé et présent à quasiment chaque chapitre nous permet de faire les liens entre le meurtre de Claudia en 1985 et celui de l’autre jeune fille en 2016. On s’y retrouve avec les personnages, surtout avec celui de Damiano, qu’on apprend à apprécier jeune et adulte. On sent que tout est parallèle et l’auteur nous fait monter la tension sur les deux époques. Au fur et à mesure que l’on avance vers le jour du meurtre de Claudia, on avance dans l’enquête actuelle. Le parallèle entre les deux est intense et très logique. On sent que tout est relié, et ça c’est dû au rythme imposé par les deux époques.

Une excellente lecture selon moi, où le personnage de Damiano restera marqué longtemps dans mon esprit.
Une histoire addictive et sombre qui a de quoi faire frissonner.




Écrivain, musicien, chroniqueur littéraire, né en Italie en 1981. influencé par ses lectures de Mark Twain, Joe Lansdale, Stephen King et Jo Nesbø, surnommé le "Stephen King italien", Antonio Lanzetta fait partie du renouveau qui s’amorce dans la littérature de son pays. Il alterne les points de vue et les époques avec beaucoup de rythme et un sens affûté de l’intrigue pour mieux semer le doute au cœur d’une Italie rurale, profonde, tour à tour cuite par le soleil et détrempée par la pluie – l’Italie du Sud, où il a grandi et vit aujourd'hui. 


LE MAL EN SOI  -  Antonio LANZETTA

EDITIONS BRAGELONNE  -  03/2018








LA VRAIE VIE - Adeline DIEUDONNÉ


Quatrième de couverture :

Le Démo est un lotissement comme les autres. Ou presque. Les pavillons s alignent comme  des pierres tombales. Chez eux, il y a quatre chambres. Celle du frère, la sienne, celle des parents. Et  celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. Un prédateur en puissance. La mère, est transparente,  amibe craintive, soumise à ses humeurs. 
Avec son frère, Gilles, elle tente de déjouer ce quotidien saumâtre. Ils jouent dans les carcasses des voitures de la casse en attendant la petite musique qui annoncera l arrivée du marchand de glace. Mais un jour, un violent accident vient faire bégayer le présent. Et rien ne sera plus jamais comme avant. 

Mon avis :

Parmi les romans de la rentrée littéraire 2018, il y a ce livre d’ Adeline Dieudonné dont on parle beaucoup et qui m’a vraiment enthousiasmé.
Grosso modo, cela raconte l’histoire d’une petite fille, de l’enfance à l’adolescence, dans un univers familial sombre, où le père est comme un ogre, comme dans les contes, et dont il est difficile de sortir indemne.

A dix ans, pour rendre le sourire à son jeune frère , sourire perdu lors d’une tragédie, et entendre à nouveau son rire qui lui plaît tant, cette jeune fille va imaginer et tout faire pour remonter le temps, et pouvoir ainsi intervenir sur le cours des événements.
Sauf que la vraie vie n’est pas un conte de fées, surtout quand on habite un pavillon rempli d’animaux empaillés, avec un père qui frappe sa femme et qui terrorise ses enfants.

Le récit d’Adeline Dieudonné dégage une incroyable énergie qui transforme la noirceur du propos en véritable coup de poing, et notre jeune héroïne en guerrière, une guerrière stupéfiante de candeur et d’innocence, tout en ayant une force et une volonté farouche pour finaliser ses plans.
Sous une apparence loufoque et cocasse, il est pourtant bien question ici de violence et de maltraitance.

Un livre magnifique et bouleversant qu’on est pas près d’oublier.



Adeline Dieudonné est une femme de lettres belge, née en 1982.
Sa première nouvelle, "Amarula", parue dans le recueil "Pousse-café" en 2017, remporte le Grand Prix du concours de la Fédération Wallonie-Bruxelles. 
La même année, elle écrit et interprète le seul en scène "Bonobo Moussaka". Elle a publié aux éditions Lamiroy un opuscule, "Seule dans le noir" (2017).
En 2018, elle publie un premier roman remarqué, "La vraie vie", qui remporte le Prix Première Plume 2018 et le Prix Fnac 2018.
Elle habite Bruxelles.

site officiel : http://www.adelinedieudonne.com/


LA VRAIE VIE  -  Adeline DIEUDONNÉ 

EDITIONS L'ICONOCLASTE  -  29/08/2018